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La Scena Musicale - Vol. 15, No. 8 mai 2010

Bungalopolis : cabaret burlesque pour antihéros

Par Lucie Renaud / 1 mai 2010


Version Flash ici.

Connaissez-vous la banlieue Bungalopolis, patrie du suave Jérôme Bigras, célébrité de la revue Croc qu’on retrouve dans le désopilant Des tondeuses et des hommes ? Portez-vous avec la même conviction sa légendaire moustache ? Le cabaret-opéra présenté par Codes d’accès vous attend.

Initié par le compositeur Maxime Goulet, qui compte aussi bien à son catalogue des œuvres symphoniques – dont Citius, altius, fortius, donné par trois orchestres canadiens en marge des Jeux olympiques de Vancouver – que des trames sonores de films et de jeux vidéo, l’événement se veut rassembleur, humoristique et, surtout, souhaite intéresser un nouveau public à la musique de création. Il mettra en lumière les personnages loufoques de Jean-Paul Eid, bédéiste qui cherche à renouveler le rapport entre planches et lecteur, en proposant des situations surréalistes et un humour absurde franchement décalé. « Je cherchais un auteur québécois pour l’intégrer au projet, explique Goulet, qui écrit de courtes histoires fermées, ce qui me permettrait de les confier à plusieurs compositeurs différents, tout en leur offrant la latitude nécessaire pour créer librement. J’avais aussi besoin d’un fil conducteur fort, de thèmes rattachés et de bandes dessinées très rythmées. »

Cinq compositeurs intrépides ont relevé le défi et s’approprieront les tics et manies de Jérôme Bigras : Éric Champagne, Frédéric Chiasson, Benoît Côté, Pierre-Olivier Roy et Maxime Goulet, qui s’est aussi réservé l’ouverture et la clôture de la soirée. Le mandat confié à chacun se voulait clair : écrire dix minutes de musique, qui pourraient être fragmentées à loisir, dans le but de narrer une ou des aventures du superbanlieusard. En surimposition de la trame sonore, les cases de la bande dessinée seront projetées de façon précise, le compositeur devenant total maître du jeu, ce qui empêchera le lecteur de « tricher » en apercevant du coin de l’œil le prochain événement. En fin de parcours, le spectateur pourra se consoler d’avoir été si gentiment manipulé en décidant du sort de l’antihéros, alors qu’il sera invité à voter pour l’une ou l’autre des options proposées, chaque groupe de cases ayant été confié à l’un des cinq compositeurs.

Les chanteurs Marc-Antoine D’Aragon, Gaétan Sauvageau, Philippe Bolduc et Anik St-Louis, le pianiste Daniel Anez et l’Ensemble Prana, sous la direction de Cristian Gort, insuffleront vie aux différents personnages. La mise en scène a été confiée au Théâtre des Faux Plis et favorisera un jeu d’acteur complémentaire de la bande dessinée, les chanteurs étant propulsés à l’avant-plan quand une case devient statique par exemple. L’instrumentation pour quintette à vents et piano offrira la possibilité d’explorer une palette sonore tantôt tributaire de Kurt Weil, tantôt plus classique, alors que les quatre voix faciliteront certaines harmonisations de type barber shop, plus jazzy. « Il faut une certaine audace pour participer en tant qu’interprète, admet Maxime Goulet, mais pour le public, nous souhaitons que cela devienne une grande fête et que les gens se sentent à l’aise de rire. » (Une légère amplification a été prévue pour éviter que ces épanchements noient chanteurs et musiciens.) « Nous espérons surtout que tous ressortiront avec le sourire, avec l’envie d’assister à un autre événement du genre et de lire la BD. » Jean-Paul Eid, qui se dit emballé par le projet, sera d’ailleurs sur place le soir de la représentation pour une séance de dédicace postspectacle.


Lion d’or, 20 mai
Billetterie et renseignements : 514-879-9676


(c) La Scena Musicale 2002