Au rayon du disque : Critiques jazz

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Nick Fraser : Towns and Villages
Barnyard Records BR00330
Ce groupe vient tout juste de passer chez nous. Si vous l’avez loupé, ce document sonore vous livrera un beau condensé du concert. Dirigé par le batteur torontois Nick Fraser, ce quartette livre une musique fort audacieuse, sans facilité aucune. Son instrumentation est légèrement hors norme, marquée par la présence de deux contrebassistes de la Ville Reine, Rob Clutton et Andrew Downey – ce dernier ne jouant que du violoncelle sur ce disque. En invité, le saxo new-yorkais Tony Malaby nous fait comprendre pourquoi il est l’un des musiciens les plus sollicités dans le jazz de pointe : sonorité perçante au soprano, rauque au ténor, il ne ménage pas les coups dans cette musique, très ouverte harmoniquement et mélodiquement proche d’Ornette Coleman ou de Steve Lacy. Décidément pour les oreilles musclées. www.barnyardrecords.com

Becky Noble : Salish Folk Song
Effendi FND 126
Jeune talent en provenance de la Colombie-Britannique, l’altiste Becky Noble s’est produite en juin dernier dans le cadre du concours de jazz du FIJM. Peu avant, elle publiait son premier disque à la tête d’un sextette constitué pour la plupart de Montréalais. Outre le standard folk Norwegian Wood (fortement remanié), cette musicienne  propose neuf de ses compositions soigneusement fignolées. Campés dans un registre de jazz mainstream de bon aloi, ses morceaux se déroulent en tempos moyens ou lents, avec un minimum de tension. L’intervention enlevée du saxo ténor Chet Doxas dans la quatrième plage (Sun Salutation) fait exception à la règle, mais on ne saurait expliquer le fadeout qui lui coupe le sifflet en plein vol. La saxophoniste, pour sa part, tient son bout, sans toutefois affirmer sa présence comme instrumentiste, à l’instar de ces jeunes musiciens bien scolarisés qui font leurs premières armes dans le métier. Comme il faut toujours commencer quelque part, ce premier pas est honnête en soi, mais on lui souhaite de sortir un peu plus des sentiers battus. www.effendirecords.com

The Whammies Play the Music of Steve Lacy (vol. 2)
Driff Records CD1303
De passage chez nous en janvier dernier par une soirée de froid sibérien, le sextette des Whammies faisait une mini-tournée en prévision de l’enregistrement de ce disque. Comme son titre l’annonce, il s’agit d’un disque hommage à la musique de Steve Lacy, décédé en 2004. Au programme, onze de ses morceaux et un de Monk (l’obscur Shuffle Boil) font l’objet de relectures autant respectueuses qu’irrévérencieuses d’une œuvre musicale un brin déjantée en soi. Tous tambours battants, le vigoureux batteur batave Han Bennink propulse merveilleusement la troupe, son compatriote saxo alto Jorrit Dykstra (et initiateur du projet) jouant le rôle de Lacy sans toutefois le singer; la violoniste Mary Oliver ajoute de subtils contrepoints et le trio de Jeb Bishop, trb., Pandelis Karayorgis, pno et Nate McBride, cb. arrondit le tout avec aplomb. Il a fallu que Monk passe l’arme à gauche pour que sa musique devienne monnaie courante dans le jazz. En sera-t-il de même pour Lacy, l’un de ses disciples ? Puissent ces performances contribuer à la cause. www.driffrecords.com