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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 2 octobre 2011

Le nouveau doyen de la musique à McGill: «Ce que nous faisons de mieux»

Par Crystal Chan / 1 octobre 2011

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Sean Ferguson dit «avoir McGill dans le sang». Ferguson est à l’Université McGill depuis 1990: d’abord comme étudiant, puis comme professeur. Il dirige actuellement les Studios de composition numérique, après avoir été directeur du Centre Interdisciplinaire de Recherche en Musique, Médias et Technologie (CIRMMT), et il est entré en fonction comme doyen de l’École de musique Schulich de McGill – la plus importante école de musique au Canada – le 1er mai 2011.

Sean Ferguson:
Comme étudiant [à l’Université McGill], j’ai reçu une éducation incroyable. Ces années ont été pour moi une période fabuleuse. Peu importe nos défis ou notre situation budgétaire, notre priorité est de permettre aux étudiants de connaître exactement cela: des expériences extraordinaires qui transforment une vie.

Je suis très intéressé par toute forme de collaboration. Je crois sincèrement que, même si tous les problèmes ne peuvent pas être réglés par une collaboration interdisciplinaire, c’est pourtant la solution dans la plupart des cas. Et bon nombre de choses que vous ne pourriez jamais réaliser autrement deviennent possibles lorsque vous réunissez des personnes de formations différentes et les amenez à travailler ensemble dans un même projet. C’est une façon de faire pour laquelle nous sommes particulièrement doués ici, je crois, et que je désire continuer à encourager.

Comme directeur du Centre Interdisciplinaire de Recherche en Musique, Médias et Technologie (CIRMMT) situé à McGill et du Studio de composition numérique de McGill, l’un de mes principaux rôles était d’être le Teflon qui permettrait aux artistes et aux chercheurs en technologie scientifique d’interagir avec le moins de friction possible. L’une de mes plus grandes fiertés, c’est d’avoir fait en sorte, avec le soutien de Stephen McAdams, que les chercheurs en sciences et en technologie comprennent et en viennent à apprécier les contributions des artistes et que les artistes en arrivent à apprécier et comprendre les contributions des scientifiques et technologues.

L’université est aux prises avec une dette d’environ 106 millions$. Cette année, le budget en musique de McGill a été diminué de 2,5%. Les universités partout en Amérique du Nord connaissent les mêmes défis – et nous nous portons mieux que beaucoup d’autres institutions. Les deux ou trois prochaines années seront, à mon avis, une période cruciale pour embaucher de nouvelles personnes à l’école de musique. Une université est vivante de la vie des personnes qui s’y retrouvent : la vie de ses professeurs, la vie de son personnel de soutien, la vie de ses étudiants.

J’aimerais, au cours des prochaines années, mettre l’accent sur l’embauche dans notre département d’interprétation. Au cours de la dernière décennie, on a vu beaucoup de diversité et de croissance dans la recherche en musique. On a observé notamment une forte augmentation dans les domaines de la technologie musicale et de l’enregistrement sonore. J’aimerais donc consacrer certains efforts pour mieux déterminer comment nous pourrions trouver une croissance semblable et le même type d’énergie en interprétation. Notre corps professoral comprend certains des meilleurs musiciens de Montréal. Ce que nous n’avons pas, par contre, c’est du personnel à temps plein dans bon nombre de postes clés menant à la permanence. Cela crée quelques défis, car les professeurs permanents éprouvent un type d’engagement envers l’université qu’on ne peut attendre de la part de personnes embauchées à temps partiel. Je prévois que d’ici trois ans, le département d’interprétation sera presque méconnaissable, tant il y aura de nouveaux visages qui arriveront avec leurs propres idées, leurs passions et leurs visions.

Un autre domaine dans lequel nous avons traditionnellement été très solides et que j’aimerais continuer à développer est la musique contemporaine. Dans les universités, nous avons une obligation d’aller au-delà des connaissances établies. La musique contemporaine est un creuset permettant d’aller dans des directions nouvelles, d’essayer de nouvelles voies et d’expérimenter de manière extrêmement enrichissante. L’une des choses que j’aimerais faire est de mettre sur pied une structure plus claire dans laquelle cela peut se produire, parce qu’à l’heure actuelle, par exemple, il n’existe pas un espace réservé à la musique contemporaine.

L’une de mes citations favorites vient de Steve Jobs. Je me souviens d’avoir lu une entrevue où on lui demandait d’où venait son innovation avec Apple, et il a répondu: «L’innovation avec Apple vient du choix de ne pas simplement faire toutes les choses qui se présentent; l’innovation vient d’une capacité de dire non à mille choses, de manière à pouvoir se concentrer sur le noyau des choses qui sont les plus importantes pour vous.» Cela peut avoir du bon, en obligeant réellement à faire des choix. Je crois que cela pourrait s’avérer une sorte d’exercice de clarification pour moi, car alors on se demande: «Si on ne peut tout faire, qu’est-ce que nous faisons de mieux? Où est-ce que nous excellons, et où nous voyons-nous devenir excellents?»

Entrevue par Wah Keung Chan

Traduction: Alain Cavenne


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