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La Scena Musicale - Vol. 13, No. 5 février 2008

Le barbier de Séville

Par Pierre M. Bellemare / 12 février 2008


Le barbier de Séville en CD et DVD

Repères discographiques

Reconnu comme un chef-d’oeuvre depuis sa première et demeuré immensément populaire par la suite, Le Barbier de Séville a été enregistré à maintes reprises, depuis l’époque du 78 tours. Parmi ces enregistrements, dont plusieurs ont quelque chose de spécial à offrir, il en est un qui n’a jamais cessé de faire la liste des incontournables depuis sa sortie, aux premiers jours de la stéréophonie. Il s’agit de l’enregistrement Angel-EMI (1957 - EMI 56310) dirigé par Alceo Galliera et mettant en vedette Maria Callas en Rosine et Tito Gobbi en Figaro, épaulés par Luigi Alva (Almaviva), Niccola Zaccaria (Basilio) et Fritz Ollendorff (Bartolo).

Au plan textuel, c’est un Barbier très arrangé, avec d’assez nombreuses coupures et divers ajouts et modifications dont l’adaptation du rôle de Rosine aux contours de l’instrument vocal si particulier de Mme Callas. D’un autre côté, l’esprit d’équipe des membres de la distribution atteint un niveau de complicité rare, même sur scène, et qui génère un entrain irrésistible. Chaque rôle y trouve son interprète idéal et tous les chanteurs sont très drôles, sans toutefois jamais compromettre le style ou le bon goût.

Si vous n’êtes pas un admirateur de Callas, vous préférerez sans doute la version Abbado (1972) sur Deutsche Grammophon, un autre enregisrement studio qui jouit d’un prestige presque aussi grand et qui domine aussi la discographie DVD car il existe également en vidéo. Cet enregistrement qui, 35 ans après, demeure disponible dans les deux médias (vidéo: 000427909; audio 457733) à des prix très avantageux, met en vedette Teresa Berganza (Rosine), Hermann Prey (Figaro), Luigi Alva (encore !) en Almaviva, Paolo Montarsolo (Basilio) et Enzo Dara (Bartolo) - une distribution très solide, en dépit de faiblesses mineures. Berganza est aussi délicieusement malicieuse à sa façon que l’était Callas et elle présente l’avantage comparatif d’être une véritable mezzo (et quelle mezzo !), tandis qu’Enzo Dara se classe d’emblée dans l’élite des clowns chantants qui, au fil des ans, se sont illustrés dans le rôle de Bartolo. Par contre, le Figaro d’Hermann Prey est un peu trop posé, trop classique, pour ne pas dire mozartien.

Quant à la version DVD, qui relève de l’opéra filmé, on l’aimera un peu, plutôt, beaucoup ou énormément, selon sa réaction à l’humour visuel du metteur en scène Jean-Pierre Ponnelle. Celui-ci est très, très inventif, même un peu trop au goût de certains, notamment dans le finale du premier acte, où la farce tend à l’emporter sur la comédie.

Le nombre de versions DVD du Barbier actuellement disponibles ou qui l’étaient encore récemment frise la douzaine, dont une production scénique de Dario Fo (Image Entertainment, épuisé) qui déroutera les uns et charmera les autres, une vieille production télévisuelle en allemand avec Wunderlich en Almaviva et…Hans Hotter en Basilio (Deutsche Grammophon, 000577509), un écho du Festival de Glyndebourne de 1982, où la jeune Maria Ewing triomphe en fausse ingénue (Kultur, 2101), et plusieurs autres, dont aucune, cependant, ne parvient à remettre en question l’hégémonie, pourtant souvent contestée, de la version Abbado/Ponnelle.

Pierre Marc Bellemare


(c) La Scena Musicale 2002