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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 5 février 2012

Une famille unie par la musique

Par Laura Bates / 1 février 2012

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Hagen Quartet« Depuis le tout début, j’ai été traité comme un membre à part entière de la famille », se rappelle Rainer Schmidt, violoniste, qui s’est joint au Quatuor Hagen en 1987. « Ça a été très utile puisque ces années étaient aussi mes premières en tant que professionnel. » Le quatuor se produisait déjà depuis six ans sur la scène professionnelle et s’était révélé un tour de force en musique de chambre. Et son histoire remonte à plus loin encore. Depuis les années 1970, les frères et sœur Hagen, Lukas (violon), Veronika (alto) et Clemens (violoncelle) jouent ensemble. Puis, ils ont tous étudié à la prestigieuse université Mozarteum de Salzbourg. En 1981, ce qui était une affaire de famille s’est transformé en une entreprise le jour où ils ont été invités par nul autre que le violoniste Gidon Kremer à jouer dans son Festival de musique de chambre de Lockenhaus.

Le quatuor à cordes autrichien Hagen, qui a récemment remporté le titre de l’« Ensemble de l’année 2011 » d’ECHO Klassik, n’attire pas l’attention pour la première fois. Ses trente ans de carrière lui a valu bon nombre d’accolades et de prix importants remportés lors de concours de musique de chambre, dont notre Concours international de quatuor à cordes de Banff en 1983. Ils ont aussi une mine d’enregistrements chez Deutsche Grammophon (environ 45 jusqu’à maintenant), en plus d’autres albums à venir chez Myrios Classics.

Pour les Hagen, partir en tournée est typique : leur saison chargée les emmène à toutes sortes de concerts et de festivals; en plus, tous les membres font de l’enseignement. « Nous nous exerçons régulièrement à l’université Mozarteum de Salzbourg, explique Schmidt. Nous avons tous un poste de professeur à cette institution. En tournée, juste avant le concert, nous répétons toujours dans la salle ou à l’hôtel, si le voyage le permet. » Les méthodes de répétition ne se sont pas radicalement transformées au cours des années : « Les priorités dans les répétitions ont changé, dit-il, mais pas la concentration ni l’intensité. » L’efficacité est importante, mais pas au point que la musique en souffre. Il est essentiel de trouver un équilibre entre la discussion et la répétition. « Je ne crois pas que la discussion nuise au jeu, dit-il, mais elle peut affecter l’efficacité et la qualité de la répétition. »

La longue évolution du Quatuor Hagen est autant l’affaire de plusieurs personnes que d’une seule. « L’expérience personnelle de chacun des membres est très importante dans le groupe. Nous ne planifions pas la progression de notre groupe, elle n’est que le sous-produit du travail que l’on fait sur la musique. » Leurs collaborations font preuve de leur passion pour la découverte des différents genres qui forment le répertoire du quatuor à cordes : de la musique d’avant Haydn à celle de György Kurtág. Ils ont entre autres travaillé avec l’illustre spécialiste de musique ancienne Nikolaus Harnoncourt. « La ‘pratique d’interprétation historique’ a ouvert de nouvelles perspectives sur la façon de jouer aujourd’hui de la ‘musique ancienne’ », explique Schmidt.

Le concert à Montréal du Quatuor Hagen met de l’avant un programme par excellence pour quatuor à cordes : le Quatuor à cordes en fa mineur op. 95 de Beethoven, le Quatuor à cordes no 2,op. 33 de Haydn et le Quatuor à cordes K. 575 de Mozart. Non seulement il s’agit d’un programme qui suit l’histoire du quatuor à cordes qui commence avec papa Haydn, mais il montre en plus l’évolution du genre à travers chacun des compositeurs. Chaque œuvre a été composée durant la période médiane de son compositeur.

Publiés en 1781, les quatuors à cordes op. 33 de Haydn sont un tournant significatif dans l’évolution du genre. Tandis que ses quatuors à cordes précédents sont écrits surtout pour mélodie accompagnée, les pièces de l’opus 33 tiennent plus de la conversation. Certes, le premier violon domine, mais pas toujours. Le deuxième quatuor à cordes de cet opus est truffé de fausses fins !

L’écriture démocratique pour ces instruments s’est développée avec les nombreux quatuors à cordes de Haydn, puis avec Mozart. Commandés par le roi de Prusse et violoncelliste Frédéric-Guillaume II, les Quatuors prussiens (1789-90) de Mozart sont connus pour l’importance de la partie du violoncelle et de leur nature de conversation. Son Quatuor à cordes en ré majeur K. 575 est le premier de cette série.

Écrit en 1810 et surnommé « Serioso », le Quatuor à cordes en fa mineur op. 95 de Beethoven a été finalement joué pour la première fois en 1814 et publié en 1816. Il s’agit de l’un de ses quatuors à cordes les plus courts et précède ses derniers quatuors à cordes magistraux. On raconte que le compositeur n’avait pas composé ces œuvres pour qu’elles soient jouées devant public, mais plutôt pour explorer d’autres techniques de composition.

L’approche d’interprétation historique utilisée par le Quatuor Hagen pour cette musique suit le développement du quatuor à cordes. Par contre, le souci historique est plus axé sur l’esthétique interprétative que sur l’instrumentation. « Nous n’essayons pas d’être authentiques et nous jouons sur des instruments modernes, raconte Schmidt, mais nous apprenons soigneusement tous les aspects de l’interprétation. »

Les influences interprétatives viennent de bien au-delà du royaume de la musique classique. Trente ans de musique de chambre ne constituent qu’une partie de l’équation. Rainer Schmidt confie : « Personnellement, je trouve qu’on peut apprendre de n’importe quoi, absolument n’importe quoi. Pour moi, la musique fait beaucoup de liens avec la vie en général, liens qui ne peuvent pas se briser. »


Écouter en concert le Quatuor Hagen
Au programme : le Quatuor à cordes en fa mineur op. 95 de Beethoven , le Quatuor à cordes op. 33 no 2 de Haydn et le Quatuor à cordes K. 575 de Mozart. Le 27 février à 19 h 30, à La Maison symphonique dans le cadre de Pro Musica – Série Émeraude. www.promusica.qc.ca


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