Lara St. John revient à Bach Par Crystal Chan
/ 1 mars 2012
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Lorsque je lui ai demandé ce qui l’attire chez Bach, Lara St. John a dit en riant: « Qu’est-ce qui ne m’attire pas chez lui, plutôt! » Dès l’âge de deux ans, elle apprend le violon avec la méthode Suzuki. Elle interprète à quatre ans le Concerto pour deux violons de Bach. Elle chérissait le vinyle de la Messe en si mineur que sa famille avait. Elle se souvient, dit-elle, d’avoir joué la Partita no 3 en mi majeur à quatre ou cinq ans et d’avoir pensé: « Ouah! C’est bien meilleur que toutes ces petites pièces que j’ai eues à jouer! » Vers treize ans, St. John avait appris toutes les sonates et les partitas pour violon solo de Bach. Elle est admise à l’Institut de musique Curtis la même année.
Lara St. John a ensuite lancé sa carrière avec une série d’enregistrements de Bach, mais elle n’en a pas fait depuis 2007. Après avoir produit du Hindson, du Corigliano, du Liszt, du Vivaldi, du Piazzolla, du Mozart et même quelques polkas, la voilà de retour avec du Bach dans un album de sonates jouées avec la harpiste du Philharmonique de Berlin Marie-Pierre Langlamet. Quel tour de force: la harpe joue note à note toute la musique du clavecin! « La harpe peut produire plus de nuances, dit-elle, et je ne pense pas être capable de rejouer ces pièces accompagnée d’un clavier désormais. » Les clavecinistes ne seront pas les seuls à grogner, car cet album comprend aussi trois sonates pour flûte. « Les flûtistes ont un répertoire plutôt restreint. Ils demanderont sûrement pourquoi les violonistes leur volent leur répertoire », prédit St. John, rieuse.
Ces sonates ont été choisies parce que le clavecin accompagne un instrument à vent: il y a donc une musique moins contrapuntique et plus naturelle à jouer pour Langlamet, qui a interprété la Sonate en sol mineur en concert quelques fois (dont en 1990, lors d’un de ses premiers récitals avec Sandra Miller à la flûte). St. John raconte: « À l’époque, la flûte et le violon étaient pratiquement interchangeables. » Elle s’intéresse à l’approche d’interprétation historique, mais n’utilise pas de cordes en boyau et ne joue pas sur le la de 415Hz dans cet enregistrement. Étant donné son oreille absolue, elle trouve difficile de jouer en 415Hz.
« Ce qu’il faut, c’est sortir de l’ordinaire, dit-elle. De nos jours, n’importe qui et sa sœur et son frère et son chien ont un disque. » Remplacer le clavecin apporte de la fraîcheur à ces classiques, exactement ce qu’elle recherchait pour justifier un tel album.
On est loin des raisons pour lesquelles les premiers enregistrements de St. John ont attiré l’attention. En 1996, son tout premier album, où elle n’a rien d’autre pour se couvrir qu’un violon bien placé, a soulevé des remous. La photo monochrome est de bon goût, mais son allure, ses 6 pieds et ses longs cheveux blonds ont attiré l’attention des médias comme si elle était une chanteuse pop plutôt qu’un grand nom de la musique classique. « Il fallait comprendre, explique St. John, qu’il n’y avait qu’un violon et une personne sur cet album, rien d’autre. Ce qu’on y entend n’a rien à voir avec une robe de bal! En bout de ligne, l’enregistrement a été écouté, comme je le voulais. Ça n’a aucun sens d’être créative si personne n’écoute. » Trente mille exemplaires de l’album se sont vendus. D’autres photos de couverture ont été considérées comme provocantes et on décrivait souvent St. John comme une enfant terrible dans le monde de la musique classique. Elle a épousé un pianiste européen en 1998: l’union a duré trois semaines. Sur son site Web, elle explique comment se faufiler dans une salle de concert sans billet.
Jouer sous les feux a donné à St. John la chance de montrer son impressionnant talent, s’assurant ainsi une longue carrière. Elle est dorénavant reconnue pour son talent et elle est très en demande: en 2011, St. John n’a été à la maison que cinquante-sept jours. Elle jongle avec plusieurs contrats et commandes. En effet, l’an prochain, elle jouera un concerto de Matthew Hindson, la Sonate pour violon et piano de John Corigliano orchestrée en plus de quelques-unes de ses mélodies de l’Europe de l’Est préférées composées par de jeunes compositeurs, dont un pianiste jazz montréalais, Matt Herskowitz. Adolescente, elle s’était produite en Hongrie quelques fois avant d’étudier au Conservatoire de Moscou en 1988 et de parcourir la région après la mise à pied de ses professeurs. Elle a déjà enregistré de la musique de l’Europe de l’Est dans Gypsy et Apolkalypse Now et songe à mettre sur disque de nouvelles pièces pour Ancalagon, son propre label. Son amour pour le style est profond: « Je me souviens d’avoir entendu des musiciens gitans fantastiques dans un restaurant, vers l’âge de 12 ans. Tout à coup, j’ai pensé: ‘Mon Dieu! Je suis peut-être née ici et on m’a enlevée pour m’emmener au Canada!’ »
Ne manquez pas Lara St. John ce mois-ci:
• Le 4 mars avec Marie-Pierre Langlamet au Glenn Crombie Theatre, Lindsay, Ontario. www.lindsayconcertfoundation.com
• Le 5 mars avec Langlamet sur 96,3 FM à Toronto, Ontario (à 10 heures)
• Le 8 mars à Q avec Jian Ghomeshi, en direct du Grand Theatre, London, Ontario www.cbc.ca/qc
• Le 10 mars avec le Windsor Symphony, Windsor, Ontario www.windsorsymphony.com
• Le 15 mars avec le pianiste Matt Herskowitz à la salle Bourgie, Montréal, Québec www.smcq.qc.ca
Voir nos Critiques pour lire la critique de l’album Bach Sonatas de Lara St. John et Marie-Pierre Langlamet.
Traduction: Jérôme Côté English Version... |
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