Philippe Sly : Une nouvelle comète au firmament de la scène lyrique Par Renée Banville
/ 1 septembre 2012
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Philippe Sly dans La Bohème. Photo Adam Scotti.
Voix superbe, allure de jeune premier et charisme étonnant: le baryton-basse Philippe Sly a rapidement séduit une bonne partie du public du Concours Musical International de Montréal (CMIM). Celui-ci était néanmoins loin de se douter que le jeune chanteur allait rafler presque tous les prix.
La dernière année avait déjà été des plus fastes pour l’artiste de 23 ans:lauréat 2011 des célèbres Auditions du Conseil national du Met de New York, Révélation classique de Radio-Canada 2012-2013, prix Jeune Soliste des Radios francophones publiques. Philippe Sly avait choisi pour le CMIM des œuvres de styles différents, chantées avec sobriété, espérant que sa personnalité transparaîtrait à travers son interprétation, n’hésitant pas à terminer sa prestation sur une page méditative de la Passion selon saint Matthieu de Bach.
Voix et expression corporelle
Ayant grandi à Ottawa, d’une mère originaire de La Tuque au Québec et d’un père de Gananoque en Ontario, le chanteur a toujours été intéressé par la combinaison de la voix et de l’expression corporelle. Dès la tendre enfance, il était déjà un showman. Vêtu d’un habit noir, d’un chapeau et de gants, il chantait et dansait en imitant son idole Michael Jackson, À l’âge de sept ans, il a pu étudier le théâtre, aussi bien que la musique, tout en s’initiant à l’opéra. C’est à McGill qu’il s’immergea complètement dans ce monde fabuleux. L’apprentissage du cinéma a aussi nourri son intérêt pour la scène. Chaque vendredi, les enfants de la famille Sly devaient écouter un film choisi par le père et le commenter. Il se rappelle aujourd’hui combien la voix de baryton d’Orson Welles et celle de Laurence Olivier dans Shakespeare ont meublé son imaginaire: «de la musique pour ses oreilles».
L’évolution du chanteur et de l’acteur
Philippe vient de compléter un baccalauréat en interprétation vocale. «Mon professeur en technique vocale à McGill, Sanford Sylvan, est unique. Son approche est différente avec chaque étudiant. Sans imposer sa technique, il aide le chanteur à découvrir sa personnalité et le son naturel de sa voix.» À son arrivée, il y a quatre ans, son registre vocal alternait entre contre-ténor et basse. L’année suivante, on lui attribuait le rôle de Nick Shadow, le baryton dans The Rake’s Progress de Stravinski, répertoire excitant, mais particulièrement exigeant. Le critique Claude Gingras notait, au sujet du nouveau venu: «Un interprète se détache nettement de l’ensemble et vaut finalement tout le spectacle: Philippe Sly, en Nick Shadow portant tricorne et verres fumés et bougeant avec la rapidité d’un serpent. La voix de baryton et l’aisance en scène sont déjà celles d’un grand professionnel. Étonnant.» Il campa ensuite le rôle de Marcello dans La bohème, un grand défi pour lui.
Dès qu’il entre en scène, impossible de ne pas remarquer l’importance chez lui de l’expression corporelle qu’il a beaucoup observée au théâtre, au cinéma, et sur YouTube. «Toutes les expressions sont perceptibles au cinéma, ce qui n’est pas le cas au théâtre et à l’opéra, explique-t-il. Il faut beaucoup de concentration pour arriver à exprimer ce que l’on veut dans un simple haussement de sourcils. Il n’y a pas de trucs. Quoi que l’on t’enseigne, il faut toujours passer du temps à faire une recherche personnelle.»
Malgré l’expérience acquise cette année avec l’ensemble lyrique de la Canadian Opera Company à Toronto, Philippe préfère se montrer prudent côté répertoire. Il choisira donc d’abord Mozart, Haendel, Britten et Donizetti, plutôt que Verdi. Il rêve toutefois d’incarner un jour le personnage fuyant de Don Giovanni, en espérant en saisir le caractère, ainsi que celui de Billy Budd.
D’ici là Philippe sera de la distribution de Das Labyrinth au Festival de Salzbourg cet été et fera ses débuts à l’Opéra de San Francisco en juin 2013 dans Cosi Fan Tutte de Mozart, dans le rôle de Guglielmo. L’amorce d’une carrière qui s’annonce florissante!
www.philippesly.com
à venir
Philippe Sly enregistrera son premier album en septembre avec le pianiste Michael McMahon pour la maison de disques Analekta. On pourra entendre le Dichterliebe, 4 poèmes du compositeur français Guy Ropartz, d’après le même Intermezzo lyrique de Heine qui a inspiré Schumann, ainsi que Don Quichotte à Dulcinée de Ravel et Three Tennyson Songs, écrites pour lui par son ami le compositeur anglais Jonathan Dove. Un deuxième CD des Cantates de Rameau avec la soprano Hélène Guilmette, le claveciniste Luc Beauséjour et un petit ensemble suivra la version donnée en concert le dimanche 30 septembre à la salle Bourgie. |
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