Le nouveau doyen de la musique à McGill: «Ce que nous faisons de mieux» Par Crystal Chan
/ 1 octobre 2011
English Version...
Version Flash ici.
Sean Ferguson dit
«avoir McGill dans le sang». Ferguson est à l’Université McGill
depuis 1990: d’abord comme étudiant, puis comme professeur. Il dirige
actuellement les Studios de composition numérique, après avoir été
directeur du Centre Interdisciplinaire de Recherche en Musique, Médias
et Technologie (CIRMMT), et il est entré en fonction comme doyen de
l’École de musique Schulich de McGill – la plus importante école
de musique au Canada – le 1er mai 2011.
Sean Ferguson:
Comme étudiant [à l’Université McGill], j’ai reçu une éducation
incroyable. Ces années ont été pour moi une période fabuleuse. Peu
importe nos défis ou notre situation budgétaire, notre priorité est
de permettre aux étudiants de connaître exactement cela: des expériences
extraordinaires qui transforment une vie.
Je suis très intéressé
par toute forme de collaboration. Je crois sincèrement que, même si
tous les problèmes ne peuvent pas être réglés par une collaboration
interdisciplinaire, c’est pourtant la solution dans la plupart des
cas. Et bon nombre de choses que vous ne pourriez jamais réaliser autrement
deviennent possibles lorsque vous réunissez des personnes de formations
différentes et les amenez à travailler ensemble dans un même projet.
C’est une façon de faire pour laquelle nous sommes particulièrement
doués ici, je crois, et que je désire continuer à encourager.
Comme directeur du
Centre Interdisciplinaire de Recherche en Musique, Médias et Technologie
(CIRMMT) situé à McGill et du Studio de composition numérique de
McGill, l’un de mes principaux rôles était d’être le Teflon qui
permettrait aux artistes et aux chercheurs en technologie scientifique
d’interagir avec le moins de friction possible. L’une de mes plus
grandes fiertés, c’est d’avoir fait en sorte, avec le soutien de
Stephen McAdams, que les chercheurs en sciences et en technologie comprennent
et en viennent à apprécier les contributions des artistes et que les
artistes en arrivent à apprécier et comprendre les contributions des
scientifiques et technologues.
L’université est
aux prises avec une dette d’environ 106 millions$. Cette année, le
budget en musique de McGill a été diminué de 2,5%. Les universités
partout en Amérique du Nord connaissent les mêmes défis – et nous
nous portons mieux que beaucoup d’autres institutions. Les deux ou
trois prochaines années seront, à mon avis, une période cruciale
pour embaucher de nouvelles personnes à l’école de musique. Une
université est vivante de la vie des personnes qui s’y retrouvent :
la vie de ses professeurs, la vie de son personnel de soutien, la vie
de ses étudiants.
J’aimerais, au
cours des prochaines années, mettre l’accent sur l’embauche dans
notre département d’interprétation. Au cours de la dernière décennie,
on a vu beaucoup de diversité et de croissance dans la recherche en
musique. On a observé notamment une forte augmentation dans les domaines
de la technologie musicale et de l’enregistrement sonore. J’aimerais
donc consacrer certains efforts pour mieux déterminer comment nous
pourrions trouver une croissance semblable et le même type d’énergie
en interprétation. Notre corps professoral comprend certains des meilleurs
musiciens de Montréal. Ce que nous n’avons pas, par contre, c’est
du personnel à temps plein dans bon nombre de postes clés menant à
la permanence. Cela crée quelques défis, car les professeurs permanents
éprouvent un type d’engagement envers l’université qu’on ne
peut attendre de la part de personnes embauchées à temps partiel.
Je prévois que d’ici trois ans, le département d’interprétation
sera presque méconnaissable, tant il y aura de nouveaux visages qui
arriveront avec leurs propres idées, leurs passions et leurs visions.
Un autre domaine
dans lequel nous avons traditionnellement été très solides et
que j’aimerais continuer à développer est la musique contemporaine.
Dans les universités, nous avons une obligation d’aller au-delà
des connaissances établies. La musique contemporaine est un creuset
permettant d’aller dans des directions nouvelles, d’essayer de nouvelles
voies et d’expérimenter de manière extrêmement enrichissante. L’une
des choses que j’aimerais faire est de mettre sur pied une structure
plus claire dans laquelle cela peut se produire, parce qu’à l’heure
actuelle, par exemple, il n’existe pas un espace réservé à la musique
contemporaine.
L’une de mes citations
favorites vient de Steve Jobs. Je me souviens d’avoir lu une entrevue
où on lui demandait d’où venait son innovation avec Apple, et il
a répondu: «L’innovation avec Apple vient du choix de ne pas simplement
faire toutes les choses qui se présentent; l’innovation vient d’une
capacité de dire non à mille choses, de manière à pouvoir se concentrer
sur le noyau des choses qui sont les plus importantes pour vous.» Cela
peut avoir du bon, en obligeant réellement à faire des choix. Je crois
que cela pourrait s’avérer une sorte d’exercice de clarification
pour moi, car alors on se demande: «Si on ne peut tout faire, qu’est-ce
que nous faisons de mieux? Où est-ce que nous excellons, et où nous
voyons-nous devenir excellents?»
Entrevue par Wah
Keung Chan
Traduction: Alain
Cavenne English Version... |