Éditorial : Seattle, Wagner et moi : la naissance de La Scena Musicale

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C’était il y a vingt ans, et pourtant cela me semble s’être passé hier…ces vacances d’été à Seattle pendant lesquelles ma vie a basculé. J’avais remarqué, dans Opera News, une publicité annonçant la production, pendant l’été, du Ring de Wagner. A l’époque, comme du reste de nos jours, un tel événement demeure exceptionnel en Amérique du Nord et cette production (de 1986) revenait pour une dernière fois sur scène, après une interruption de quatre ans. La conjoncture était parfaite pour moi. Quelques années auparavant, alors que je poursuivais des études supérieures en mathématiques à l’Université du Michigan, j’avais fait la découverte de la Tétralogie au magasin local de disques d’Ann Arbor, dans la version de Wilhelm Furtwängler de 1960 à La Scala, que le propriétaire, un passionné d’opéra, nous faisait entendre, par sections, lors de séances d’écoute. J’en étais reparti à la fin avec l’ensemble de vingt 33-tours sous le bras.

Cet été-là, à Seattle, cette production du Ring, dont tout le monde parlait sur des sites de discussion sur internet, rec.music.opera, et Opera-L, la liste de courriels de l’opéra, m’a attiré comme un aimant. J’ai obtenu un billet dans la dernière rangée du dernier balcon, et, par chance, j’ai pu trouver à me loger, non loin de Seattle, chez les parents de Kathy, une collègue d’université. Le fait d’assister pendant sept soirs de suite à ces quatre opéras de Wagner totalisant 19 heures et demie de musique, ainsi qu’à des réunions et des conférences, fut un événement magique pour moi, et ma première expérience d’immersion dans un festival d’été de musique. L’acoustique de la vieille salle d’opéra de Seattle était remarquable et l’orchestre également merveilleux. Bien sûr, je n’avais pas devant moi les plus grands chanteurs au monde, mais cela alimentait les discussions animées des membres d’Opera-L, à chaque entracte, près de la colonne de l’entrée. Il y avait là une ambiance et une camaraderie qui m’ont profondément marqué. J’y ai fait la connaissance d’autres passionnés d’opéra, et parmi eux, le Canadien Joseph So de Toronto qui, depuis, est devenu un grand ami et un fidèle collaborateur des magazines La Scena Musicale et The Music Scene et le rédacteur à Toronto de La Scena Musicale.

A l’automne 1995, j’ai commencé à rédiger, pour mon usage personnel, des listes de concerts et d’opéras que j’envoyais par courriel à des amis; j’y racontais notamment mon expérience du Ring à Seattle. Cela a été directement à l’origine de la création de La Scena Musicale en septembre 1996.

Alors que nous nous apprêtons à lancer cette édition nationale et estivale (qui comprend notre 19^e guide annuel regroupant 320 festivals), je ne peux m’empêcher de repenser à ces moments uniques passés à Seattle et à la bande d’Opera-L; comment alors, avant qu’internet devienne universel, le réseau avait déjà le pouvoir de réunir les gens. Cela m’amène à vous parler de l’été 2015 qui s’annonce particulièrement excitant pour LSM. Grâce à une contribution financière du Fonds du Canada pour les périodiques, nous sommes en train de moderniser le site www.scena.org, qui a déjà gagné une récompense, en lui offrant un nouveau look, une technologie à jour, créant ainsi un nouveau réseau pour le monde de la musique et des arts. Vous pouvez nous aider en participant à la campagne de financement (qui inclut un programme de mentorat dont nous vous reparlerons) que nous lancerons dans le numéro de septembre 2015, lequel marquera le début de notre 20^e saison de publication.

Nos deux concours : votre air favori et la prochaine grande mélodie

Nous lançons notre concours de création La prochaine grande mélodie avec un sondage sur le plus grand air de tous les temps. Faites-nous savoir quel est votre air préféré en votant à l’adresse : www.nextgreatartsong.com. Attention ! Ce sondage prend fin le 31 juillet ! Pendant la saison 2015-2016, nous publierons une série d’articles sur les grands airs classiques, avec la liste des 10 plus grands airs selon vous. Puis, à l’automne 2016, à l’occasion de notre gala du 20^e anniversaire de la revue, nous vous demanderons de désigner la prochaine grande mélodie gagnante du concours de création.

Enfin, je tiens à remercier vivement Denys Arcand et les participants à l’événement-bénéfice « Denys Arcand en conversation » pendant lequel nous avons pu également apprécier le talent de la soprano Florie Valiquette. La formule questions-réponses a donné lieu à un échange original et fort intéressant, et nous espérons pouvoir dorénavant organiser un événement de ce genre au moins une fois par année.

Je vous souhaite un bel été de festivals, de musique et d’art !