Au Rayon du disque Par Marc Chénard, Annie Landreville
/ 1 février 2010
Version Flash ici.
Artistes de chez nous au FIJM
Félix Stüssi : Hieronymus
Effendi FND102
Résidant au Québec depuis 1998, le pianiste helvète Félix Stüssi a autoproduit son premier disque (Give me Five) en 2007. L’année suivante, il remporta le concours de jazz du FIJM, ce qui lui permit de réaliser un second album (Ibeji, sur étiquette Justin Time). Le voici maintenant présentant son troisième opus (Hieronymus). Enregistrée au Upstairs Jazz Bar, cette version très live du sextette, comprenant l’artiste invité du second, l’éminent tromboniste Ray Anderson, nous offre une prestation bien relevée quoique la disparition le même soir de cet ami du jazz montréalais que fut Len Dobbin ait jeté une petite ombre au tableau. À l’écoute des quelque 70 minutes, l’auditeur entend un ensemble bien rodé qui s’exprime dans un langage musical assez conventionnel : la Pièce de résistance en ouverture rappelle un tant soit peu les Jazz Messengers alors que le blues presque nonchalant qui la suit (Lazy Bone) met Anderson carrément en vedette. Cela dit, le groupe se distingue surtout dans sa manière de livrer la musique; dans ses compositions, le pianiste aime insérer des interludes solos inattendus (comme les siens dans la pièce titre du disque, suite dédiée au peintre flamand Bosch), voire des solos de batterie imprévus après un thème, ou des duos improvisés n’obéissant pas nécessairement aux cadres harmoniques. Signalons la présence d’Alex Côté et de Bruno Lamarche, deux saxos solides qui contribuent des solos volubiles, bien appuyés par la rythmique d’Isaiah Ceccarelli et de Clinton Ryder. On appréciera également cet enregistrement pour sa prise sonore dynamique et le bel esprit de jeu de l’équipe, mais on préférera toutefois la production précédente pour son côté un brin plus audacieux. Bien qu’annoncés comme hommages à Len Dobbin, les deux concerts de Stüssi prévus au FIJM ne sont toutefois pas dédiés au défunt. MC
» Vendredi, 25 juin, 18 h – en reprise le mardi 29, même heure
Charles Papasoff : Live
Nisapa NI2008
Actif surtout comme producteur de séances et comme compositeur-arrangeur, Charles Papasoff se montre un peu plus discret sur scène et davantage au rayon du disque. Après un silence de quatre ans, le voici enfin de retour, cette fois-ci en direct et au Upstairs Jazz Bar (encore une fois). Pendant 51 minutes (un set complet), Papasoff et Cie (Jocelyn Tellier, gtr. él., George Mitchell, b. él. et Martin Auguste, btr.) ne font pas de prisonnier. Outre une assez longue plage d’ouverture de près de 14 minutes (Simplicity, l’une de quatre où le chef troque son saxo baryton musclé pour son petit frère soprano), les huit autres titres sont de courtes à moyennes durées (trois à huit minutes), le tout se terminant par son indicatif d’une douzaine de secondes. Pour son intensité sans répit, le groupe vaut la chandelle, toutefois la rythmique insistante et tarabiscotée devient un peu lassante à la longue, Polymorphe étant la seule exception à la règle; plus problématique, voire agaçante, est le bourdonnement de l’ampli de guitare (le buzz, quoi), perceptible dès le début et à plusieurs reprises par la suite. Malgré ces aléas, Charles et ses hommes ne pêchent nullement de molesse, nous offrant ainsi une musique roborative à souhait. MC
» Jeudi, 1er juillet, 18 h
Rafael Zaldivar : Life Directions
Effendi FND 101
Le disque de ce jeune musicien au parcours exceptionnel était attendu. Rafael Zaldivar est natif de Cuba. Il y a tout étudié : le piano, les percussions et la composition. Établi à Montréal depuis cinq ans, il n’en a mis que trois à compléter un baccalauréat suivi d’une maîtrise en piano jazz (interprétation). Une forte personnalité émerge ici dans son premier disque, un univers déjà cohérent, plus près du jazz traditionnel que des rythmes cubains bien qu’il s’inspire d’airs de sa jeunesse. La musique de Zaldivar, loin de renier ses origines, ne se confine cependant pas à la catégorie « jazz latin ». Le compositeur, tout comme son compatriote Danilo Perez, est fort d’un héritage qui tient tout autant de Chucho Valdés que de Thelonious Monk, dont il reprend deux titres, Off Minor et Four in One. Les autres morceaux sont des compositions du pianiste sauf pour Changing Rooms de son batteur Kevin Warren, sensible, précis et polyvalent. Nicolas Bédard complète le trio à la contrebasse. Relevant avec brio le défi de s’inscrire dans une tradition sans la copier, Rafael Zaldivar effectue ici une belle entrée dans le monde du disque, offrant un jazz de haut calibre, à la fois très contemporain et bien accessible. AL
» Vendredi, 2 juillet, 20 h
À surveiller au Suoni
The Frame Quartet : 35mm
Okka disk OD 12078
Habitué de la Casa del Popolo et de son festival, le saxo ténor Ken Vandermark mène toujours plusieurs projets de front, son Vandermark 5 étant sa locomotive principale. Un jour avant le passage de ce groupe en ville (le 16), ce grand gaillard présentera son nouveau Frame Quartet, version réduite de son quintette en l’absence de Dave Rempis et modifié par la présence du bassiste Nate McBride plutôt que Kent Kessler. Vandermark pose de nouveau sa signature post-free carburant sur une rythmique néo-R&B, mais son quartette n’est pas qu’une version amincie de son V5. Ce disque, constitué de cinq longues pièces oscillant entre 10 et 18 minutes, permet au chef de faire usage d’adjuvants électroniques, manipulés par le bassiste et le violoncelliste Fred Lonberg-Holm. Plutôt que de chercher une intégration entre l’acoustique et l’électrique, cet ensemble les met en confrontation, l’électrique agissant davantage comme agent perturbateur. Comme il lui arrive dans ses autres groupes, Vandermark aime écrire des pièces qui changent constamment d’intensité et de direction, une certaine prévisibilité s’installant mais en cours de route, donnant l’impression qu’il suit toujours des desseins compositionnels plus ou moins semblables. De toute évidence, Vandermark a fidélisé un public, jeune surtout, en mariant l’énergie d’une rythmique essentiellement rock aux débordements du free jazz; nul ne peut douter qu’il conservera ses fans avec ce nouveau quartette, parfois électrifié, souvent électrifiant. MC |
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