Santé musicien : la prise en charge thérapeutique de la tendinopathie Par Isabelle Duchesne
/ 1 juillet 2011
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L’article qui suit est le quatrième
d’une série sur la prévention des blessures spécifiques du musicien.
Il est tiré principalement d’un article publié
par l’auteure en janvier 2010 dans la revue
Le médecin du Québec dans un numéro spécial portant sur la médecine
des arts. L’article précédent concernait les atteintes musculosquelettiques
les plus fréquentes.
Le musicien est n'est pas un patient
comme les autres, cela du fait que des changements subtils à ses habiletés
motrices l'atteignent au plus profond. Dans son cas, l'examen médical
comporte un aspect unique, l’évaluation à l’instrument, laquelle
aide le clinicien spécialisé en médecine des arts à poser le bon
diagnostic et à trouver le problème à l’origine de la blessure.
« La posture doit soutenir le geste répétitif et hautement technique
que demande la performance instrumentale. Elle ne doit pas entraver
mais libérer le fonctionnement fluide de la main et des doigts au service
de l’interprétation musicale », explique Philippe Chamagne dans
son article « Éducation physique préventive pour les musiciens »
(aleXitère, 1998)
En physiothérapie, l’évaluation doit
être orientée vers l’analyse biomécanique du mouvement (étude
de la mécanique des mouvements du corps) et de la posture en cours
de travail afin d’évaluer les stress mécaniques induits à l’instrument.
Le traitement sera dirigé principalement
vers la correction des déséquilibres posturaux, articulaires, et musculaires
dynamiques (en mouvement) présents chez le musicien pendant
qu'il joue de son instrument. Puisque le jeu sollicite directement ou
indirectement la musculature proximale stabilisatrice, il est de première
importance d’évaluer le musicien globalement en incluant le tronc
et la ceinture scapulaire.
L’atténuation des symptômes par
un programme d’exercice
Une douleur aux muscles de
l’avant-bras ou de la main peut être causée par l'effort excessif
qui leur est imposé. Souvent, cet excès d'effort est lui-même dû
à une faiblesse ou une diminution d’endurance de la musculature proximale
(muscles de la ceinture scapulaire) qui supporte le membre supérieur
(photos 2 et 3). Un programme de renforcement musculaire spécifique
sera nécessaire afin de stabiliser cette structure.
Au niveau de l’avant-bras, « la souplesse
et la force du poignet nécessitent un équilibre entre les muscles
fléchisseurs et extenseurs, mais aussi entre les muscles qui inclinent
la main du côté radial (pouce) et cubital (auriculaire). Le muscle
cubital postérieur devient important pour soutenir le côté cubital
de la main mobile et contrebalancer la force des muscles radiaux et
abducteurs du pouce », rappelle M. Chamagne.
Orthèses et repos d’instrument
: des modalités thérapeutiques
Le port d’orthèses change la mécanique musculaire et facilite
la régénération cellulaire en diminuant la charge sur le tendon affecté.
Quant à la prescription de repos
de l’instrument, elle doit être soigneusement étudiée avec le musicien.
Selon l’expérience de Brandfonbrener, le repos partiel est en général
préférable au repos complet. Dans ce dernier cas, non seulement les
habiletés musicales se détériorent rapidement, mais le niveau d’anxiété
et de dépression s’accroît proportionnellement. Par repos partiel
on entend un temps d’activité musicale minimal associé à une augmentation
graduelle du temps de pratique de l’instrument. Parallèlement,
une augmentation progressive de la difficulté des pièces est recommandée.
Enfin, la littérature scientifique mentionne
également l’acupuncture comme moyen de soulager la douleur à court
terme.
Dans le prochain article, nous discuterons
des atteintes aux nerfs périphériques (neuropathie) les plus fréquentes
chez le musicien.
Isabelle Duchesne, B.Sc., Pht, FCAMT,
et Fellow de l’Académie canadienne de thérapie manuelle, est physiothérapeute
chez Kinatex Sports Physio Rosemont et Centre-Ville. Elle soigne des
musiciens professionnels depuis plusieurs années. English Version... |