Concours Musical International de Montréal Par Laurier Rajotte
/ 11 mai 2008
En voie de devenir une tradition, le
Concours Musical International de Montréal (CMIM) lance fièrement
sa 7e édition. Après la voix et le violon, 2008 se consacre au piano
et le comité du concours nous promet, comme à chaque année, d’y
faire entendre quelques-uns des meilleurs jeunes musiciens de l’heure.
Un véritable événement musical, s’il en est. Avec tout le sérieux
d’une grande rencontre culturelle internationale, si vous êtes dans
la métropole, c’est un rendez-vous à ne pas manquer.
Bienvenue aux amateurs de sensations
fortes
Bien plus qu’un travail colossal, qu’une
passion ou qu’un ensemble de sacrifices, participer à un concours
international est un mode de vie et en ce sens, les candidats nous font
vivre leurs hauts et, parfois, leurs bas. Ici, les enjeux sont grands :
un premier prix de 30 000 $ et les possibilités de carrière qui se
présentent. Les dernières années du CMIM nous ont révélé d’intenses
moments de scène, de l’épouvantable trou de mémoire au délicieux
moment de grâce.
Salle Pierre-Mercure, le jury est
installé au balcon, le public est religieusement silencieux, les drapeaux
des pays représentés scrupuleusement alignés au fond de la scène
et, finalement, une voix hors-champ appelle le candidat. C’est l’heure
des quarts de finale qui, pour la moitié des 24 pianistes âgés de
18 à 30 ans, sera le début de la fin, car seulement 12 d’entre eux
seront retenus pour les demi-finales. À chaque épreuve, car s’en
est véritablement une, les jeunes musiciens doivent briller de virtuosité;
si l’on veut passer à l’étape suivante, la marge d’erreur est
très mince, voire nulle. Ainsi, parmi une liste de répertoire imposé
par le concours, les 24 candidats devront composer leur récital de
45 minutes de deux études de virtuosité, d’une œuvre classique,
d’une œuvre à caractère romantico-lyrique, d’une œuvre au choix
et de la pièce canadienne imposée, Fastforward de la compositrice
Alexina Louie. Ensuite, pour les demi-finales, on entendra 12 programmes
libres de 45 minutes et, pour terminer, les 6 finalistes interpréteront
un des grands concertos du répertoire en compagnie de l’Orchestre
Métropolitain du Grand Montréal sous la direction de Jean-Marie Zeitouni.
Un concours de concours
En 2008, pas moins de 43 concours internationaux
auront lieu, dont 11 se consacrent au piano, et ce nombre exclut tous
les concours indépendants et ceux qui ne sont pas membres de la Fédération
mondiale des concours internationaux. Les chasseurs de concours internationaux
ont l’embarras du choix, à un point tel qu’y participer peut devenir
un emploi à temps plein. Il est donc impératif pour un concours souhaitant
se démarquer des autres de chercher à attirer les meilleurs candidats.
À ce sujet, il n’y a pas de secret, il faut d’abord du prestige
et de bons prix pour les lauréats. Pour cela, il faut créer une tradition
et des liens avec la communauté afin de faire vivre le projet dans
le temps. C’est le pari qu’a fait le CMIM.
Élaboré dans le sillon du défunt
Concours international de musique de Montréal (1965-1989), le CMIM
s’est librement inspiré de l’un des plus célèbres et prestigieux
concours de la planète, le Concours Reine-Élisabeth (CRE) qui a lieu
chaque année à Bruxelles. En assistant à ce dernier, on constate
du reste la parenté structurelle et la sympathie qu’ont les organisateurs
du CRE pour le CMIM. Parmi les points communs, citons l’alternance
voix-piano-violon, la promotion à l’aide des médias nationaux, la
diffusion en direct sur le Web, la composition d’un éminent jury
international, la création de liens avec les différents paliers de
gouvernement avec insistance sur le municipal et l’importance de rester
en contact avec les anciens lauréats. Certes, le CMIM est encore jeune
à côté du CRE de 64 ans son aîné, mais à voir l’ensemble de
ses réussites, des lauréats à l’excellence de l’ensemble des
candidats, il semble déjà se démarquer de la masse.
Les jurys
Si les candidats représentent l’âme
d’un concours, le jury est certainement son assise et il se doit d’être
le gage ultime de qualité par sa franchise, sa notoriété et ses décisions
qui peuvent, dans le cas du CMIM, aller jusqu’à n’octroyer aucun
premier prix ou autre prix spécial. Cette année, à l’exception
de Louise Forand-Samson (Canada), qui fait jalouser Montréal avec son
Club musical de Québec, tous les membres du jury sont d’éminents
lauréats de prestigieux concours internationaux et enseignent dans
de grandes écoles réputées pour le piano : Arnaldo Cohen (Brésil),
Dang Thai Son (Vietnam), André De Groote (Belgique), Marc Durand (Canada),
Piotr Paleczny (Pologne), Imre Rohmann (Autriche), Peter Rösel (Allemagne)
et Jacques Rouvier (France).
Un grand événement culturel à Montréal
Après tous les bouleversements que la
musique classique a connus ces dernières années, de la saga Espace
Musique/Chaîne culturelle à Radio-Canada à la récente tentative
de mise à mort de la Chapelle historique du Bon-Pasteur, plusieurs
seront rassurés de constater que certains fiefs classiques sont bien
défendus. En effet, le CMIM est en train de devenir un des fleurons
culturels de la métropole; ne cherchez pas d’équivalent chez nos
voisins ontariens, il n’y en a pas. Le CMIM est une spécificité
au Québec et un événement unique au pays. Voilà de la matière à
nourrir ce rêve de « Montréal métropole culturelle ». Les Jeunesses
Musicales peuvent s’enorgueillir de diriger le CMIM. Or, aussi dynamiques
que puissent être les organisateurs, et ils le sont, il reste nécessaire
de protéger et surtout de promouvoir un tel événement afin d’arriver
à en faire une tradition, en faire notre culture.
Quarts de finale : 20, 21 et 22 mai, à
13 h et 19 h
Demi-finales : 23 mai à 19 h et 24 mai
à 13 h et 19 h
Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau.
Finales : 26 et 27 mai, à 19 h 30
Théâtre Maisonneuve de la Place des
Arts
Concert gala : 29 mai à 19 h 30
Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des
Arts |
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