Le leitmotiv de Tim Brady Par Crystal Chan
/ 1 juin 2012
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La clé du succès pour composer selon Tim Brady, ancien récipiendaire du prix Opus « Compositeur de l’année » et président du Réseau canadien pour les musiques nouvelles, c’est savoir quand s’abstenir de composer. « Bien des gens dans le monde ont écrit de la musique et si j’ai l’intention d’en écrire, je dois être absolument certain que cette musique mérite vraiment d’être écrite », explique-t-il. Il mise non pas sur la musique qui remporte des prix, décroche des subventions ou est diffusée à la radio mais sur celle « qui reflète exactement ce que je suis et ce que j’écoute ». Seulement si une idée persiste alors y accorde-t-il son attention.
Cela peut expliquer la lente gestation de ses pièces. En juin, Bradyworks, l’ensemble dédié à l’interprétation de ses œuvres, et Vivavoce présenteront en première Atacama! – Airs modernes espagnols. Ce concert sera enregistré sous l’étiquette ATMA et le lancement de l’album est prévu l’année prochaine. Si la première symphonie de Tim Brady parue sur disque remonte à 2004, le premier mouvement d’Atacama! est une œuvre quant à elle écrite pour Vivavoce en 2007. Tim Brady songe déjà à la symphonie no 9. Le travail en amont lui permet de créer des pièces qui gagnent en maturité, de les façonner afin de les mouler pour qu’elles cadrent dans son œuvre globale. Ainsi, les symphonies seront conçues comme parties d’un cycle, les auditeurs étant invités à tisser des liens entre les œuvres.
Tim Brady crée ses pièces en jouant avec la forme. Il est fasciné par l’idée d’attribuer une structure narrative à grande échelle qui favorise la cohésion et situe l’œuvre dans le temps et l’espace sans toutefois conter une histoire en particulier. Bien qu’il s’agisse de sa vision de la symphonie, seule la quatrième qu’il a composée est pour orchestre. Le deuxième mouvement d’Atacama! inclut la batterie.
Bien qu’Atacama! ne raconte pas spécialement une histoire, l’œuvre est basée sur un livre intitulé fort à propos Symphony, écrit par le poète canado-chilien Elias Letelier-Ruz. « Elias évoque une vaste terre, aride et désolée, usant la métaphore du désert pour symboliser la vie sous la dictature de Pinochet, explique Brady, qui a été subjugué sur le coup par les poèmes. Le choix des mots, la structure des poèmes, les sentiments exprimés : c’était pour moi une véritable musique. » Brady possède une collection de pas moins de 70 livres de poésie pour y puiser son inspiration. Il n’hésite pas à faire un tour chez les bouquinistes et à acheter tout livre qui attire son attention.
Travaillant sur plusieurs projets de front, on comprend mieux qu’il mette du temps à créer ses œuvres. En avril dernier, son nouveau concerto pour violon a été présenté en première mondiale par Robert Uchida et la Symphony Nova Scotia et Tim Brady a passé cinq jours à Iqaluit (une ville qu’il qualifie de « très cosmopolite ») pour y enseigner la composition et l’improvisation grâce à une initiative du Centre national des Arts. Puis en mai, l’Orchestre symphonique de Laval a interprété en première non pas un, mais bien deux de ses concertos pour guitare électrique. Tim Brady en est à sa cinquième année comme compositeur en résidence auprès de l’OSL, soit le plus long mandat à ce titre. À l’automne 2012, il effectuera une tournée américaine dans six villes pour présenter son œuvre multimédia 24 Frames pour guitare électronique et vidéo (disponible en coffret de 4 CD) et prévoit, en 2013, présenter des œuvres orchestrales commandées par les orchestres de Laval et de Québec.
D’ici là, qui sait ? Aura-t-il concocté une autre série de symphonies ?
La première d’Atacama! sera présentée le 12 juin au Conservatoire de musique de Montréal. www.brady.ca
Traduction : Lina Scarpellini English Version... |
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