Science et musique : Les mystères de l’amusie Par Charles-David Tremblay
/ 1 février 2015
English Version...
La chambre hémi-anéchoïque au BRAMS.
Le domaine de la cognition musicale est en pleine émergence, grâce notamment aux découvertes sur l’amusie congénitale. Les personnes atteintes de cette anomalie ont des difficultés de perception musicale.
Deux formes d’amusie ont été étudiées : l’incapacité de discriminer les notes à différentes hauteurs et l’incapacité de reconnaître les structures rythmiques.
« La majorité des personnes, sans formation musicale, sont en mesure de distinguer deux notes adjacentes sur un piano, mais les amusiques ne peuvent le faire », rapporte Benjamin Zendel, spécialiste en neurosciences auditives. De même, les amusiques sont incapables de synchroniser leurs mouvements avec la musique.
Au Laboratoire international de recherche sur le Cerveau, la Musique et le Son (BRAMS), plusieurs chercheurs, dont M. Zendel, œuvrent sur cette problématique ainsi que sur différents sujets de recherche en lien avec la musique. Situé à Montréal et conjointement affilié à l’Université de Montréal et à l’Université McGill, le BRAMS est un centre de recherche internationalement reconnu pour ses travaux sur la cognition musicale.
« La recherche effectuée au BRAMS est l’une des meilleures au monde et offre aux chercheurs des opportunités uniques de collaboration et de discussion », affirme Benjamin Zendel. Depuis sa fondation en 2003, le BRAMS est donc le lieu de rencontre des meilleurs chercheurs du domaine et permet la réalisation d’importantes découvertes sur la musique.
Grâce à ses recherches axées sur la musique et le vieillissement au BRAMS, M. Zendel met de l’avant les bénéfices de l’entraînement musical. Dans ses articles, il souligne que celui-ci permet de ralentir les déclins auditifs en lien avec l’âge. « Le fait d’être musicien influe sur la cognition des personnes âgées, dit-il. De plus, la mémoire musicale semble être l’une des dernières à être affectée par la démence. »
La compréhension des interactions entre la musique et le vieillissement est donc primordiale pour faciliter la réadaptation des personnes âgées souffrant de diverses démences ou pour ralentir l’apparition de celles-ci.
En outre, le BRAMS mène des recherches sur d’autres sujets variés. En effet, les travaux se sont multipliés pour démontrer que l’entraînement musical améliore les habiletés auditives, tant chez les enfants que chez les adultes. La musique contribue ainsi au développement cérébral, que ce soit pour le langage ou les mathématiques.
« Les leçons musicales sont utiles, car elles impliquent plusieurs aspects de la cognition (p. ex. l’audition, la vue [grâce à la lecture de partitions], la coordination motrice, la mémoire [à court et à long terme], l’attention, la concentration, la proprioception, etc.) et ont donc le potentiel d’améliorer de multiples habilités cognitives », explique le chercheur.
De plus, d’autres recherches sont réalisées sur la relation entre la musique et les émotions : elles investiguent les rapports entre les structures musicales, les réactions neuronales et la façon dont la musique peut influer sur les pensées et les sentiments. Finalement, les études portant sur la synchronisation des mouvements avec le rythme permettent d’étudier la coordination des muscles lors d’une prestation musicale ainsi que l’effet de la musique sur le développement moteur. Ces recherches sont dirigées dans l’optique d’améliorer le jeu des musiciens et de faciliter les apprentissages de ceux qui veulent s’initier à la musique.
Pour réaliser de tels projets de recherche, le BRAMS dispose d’équipements à la fine pointe de la technologie. « Toutes les infrastructures nécessaires pour étudier la cognition musicale sont présentes. En tant que chercheur, tout ce dont j’ai besoin pour réaliser mon travail est disponible. »
L’équipement comprend dix salles insonorisées dont une chambre hémi-anéchoïque : celle-ci est faite de parois absorbant les ondes sonores, produisant par le fait même des conditions dépourvues d’ondes électromagnétiques. L’avantage d’un tel dispositif est d’éviter les échos susceptibles d’induire une perturbation dans les mesures et ainsi d’assurer la qualité des résultats obtenus. De plus, cinq systèmes d’électroencéphalographie permettent d’enregistrer l’activité électrique du cerveau en réponse à des stimuli sonores.
Ici et ailleurs dans le monde, des laboratoires de recherche tels que le BRAMS permettent l’enrichissement des connaissances, que ce soit par rapport à des problématiques comme l’amusie ou d’autres. Bien que de grandes découvertes aient été réalisées, il n’en demeure pas moins que les neurosciences auditives en sont à leurs premiers pas. Les prochaines années seront donc déterminantes pour ce domaine en plein essor, car les questions sur les liens entre la musique et le cerveau humain demeurent nombreuses. English Version... |