Prix d’Europe 2009 : Marie-Ève Poupart et Maxime McKinley ont le vent dans les voiles Par Hélène Boucher
/ 1 octobre 2009
Les grands lauréats du 98e Prix d’Europe, la violoniste Marie-Ève Poupart et le compositeur Maxime McKinley, partiront au début de l’automne pour vivre chacun son projet de perfectionnement. Marie-Ève Poupart a raflé la bourse de 25 000 $ du Grand Prix d’Europe tandis que Maxime McKinley a obtenu la bourse de 10 000 $ rattaché au Prix-Ferdinand-Lindsay, premier de la sorte destiné à la discipline de composition musicale au Prix d’Europe. Grâce à ces bourses, le chemin de leur perfectionnement devient tout à fait concret. Les jeunes lauréats font le point sur leur parcours, dans une symbiose d’optimisme.
Pour la jeune violoniste Marie-Ève Poupart, récipiendaire du Prix d’Europe 2009, la voie de son perfectionnement était déjà tracée dans son esprit, avant même de connaître le verdict du jury du Prix d’Europe 2009. C’est à Baltimore, au renommé Peabody Institute de l’université Johns Hopkins, qu’elle désirait approfondir son art musical. Déclarée lauréate du fameux prix, elle jubile à l’idée de pouvoir réaliser ce projet avec une aide financière considérable. L’idée de participer au prestigieux concours germait depuis 2008. À cette époque, la violoniste âgée de 22 ans vient de passer 14 ans au sein du Conservatoire de musique de Montréal. Élève de Johanne Arel, la musicienne songe à participer au Prix d’Europe, mais elle préfère patienter jusqu’en 2009 afin de clore avec succès son cycle d’études tout en solidifiant son jeu. Au printemps 2009, Marie-Ève se consacre donc à son examen de fin d’études et travaille notamment la Sonate de Strauss. Une pièce complexe, nécessitant dextérité et force, des qualités que reconnaît Johanne Arel en son élève. C’est donc en parallèle que la violoniste prépare un exercice servant à la fois à son examen final et au Prix d’Europe. Un choix qui s’avérera tout à fait bénéfique.
Maxime McKinley marquera quant à lui les annales du Prix d’Europe en remportant le tout premier prix décerné à un compositeur. C’est également au Conservatoire de musique de Montréal que Maxime se forme à l’art de la composition. Michel Gonneville l’accompagne tout au long de ce cycle, au cours duquel le jeune compositeur multiplie les succès. Actif au sein du comité artistique de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) et du Conseil national de la Ligue canadienne des compositeurs (LCC), Maxime McKinley participe avec enthousiasme à la cause de la musique contemporaine au Québec. Lorsqu’il s’inscrit au Prix d’Europe, il a déjà bénéficié de cours privés avec l’Argentin Martin Matalon, à Paris, en 2007. Il soumet au jury une partition de trois pièces pour orchestre symphonique, inspirées de trois artistes : le peintre Pellan et les écrivains Milan Kundera et Marguerite Yourcenar. Ces trois œuvres, Wirkunst-Pellan, Wirkunst-Kundera et Wirkunst-Yourcenar ont chacune leurs particularités, leur histoire, comme le raconte le compositeur : « Wirkunst est une combinaison allemande de wir (nous) et kunst (art). J’y exprime un hommage à des artistes qui me sont chers, dans les horizons de la littérature, de la peinture ou de toute autre discipline artistique. Kundera me plaît pour son ironie, ses références au passé détournées. Idem pour Pellan et, quant à Yourcenar, elle me touche par son univers littéraire lointain, voire inaccessible ». Cette ironie si précieuse à la démarche du jeune compositeur aura porté fruit et séduit lors du Prix d’Europe.
Les deux lauréats du Prix d’Europe se préparent à vivre leur perfectionnement hors des frontières du Québec, une visée fondamentale du Prix d’Europe. Marie-Ève Poupart part à la fin août pour Baltimore où elle travaillera avec Pamela Frank. Confiante des acquis qu’elle possède grâce aux enseignements du Conservatoire, elle souhaite désormais atteindre un but précis : parvenir à jouer et à s’entendre. « Il est très difficile d’arriver à jouer tout en absorbant les notes, à les entendre telles qu’elle sortent de l’instrument. Ma plus grande satisfaction serait d’y arriver et grâce à mon stage de deux ans au Peabody aux cotés de Pamela Frank, je suis très optimiste ! », explique la violoniste. Autres points qu’elle cherchera à parfaire : approfondir l’endurance dans son jeu, savoir épouser le plus de styles et de répertoires possibles et développer « ses couleurs », sa personnalité musicale.
Quant à Maxime McKinley, il part pour la Ville Lumière fin août, pour suivre des cours privés avec Martin Matalon – une chance inouïe de poursuivre cette relation privilégiée qui a débuté en 2005. À l’époque, le Festival international Montréal/Nouvelles Musiques (MNM) bat son plein avec la France à l’honneur. Matalon fait partie de la délégation et il propose une composition inspirée du film Un Chien Andalou de LuisBuñuel. La rencontre entre les deux compositeurs s’avère concluante et en 2007, Maxime suit durant trois mois un cours privé avec Matalon. « Il y a une chimie humaine entre lui et moi », soutient le récipiendaire du premier Prix-Ferdinand-Lindsay. Jusqu’en février 2010, Maxime McKinley séjournera à Paris avec plusieurs objectifs en tête : intégrer des techniques alternatives à sa démarche et développer une micro-tonalité accrue, suivant les recommandations de Matalon. L’ouverture aux autres domaines artistiques demeurera une muse pour Maxime.
Ce séjour intensif de six mois à Paris devra servir au jeune compositeur à lui ouvrir de nouvelles avenues à l’international, en même temps qu’il souhaite conserver son attachement au Québec. Marie-Ève Poupart vise une carrière de soliste et elle reviendra en sol québécois à maintes reprises durant ses deux années de perfectionnement. La violoniste participera notamment à la tournée des Jeunesses Musicales du Canada au printemps 2010, tout comme la harpiste Valérie Millot. | |