Accueil     Sommaire     Article     La Scena Musicale     Recherche   

La Scena Musicale - Vol. 17, No. 4

Derrière la tradition d’Hommage à Vienne

Par Wah Keung Chan / 1 décembre 2011

English Version...


Version Flash ici.

Il faut beaucoup de travail et de dévouement pour organiser 17 concerts dans 16 villes se déroulant en l’espace de 4 jours près du Nouvel An. Au cours des 18 dernières années, Attila Glatz Concert Productions a réussi ce tour de force grâce à ses concerts Hommage à Vienne qui ont connu un franc succès. La raison de ce succès : la qualité du chant et de la danse qui accompagnent la musique enjouée du 19e siècle (portions copieuses servies de valses de Johann Strauss et de Von Suppé).

Dans chaque ville, Glatz se sert du meilleur orchestre local et fait venir d’Europe le chef d’orchestre ainsi que deux chanteurs et danseurs. Faire passer les auditions à 120 solistes et assurer leur coordination, en plus de celle de nombreux orchestres et salles, est une entreprise énorme.

« Nous croyons au fait de présenter de bons chanteurs, et nous n’avons jamais utilisé deux fois la même distribution pour un même marché », s’enorgueillit Glatz, Canadien d’origine hongroise qui, aidé de son épouse Marion, a été l’élément moteur de ces concerts.

Tout a commencé en 1995 par un concert donné au Centre for the Arts de Toronto, salle qui accueille 1000 personnes. Marion et Attila, qui avaient tous deux connu les célébrations du Nouvel An à Vienne au cours de leur jeunesse, souhaitaient transporter cette idée à Toronto. À l’époque, Attila comptait déjà plus de 10 années d’expérience en production de concerts – il avait fondé le Festival of the Arts de Huntsville en 1993 et siégeait au conseil de la North York Symphony. « Nous croyions que personne ne viendrait le 1er de l’An et que nous aurions pris un risque financier énorme en présentant l’événement au Roy Thomson Hall; nous l’avons donc présenté à North York avec la North York Symphony », dit Glatz.

Ce premier concert doit avoir touché une corde sensible dans le public, parce qu’il s’est vendu à guichets fermés presque immédiatement. « Ce fut un si grand succès, dit Glatz, que Charles Cutts, président du Roy Thomson Hall, a proposé que nous déménagions à la plus grande salle. » À sa deuxième année, non seulement Hommage à Vienne a-t-il été présenté dans une deuxième ville, mais il s’est installé de façon permanente au Roy Thomson Hall, qui depuis affiche complet chaque année.

À sa troisième année, le concert a été présenté dans cinq villes, y compris Van­couver et New York. « C’était tellement risqué que j’ai dû emprunter à un ami le dépôt pour la salle du Lincoln Center – et Dieu merci, il me l’a accordé », dit Glatz. Les cinq concerts ont été présentés à guichets fermés. « Nous avons alors pensé que nous tenions quelque chose, qu’il s’agissait là d’une tradition », explique Glatz. Encouragé, il a ensuite proposé l’idée de jouer dans 15 villes la quatrième année, atteignant même à un certain moment un record de 33 villes.

En parlant avec Glatz, c’est l’amour pour la musique, qui remonte à son enfance, qu’on ressent vivement chez lui. C’est à quatre ans qu’il commence à jouer du piano. « Je me suis juste assis et mis à jouer, et ensuite mes pa­rents m’ont amené voir un professeur », ex­plique Glatz. Dès quatre ans et demi, Glatz devient un genre de prodige, se produisant en concert et étudiant le piano et la composition à l’académie Franz Liszt à Budapest. Au cours de son adolescence, Glatz commence à s’intéresser au jazz. Par sa musique, il a pu quitter la Hongrie. « À cause du communisme, nous souhaitions tous partir. »

Glatz se joint à un groupe parti jouer en Allemagne de l’Est pendant deux ans. Plus tard, il signe un contrat pour jouer au Canada, et y immigre ensuite. Il devient par la suite l’organiste de concert national pour la Ham­mond Organ Company et fait une tournée à travers le Canada.

Glatz est sur scène quand il rencontre Marion pour la première fois. « Je jouais du piano dans une station de ski en Suisse et elle était là en vacances », dit-il. Née à Berlin d’un père viennois et d’une mère polonaise, Marion a grandi entre sa passion pour les affaires (elle obtient une maîtrise en administration des affaires à Nuremberg) et sa passion pour les arts.

À Munich, elle travaille dans l’industrie du disque et de l’édition pendant 19 ans. « Elle était vraiment une grande amatrice de mu­sique classique et a assisté à des tas de concerts, dit Glatz. Je me suis de nouveau intéressé à la musique classique, et j’avais l’impression de retrouver mes racines. » En 1983, après de nombreux allers et retours entre le Canada et Munich, Marion rejoint pour de bon Glatz à Toronto dans le but de démarrer leur entreprise de production de concerts.

Selon Glatz, le concert du Nouvel An a toujours été une tradition en Europe. « Le concert à Vienne est transmis à la télévision à 1,3 milliard de personnes dans le monde », dit-il. À l’exception du Japon, où des orchestres en vi­site ont instauré cette tradition, celle-ci était inexistante à l’extérieur de l’Europe.

Le couple a vu là une occasion, mais a refusé de franchiser son idée. Jusqu’à présent, Glatz a détenu le monopole en Amérique du Nord, installant Hommage à Vienne dans tous les marchés principaux, comme Los Angeles, New York, Chicago, Washington, Phi­ladelphie, la Floride et San Diego. « Le concert est donné partout au Canada, de Montréal à Vancouver; l’année dernière, nous avons ajouté la ville de Québec, où tous les billets ont été vendus », a-t-il confirmé.

Bien qu’ils ne reçoivent aucun soutien fi­nancier de Vienne ou du gouvernement de l’Autriche, Glatz a le soutien du maire de la ville, ainsi que celui du président et du chancelier de l’Autriche. Glatz cherche maintenant à se rendre jusqu’en Australie, en Amérique du Sud et, peut-être, en Asie. Même si l’organisation d’Hommage à Vienne est l’entreprise d’une année, Glatz fait également la promotion d’autres concerts.

Il y a cinq ans, Glatz s’est joint au Roy Thomson Hall dans le cadre de Bravissimo!, gala d’opéra annuel à Toronto inspiré du gala d’opéra du millénaire qui a eu lieu en l’an 2000. « Quand nous l’avons déplacé au Nouvel An il y a deux ans, il est devenu très en demande », dit Glatz. Le mois dernier, Glatz a présenté, dans une salle Roy Thomson comble, l’oratorio sur l’Holocauste I believe du compositeur canadien Zane Zalis; il espère pouvoir l’apporter à d’autres villes. « Les affaires, c’est une chose, et la musique, c’en est une autre. Dans mon cœur, je suis encore musicien. »


Hommage à Vienne, concert présenté du 30 décembre au 2 janvier à Vancouver, Calgary, Edmonton, Toronto, Montréal et Québec.
www.salutetovienna.com

Traduction : Marie Line Perrier Legris


English Version...

(c) La Scena Musicale 2002