Critiques/Reviews
April 30, 2007
Politique de critique : Nous présentons
ici tous les bons disques qui nous sont envoyés. Comme nous ne recevons
pas toutes les nouvelles parutions discographiques, l’absence de critique
ne présume en rien de la qualité de celles-ci. Vous trouverez des
critiques additionnelles sur notre site Web www.scena.org.
Review Policy: While we review
all the best CDs we get, we don’t always receive every new release
available. Therefore, if a new recording is not covered in the print
version of LSM, it does not necessarily imply that it is inferior. Many
more CD reviews can be viewed on our Web site at www.scena.org.
HHHHHH indispensable / a must!
HHHHHI excellent / excellent
HHHHII très bon / very good
HHHIII bon / good
HHIIII passable
/ so-so
HIIIII mauvais / mediocre
$ <
10 $
$$ 10–15
$
$$$ 15–20
$
$$$$ >
20 $
Critiques / Reviewers
AL Alexandre
Lazaridès
CPP Catherine
Paiement-Paradis
GB Guy
Bernard
IP Isabelle
Picard
PG Philippe
Gervais
RB Réjean
Beaucage
RBr René
Bricault
JKS Joseph
K. So
FC Frédéric
Cardin
Disque du mois
Debussy
Children’s Corner
Children’s Corner (orch. Caplet), Six
Épigraphes antiques (orch. Ansermet), Clair de lune (orch. Stokowski),
Sarabande (orch. Ravel), Danse (orch. Ravel), La soirée dans Grenade
(orch. Busser), Petite Suite (orch. Busser), Clair de lune (orch. Caplet)
Orchestre symphonique de Québec / Yoav
Talmi
Atma, SACD2 2377 (73 min)
HHHHHH
$$$
Pour leur première collaboration, la
maison de disques Atma et l’Orchestre symphonique de Québec ont concocté
un magnifique disque consacré à la musique de Claude Debussy. L’intérêt
est en partie dû au choix du répertoire: des orchestrations d’œuvres
pour piano de Debussy peu ou pas enregistrées. Mais la qualité de
l’interprétation et de l’enregistrement y sont également pour
beaucoup. Toutes les sections de l’OSQ sont mises en valeur; l’hautboïste
Philippe Magnan, la flûtiste Jacinthe Forand et le clarinettiste Stéphane
Fontaine, notamment, ont l’occasion de démontrer leur savoir-faire.
Sous la direction nuancée de Yoav Talmi, l’orchestre rend avec finesse
toutes les couleurs de cette musique, et l’enregistrement permet d’en
saisir chacun des détails. On sait déjà que l’OSQ et Atma travaillent
à d’autres projets, et nous les attendons avec impatience.
Isabelle
Picard
Musique vocale
Beethoven
Fidelio
Christine Brewer, John Mac Master, Kristinn
Sigmundsson, Juha Uusitalo, Sally Matthews, Andrew Kennedy, Daniel Borowski
London Symphony Orchestra / Colin Davis
LSO Live, LSO0593 (2 SACDs: 120 min)
HHHHHI
$$$$
LSO Live’s new Fidelio
is another successful exam-ple of self-publishing. Recorded live from
two performances at the Bar-bican in May 2006, it features a wonderful
Leonore by American soprano Christine Brewer whose gleaming tone and
heroic strength is never lacking in womanly warmth; her great scena
“Abscheulicher” is a highlight. Canadian tenor John Mac Master brings
a dramatically fervent and musically engaging Florestan. Other than
a slight blip in the long-held, opening “Gott” and occasional pitchiness,
he copes better than most tenors with the high tessitura of his aria.
Kristinn Sigmundsson’s imposing but warm bass is perfect as Rocco.
His countryman Juha Uusitalo (Pizzaro) is suitably menacing. Sally Matthews
and Andrew Kennedy make a youthful-sounding pair of lovers. Top honours
go to Sir Colin Davis and the London Symphony. Although, Davis already
recorded this in 1995 with Deborah Voigt and Ben Heppner on RCA, this
new release is preferred and ranks very high amongst such recordings
of the past thirty years. Joseph K. So
Handel
Il duello amoroso
Andreas Scholl, Hélène Guilmette
Accademia bizantina / Ottavio Dantone
Harmonia Mundi, HMC901957 (72 min)
HHHHHI
$$$
Séjournant en Italie dans sa jeunesse,
entre 1706 et 1710, Handel y découvre un style musical qu’il assimile
rapidement, au grand étonnement de ses hôtes auxquels il offre, en
plus d’opéras et d’oratorios, une centaine de cantates profanes.
Trois d’entre elles sont ici réunies, dont l’amusant Duello
amoroso, dispute du berger amoureux et de sa farouche bergère,
incarnée par la soprano québécoise Hélène Guilmette, légère et
virtuose à souhait. Particulièrement séduisantes sont les deux autres
cantates, accompagnées du seul continuo (harpe, théorbe, clavecin…),
qu’on pourrait croire sorties de la plume de Caldara ou d’Alessandro
Scarlatti, tant elles exhalent d’italianité ! Scholl, à qui convient
très bien ce répertoire intimiste, s’y montre habité et chaleureux,
attentif aux moindres détails sans perdre de vue l’effet d’ensemble.
Une sonate en trio et une dernière cantate, Mi palpita il cor,
celle-là écrite à Londres, mais toujours dans le style italien, viennent
compléter ce disque, très recommandable. Rappelons tout de même que
Scholl avait proposé, en 1993, un programme presque identique (chez
Accord, à rééditer !), où la voix offrait de plus fraîches couleurs. Philippe
Gervais
Roberto Alagna
Viva l’Opera !
Deutsche Grammophon, DG 477 6563
(2 CD : 147 min)
HHHHHI
$$$
Celui que des critiques ont surnommé
le « quatrième ténor », successeur de Pavarotti, Domingo et Carreras,
nous livre, dans cette anthologie de quelque quarante extraits d’opéra
enregistrés entre 1995 et 2006, la somme de son savoir-faire. On est
en présence d’une voix généreuse jusqu’à la témérité, à
laquelle on peut reprocher de pousser parfois la note et d’étrangler
çà et là les aigus (en revanche, que de notes miraculeusement tenues
en pianissimo !), mais qui ne manque pas d’emporter à la longue toute
réticence. Alagna possède un vaste répertoire lyrique, essentiellement
italien et français (sans aborder Mozart qui, dit-il, ne convient pas
à sa voix), dans lequel il évolue avec l’aisance du propriétaire
des lieux, quoique les rôles introspectifs verdiens, comme celui d’Otello,
lui réussissent moins bien que ceux, plus à fleur de peau et conformes
à son propre tempérament expansif, de Puccini, de Donizetti et des
véristes en général. Deux heures et demie d’un bonheur de chanter
contagieux, et un complément tout à fait approprié à la lecture
de l’autobiographie du ténor franco-sicilien parue récemment chez
Grasset.
Alexandre Lazaridès
Musique instrumentale
J.S. Bach
Six Solo Cello Suites BWV 1007-1012
David Kennedy, violoncelle
Signum Classics, SIGCD091 (2 CD : 142
min)
HHHIII $$$
« C’est grâce à ces Suites et à
leurs interprétations par Pablo Casals que j’ai su que je devais
jouer du violoncelle », écrit David Kennedy dans la pochette de son
nouveau disque. Les Six suites pour violoncelle de Bach, ignorées
pendant près de deux siècles avant d’être redécouvertes par le
musicien espagnol au xxe siècle, sont effectivement un incontournable
du répertoire et ont certainement dû influencer plus d’un violoncelliste.
Avec les concertos de Dvorˇa´k et Britten, les Suites de Bach
restent parmi les œuvres les plus célébrées du répertoire pour
violoncelle. De Casals à Rostropovitch et de Fournier à Yo-Yo Ma,
tous les grands violoncellistes ont enregistré leur version. Au tour
maintenant de David Kennedy, collaborateur du London Piano Quartet,
d’offrir son interprétation. Le tempo lent et le style carré, voire
académique du Prélude de la 1ère suite agace (si l’on
compare aux versions énergiques et passionnées de Turovsky et Fournier),
mais le violoncelliste originaire de Belfast offre, pour le reste des
six études, une interprétation sentie et riche, qui bien que manquant
de force par moments, reste tout de même digne d’intérêt.
Catherine
Paiement-Paradis
Beethoven
Symphonies Nos 1-9, transcribed
for Piano by Franz Liszt
Konstantin Scherbakov, piano
Naxos, 8.505219 (5 CD : 5 h 46 min)
HHHHHI
$$$$
C’est dans sa série des « Œuvres
complètes pour piano » de Liszt que la maison Naxos a placé la transcription
des symphonies de Beethoven, non sans raison, étant donné l’originalité
de ce travail qui avait occupé le pianiste-compositeur hong-rois une
trentaine d’années. La réduction de ces œuvres au clavier fascine
par l’ingéniosité dont fait preuve Liszt pour caractériser les
couleurs des diverses sections de l’orchestre, rendre sur deux portées
la complexité des chants et des voix ou éclairer la structure de chaque
mouvement. En fait, on peut considérer ces transcriptions comme une
radioscopie éclairante des symphonies, même si le résultat n’est
pas toujours convaincant. Le finale de la Neuvième montre les
difficultés et les limites d’une opération de ce genre ; en revanche,
le dernier mouvement de la Cinquième est un tour de force crépitant
! Konstantin Scherbakov est à la hauteur des difficultés tant techniques
que musicales de ces transcriptions. Les passages d’ensemble sont
rendus à fond de clavier, avec une belle ampleur sonore, mais l’interprète
sait trouver la délicatesse voulue pour les thèmes instrumentaux qui
en réclament, au début de l’Héroïque, par exemple. La palette
de toucher et d’atmosphère est impressionnante, et le tout est rendu
par une prise de son équilibrée. AL
Brahms
Symphony No. 3 ; Haydn Variations
London Philharmonic Orchestra / Marin
Alsop
Naxos, 8.557430 (56 min)
HHHHHI
$
Marin Alsop, chef d’orchestre saluée
par la
critique internationale, semble encore presque totalement inconnue chez
nous.Difficile d’expliquer la chose. Marin Alsop dirige ici le célèbre
ensemble anglais dans une version de la Symphonie no
3 de Brahms qui marque par sa clarté, sa justesse, son timbre adouci
et son style ouvert, près de la nouvelle génération de chefs. La
césure avec les grandes versions de Haitink / Concertgebouw, par exemple,
est évidente. Dans une réalisation de premier plan où la maison ne
lésine pas sur la présentation, on est d’abord frappé par la prise
de son de grande qualité. En fait, une captation de si haut niveau
est loin de faire regretter l’habitude de l’enregistrement en concert
qu’avait développée l’orchestre dans les années 90. Guy Bernard
Debussy
Volume II
Pascal Rogé, piano
Onyx (76 min)
HHHHHI
$$$$
Rogé est un debussyste de longue date
; plusieurs de ses enregistrements Decca / London des années 70 sont
toujours disponibles, mais en voie d’être surclassés par ce nouveau
début d’intégrale (les deux livres de Préludes sont proposés
au vol. I). Le secret ? Certes, il y a les tempi légèrement plus lents
qui aident à mieux articuler les nombreux passages casse-cou. Le son
plus neutre, moins feutré que celui des Decca, aide aussi à « désembrumer
» l’impress-ionniste. Mais force est d’admettre que c’est la
maturation technique de Rogé qui compte plus que tout. Certains détails
d’inter-prétation ne plairont pas à tous (et n’oublions pas que
ce ne sont pas ici les œuvres les plus importantes du compositeur,
les Estampes exceptées), mais le jeu de pédales et le doigté
assuré de Rogé m’ont convaincu qu’il mérite d’être considéré
comme un des « grands » dans ce répertoire. On attend la suite… René
Bricault
Mozart
Am Stein vis-à-vis
Andraes Staier, Christine Schornsheim,
vis-à-vis
Harmonia Mundi, HMC901941 (63 min)
HHHHII
$$$$
Voici un disque intrigant ! Andreas Staier
a retrouvé et fait restaurer un très rare exemplaire d’un instrument
joliment app-elé vis-à-vis, construit par le facteur Stein
en 1777. Il s’agit d’un grand clavecin placé face à un pianoforte,
les deux tables d’harmonie étant soudées pour ne former qu’une
caisse de résonance. Occasion de présenter sous un jour nouveau des
pages de Mozart, qui estimait le travail de Stein, et aussi de rappeler
que piano et clavecin, loin d’avoir été toujours en compétition,
ont pu se côtoyer amicalement. Staier et sa complice Christine Schornsheim
s’amusent ici follement et déploient une virtuosité étourdissante,
ajoutant à deux sonates que Mozart avait originalement destinées à
quatre mains quelques arrangements très réussis, dont une transcription
des six Danses allemandes. Le piano possède, du fait de ses
marteaux en bois nu, une agréable sonorité exotique proche de celle
du tympanon. Le clavecin, en revanche, avec ses trois claviers et ses
multiples registres, paraît par moment un peu ferraillant, rappelant
même, bien que de loin, les redoutables instruments de Wanda Landowska
! Une curiosité fascinante, mais qui ne plaira pas aux amateurs de
sonorités polies. PG
Mozart
Così fan Tutte
Pentaèdre
Atma, ACD2 2545 (76 min)
HHHHHI
$$$
Pentaèdre, prolifique quintette à vent
montréalais reconnu à l’échelle internationale, fait ici (re)découvrir
Così dans un arrangement Ulf Guido Schäfer / Pentaèdre. Pour
les lecteurs n’habitant pas la métropole, voici le contexte : Il
y a quelques semaines, avec un battage médiatique assez inhabituel
dans la sphère classique, Pentaèdre présentait rien de moins que
Così dans une version opéra muet, de paire avec les mimes de la
troupe Omnibus. Cette parution chez Atma en est donc la version CD.
Tout comme l’indique Mathieu Lussier, bassoniste de l’ensemble,
dans ses très pertinentes notes de programme, le support visuel n’est
pas nécessaire à l’audition de l’œuvre. Bien sûr, on n’écoute
pas l’enregistrement sous l’angle d’un succédané du véritable
opéra. On l’aborde plutôt comme un arrangement brillant, mettant
en relief le génie mozartien, entre les doigts d’un quintette à
vent virtuose tant au niveau individuel que collectif. GB
Rameau
Keyboard Suites
Angela Hewitt, piano
Hyperion, SACDA 67597 (78 min)
HHHHHI
$$$$
Après Bach, Couperin, Ravel et la récente
digression vers Beethoven (qui n’a pas fait l’unan-imité), voici
que la pianiste canadienne la plus connue au monde s’attaque à l’œuvre
de Jean-Philippe Rameau. Le terrain est naturel pour Mme Hewitt, et
cela est évident dès les premières notes. La rigueur technique est
toujours présente. Pour certains, c’est parfois trop, mais en ce
qui concerne votre humble serviteur, cette netteté des contrastes,
cette limpidité des voix, ne font qu’amplifier l’impact qu’a
sur nous l’exceptionnelle musicalité de cette pianiste. Une musicalité
qui selon toute vraisemblance a profité de son contact avec l’univers
expansif des sonates de Beethoven, et celui, organique et impre-ssionniste,
de Maurice Ravel. La froideur d’une trop grande perfection technique
est ici « humanisée » par la remarquable souplesse et la superbe
flexibilité d’une artiste stimulante, et dont le parcours continuera
d’être à la fois passionnant et fascinant.
Frédéric
Cardin
R. Strauss
Metamorphosen
Nash Ensemble
Hyperion, CDA67574 (77 min)
HHHHHI
$$$$
La complexe conduite des voix constitue
certes un des aspects les
plus intéressants de l’écriture musicale du postromantisme germanique.
C’est pourquoi l’arrangement par Rudolf Leopold, pour septuor à
cordes, des Metamorphosen (basé sur la particelle originale
du compositeur) est si efficace. Sacrifiant une partie du lustre opulent
de la version pour 23 cordes (rappelez-vous Karajan), on redécouvre
la richesse contrapuntique de ce chef-d’œuvre tardif. La conception
architecturale du Nash Ensemble manque sans doute un brin de sens de
la respiration, mais fait ressortir l’esprit durchcomponiert
du style straussien. Articulation plus réussie pour le Quatuor de jeunesse
(écrit quelque 60 ans plus tôt !), interprété de façon franchement
irréprochable ; idem pour le passionné Prélude de Cappriccio,
dont les qualités de proximité, d’équilibre et de chaleur (oh !
ces pianissimi !) impressionnent toujours. Versions « propres
», en bout de ligne, mais non sans âme, loin de là.
RBr
Arturo Toscanini’s Complete Concert
of March 21 1954
Rossini : Ouverture du Barbier de Séville
; Tchaïkovski : Symphonie no 6
NBC Symphony Orchestra / Arturo Toscanini
Music and Arts, CD-1194 (58 min)
HHHHII
$$$$
Arturo Toscanini fut à la tête de plusieurs
orchestres au cours de sa carrière, mais il est surtout demeuré célèbre
pour ses années passées à tyranniser les membres du NBC Symphony
Orchestra, ensemble créé spécialement pour lui en 1937. Figure
emblématique du maestro despote, il est un des premiers chefs
à avoir été vraiment médiatisé, notamment par le biais de ses concerts
radiodiffusés. C’est auprès de ce même ensemble qu’il est ici
entendu, au Carnegie Hall, quelques jours avant son dernier concert.
Toscanini a alors 87 ans. Bien restauré, l’enregistrement (stéréo
!) souligne certains traits stylistiques de l’époque et du chef.
Par exemple, les tempi plus vifs et l’expression enflammée surprennent,
mais ne dénaturent jamais le discours musical. Toutefois, on y dénote
des décalages importants entre bois et cordes. En dépit de cela, le
NBC Symphony Orchestra était un ensemble de très haut niveau.
Tout y est : justesse, contrôle, sincère émotion. Le livret est,
comme c’est l’habitude chez Music and Arts, écrit avec soin
et détails. GB
En compagnie de Samuel de Champlain
–
De Brouage à Québec
Terra Nova
Disques Lyres, LLL 06010 (51 min)
HHHIII
Pour nous préparer aux célébrations
du 400e anniversaire de la fondation de Québec, en 2008,
la maison Disques Lyres fait paraître, dans sa collection du patrimoine,
un disque qui veut évoquer, en musique, « le fabuleux parcours de
Champlain, de sa jeunesse jusqu’à la fondation de Québec en 1608
». On y retrouve de la musique de cour, de la musique populaire, quelques
morceaux traditionnels amérindiens… 24 pièces qui nous mettent dans
l’ambiance du xvie siècle. Le tout est interprété sur
instruments d’époque par l’ensemble Terra Nova, formé des musiciens
de l’ensemble québécois Stadaconé et de six musiciens français.
La direction artistique est assurée par François Leclerc, qui signe
également plusieurs des arrangements musicaux. Un disque purement instru-mental,
d’écoute agréable, qui a bénéficié de la collaboration du Musée
de la civilisation de Québec et du Conseil Général de la Charente-Maritime. IP
Journey
Les Boréades / Francis Colpron
Atma, ALCD2 1037 (78 min)
HHHHII
$$
Ce disque est un florilège extrait de
la production discographique de l’ensemble Les Boréades.
L’avantage d’un tel album : un répertoire varié (fermement ancré
dans le baroque, il faut le dire), basé sur certains des plus beaux
titres enregistrés précédemment, et qui propose une large palette
de couleurs. On peut ainsi comparer l’enthousiasme débordant mais
teinté d’imperfections des débuts, à la grande maturité d’expression
atteinte lors des enregistrements plus récents. Il est facile de constater
le chemin parcouru par un ensemble qui a su remplir les promesses initiales
en devenant l’un des meilleurs de la nébuleuse baroque. Un plaisir
renouvelé pour tous ceux qui connaissent déjà l’ensemble, et une
occasion en or de le découvrir pour tous les néophytes.
FC
Stravinsky / Prokofiev
Moscow Soloists / Yuri Bashmet
Onyx, 4017 (67 min)
HHHHHH
$$$$
J’admettrai sans fauxfuyant que je
pense qu’aucune des œuvres présentées ici n’est indispensable.
Par contre, je mets au défi tout amoureux de musique russe d’écouter
ce disque et de s’avouer déçu ! En effet, Bashmet réussit plusieurs
tours de force simultanés : d’abord, il redonne vie et piquant à
Apollo, un ballet trop souvent joué avec un stoïcisme fade et
ennuyeux. En même temps, il le colore d’un « russisme » que je
ne lui connaissais pas, et ce sans sacrifier son caractère néo-classique
pour autant (cela s’applique également au Concerto en ré
: quelle intense nervosité rythmique !) Sans tomber dans un subjectivisme
à l’eau de rose nationaliste, je ne peux m’empêcher de trouver
qu’un authentique esprit russe souffle sur l’ensemble, surtout dans
les Visions fugitives de Prokofiev, qui profitent non seulement
ici de leur premier enregistrement intégral pour orchestre à cordes,
mais aussi d’un enregistrement de référence : trémolos, harmoniques,
pizzicatos, toute la ribambelle d’effets des arrangements judicieux
de Barshai et Balashov sont exécutés avec un savoir-faire à couper
le souffle.
RBr
Yundi Li
Chopin, Liszt : Piano Concerto No. 1
Philharmonia Orchestra / Andrew Davis
Deutsche Grammophon, DG 4776402 (56 min)
HHHIII
$$$
Il faut se garder d’écouter les
Nocturnes de Chopin par Pollini, parus l’an dernier sous la même
étiquette, avant cet enregistrement, car les maniérismes de Yundi
Li n’en seraient que plus patents. L’incapacité du jeune pianiste
chinois à tenir la phrase sans faire des dégradés de son « expressifs
», devient vite exaspérante. Dans le Premier Concerto de Liszt
comme dans celui de Chopin, la virtuosité, évidente, tient du bavardage
dont on ne perçoit pas la ligne directrice. Il faut dire que le piano
sur lequel joue Li semble désaccordé et que la prise de son, trop
proche, ne fait qu’aggraver l’inconfort de l’écoute. L’accompagnement
orchestral de Davis, particulièrement insipide dans Chopin, est nettement
inféodé à la partie soliste. Un disque de vedettariat (douze photos
du pianiste montré sous tous les angles, dont cinq en pleine page,
figurent dans le court livret du programme) qui n’apporte rien à
la discographie de ces deux œuvres. Un disque qui s’oublie avant
même de prendre fin. AL
Musique contemporaine
Hamel
La trilogie du presto
Atma classique, ACD2 2396
(67 min)
HHHHHI
$$$
Il y a longtemps qu’on attendait une
monographie consacrée à André Hamel, et l’att-ente en valait la
peine. Le disque s’ouvre sur À huit (2001), interprétée
par les quatuors de saxophones Quasar (Québec) et ARTE (Suisse). On
regrette un peu que l’œuvre, conçue pour être spatialisée (Hamel
est aussi l’un des membres du collectif Espaces sonores illimités),
ne soit pas présentée dans un enregistrement en 5.1, mais le regret
s’estompe devant la luxuriance sonore qui s’offre à nous, le compositeur
explorant de fond en comble les possibilités surprenantes qu’offre
l’octuor de saxophones. La trilogie du titre regroupe trois pièces
pour solistes (le percussionniste Julien Grégoire, la violoncelliste
Catherine Perron et la pianiste Angela Tosheva). Comme l’explique
le compositeur dans les excellentes notes du livret, l’écriture pour
soliste appelle souvent le recours à la virtuosité ; « Solution de
facilité ? Peut-être. Sûrement pas pour l’interprète, cela dit.
» En effet ! Les œuvres pour percussion et pour violoncelle sont sans
doute les plus spectaculaires, mais la musique d’André Hamel est
bien davantage un souffle personnel qu’une accumulation de tours de
passe-passe. C’est aussi vrai dans L’Heure bleue (2003),
pour clavecin (Catherine Perrin) et traitement numérique en temps réel,
l’une des rares expériences réussies de mise à jour du clavecin.
Réjean
Beaucage
Tremblay
Le signe du lion
Centredisque, CMCCD 12507 (57 min)
HHHHII
$$$
L’ensemble Aventa, basé à Victoria,
nous visitait en février dernier à l’occasion d’une invitation
de l’Ensemble contemporain de Montréal. Le présent enregistrement
permet de retrouver l’ensemble de Colombie-Britannique sur deux œuvres
de Gilles Tremblay (la pièce titre est un bref duo cor/tam tam).
Solstices (ou Les jours et les saisons tournent) (1971) dans une
version pour flûte, clarinette, cor, contrebasse et percussion, est
un ballet de timbres qui peut être exécuté par un, deux, trois ou
quatre ensembles ; la présente version, avec une prise de son impeccable,
donne vraiment envie d’entendre en concert une version spatialisée.
C’est la pianiste Louise Bessette qui se taille la part du lion dans
le concerto pour piano et quinze instrumentistes Envoi (1982-83),
mais il faut aussi souligner le jeu de Darnell Linwood au cor, très
sollicité dans les trois pièces ; œuvre faite d’ambiances nocturnes
et qui distille un propos hachuré, le concerto n’a que bien peu à
voir avec Mozart, qu’évoque pourtant le compositeur dans ses notes.
L’auditeur séduit par la musique de Tremblay aura une bonne idée
en se procurant aussi le volume trois de la série Ovation (Les disques
SRC, collection Perspective, PSCD 2028-5) qui offre deux œuvres orchestrales
de Tremblay (Fleuves, de 1976, et Les Pierres crieront,
de 2000, par l’Orchestre national de France) et L’arbre de Borobudur
(1994), interprétée par le Evergreen Club Gamelan Ensemble sous la
direction de Walter Boudreau (les quatre autres disques de ce volume
sont consacrés à Talivaldis Kenins, Norma Beecroft, John Beckwith
et Barbara Pentland). Pour compléter la découverte de la musique de
Tremblay, on écoutera avec plaisir le volume de sa collection Portrait
que Centredisque lui a consacré, et qui recueille des œuvres composées
entre 1964 et 2001, de même qu’un portrait audio réalisé par Ethan
Cornfield (en anglais).
RB
Amours
Jean-Guy Boisvert, clarinette ;
Louise-Andrée Baril, piano
Société nouvelle d’enregistrement,
SNE-652-CD (69 min)
HHHHII
$$$
Le clarinettiste Jean-Guy Boisvert est
un spécialiste du répertoire contemporain pour son instrument. On
se sou-vient l’avoir vu, il y a 10 ans, à la SMCQ, inter-prétant
avec brio Harlekin de Stockhausen, et on le retrouve ici avec
plaisir interprétant les cinq pièces du cycle Amour (1976),
du même compositeur. L’instrumentiste adopte une toute autre façon
de jouer, très nasale, pour Melisma (1995) de Christos Hatzis,
une œuvre qui s’inspire librement du folklore grec, et encore une
autre pour Clarinette-Terre (1990), de Denis Gougeon, où la
pianiste vient soutenir ses envolées, comme elle le fait aussi dans
le Nocturne (1977) de Jacques Hétu. C’est à une bande concoctée
par Alcides Lanza que se frotte la clarinette dans ektenes III
(1995), en plus de subir quelques modifications électroniques, et elle
se branche à une interface MIDI pour déclencher les électroniques
interactives
programmées par Keith A. Hamel pour ses très originales Traces
(1995). Toutes les œuvres, sauf celles de Stockhausen, sont
enregistrées ici pour la première fois. Un très beau panorama. RB
Mélanie Auclair : Décor sonore
Mélanie Auclair, violoncelle ; Simon
Meilleur, bruitage ; Jean-Sébastien Cyr, électroniques ; Luc Sicard,
piano ; Antoine Berthiaume, guitare ; Lori Freedman, clarinette basse
; Martin Léon, narrateur
Ambiances magnétiques, AM 158 CD (48
min)
HHHIII
$$$
La distribution musicale et les titres
des pièces de ce disque (Les volets mous, Bhâvana, Dessine-moi
du temps, Séques-ration des breuvages, etc.) semblaient laisser
présager une aventure musicale éclatée et foisonnante de timbres
et de sonorités diverses. Les premières pièces donnent l’impression
de remplir cette attente : grincements de violoncelle (solidement maîtrisé
par Mélanie Auclair), éclats de guitare, bruits échantillonnés...
Mélanie Auclair crée une poésie des sons et des bruits qui flirte
avec un certain surréalisme. Cependant, après une quinzaine de minutes,
l’auditeur constatera que la palette initiale ne s’est pas élargie
et que certains instruments (telle la clarinette basse, jouée par Lori
Freedman, ce qui n’est pas rien !) demeurent trop discrets, voire
carrément sous-utilisés, et ce jusqu’à la fin. Auclair semble posséder
beaucoup d’imagination, mais elle ne l’utilise pas à son plein
potentiel expressif. À souligner, la réjouissante participation de
Martin Léon dans des versions disjonctées de deux fables de Lafontaine. FC
The Carbon Copy Building
Michael Gordon, David Lang, Julia Wolf
: music ; Ben Katchor : text and drawings
Cantaloupe, CA21038 (72 min)
HHHIII
$$$$
Voici une autre tentative de « renouvellement
de l’opéra », et qui nous vient cette fois-ci du trio derrière
l’organisme protéiforme américain Bang on a Can, vitrine no
1 dans la musique contemporaine au pays de l’Oncle Sam. Quatre voix
et quatre musiciens (guitare élect-rique, percussion, cla-viers , bois)
racontent l’histoire pour le moins étrange de deux immeubles jumeaux,
l’un situé dans les beaux quartiers, l’autre dans un quartier sordide.
Le concept « rock band meets opera » n’est pas nouveau en soi et,
dans le genre, on pourra préférer le Joe’s Garage de Frank
Zappa, dans lequel les voix étaient mieux intégrées que celles, propres
et professionnelles, employées ici (et qui voisinent quelques
fois drôlement avec le fuzz de la guitare électrique...). La
plus grande innovation consiste sans doute en ce livret réalisé sur
le modèle d’une bande-dessinée (Katchor serait l’auteur d’une
série culte dans le genre). La production scénique mériterait sans
doute le détour, et certains moments sont très réussis, mais l’ensemble
laisse une impression vague.
RB
DVD
Mozart
Le Nozze di Figaro
Pietro Spagnoli, Annette Dasch, Concerto
Köln / René Jacobs
Mise en scène : Jean-Louis Martinoty
BelAir Classiques, BAC017 (182 min)
HHHHII
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L’approche de Jacobs face à cet opéra
est tout à fait moderne dans sa volonté d’utiliser les pratiques
d’exécutions du temps avec imagination, en tenant compte des connaissances
actuelles du passé. Si le but n’est autre que de servir l’œuvre,
c’est mission accomplie. Si le but est de rendre aux Noces,
comédie d’intrigue, son côté comique, il faut avouer que la chose
est à revoir. Mise en scène très classique, orchestre de renom jouant
sur instruments d’époque, chef contrôlant tous les paramètres musicaux,
comment se fait-il que, même dans les meilleures dispositions d’écoute
et de visionnement, l’œuvre peine à créer plus d’intérêt q’un
télé-théâtre ? Cette quête du style « naturel », cette réflexion
sur le récitatif et sur l’ornement d’après la nouvelle édition
Bärenreiter peuvent-ils passer sur scène sans pour autant percer l’écran
? Je ne le crois pas. Cependant, à force d’intégrité, de questionnement
esthétique et philologique de la part de Jacobs et Martinoty, on reconnaît
que derrière cette version sans artifice, se cache un petit joyau musicologique. GB
Shostakovich
Lady Macbeth of Mtsensk
Eva-Maria Westbroek, Christopher Ventris,
Vladimir Vaneev, Ludovit Ludha
Royal Concertgebouw Orchestra / Mariss
Jansons
Opus Arte, OA 0965 D (2 DVDs; 236 min)
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Given that 2006 was the Shostakovich
centennial, there was a rush by opera companies to mount his masterpiece
Lady Macbeth of Mtsensk. This DVD from the Nederlandse Opera stars
Dutch soprano Eva-Maria Westbroek (Katerina) and British tenor Christopher
Ventris (Sergey). Their performances here are truly definitive, especially
that of Westbroek. The supporting cast is absolutely first rate. Nederlandse
Opera has a reputation for the extreme sort of regietheater,
but this is one of their success stories. This gritty modern-dress production
is timeless – there is absolutely nothing Russian about it. There
is no Siberia and no river in Act Three, and no cellar to bury Zinovy.
The stage is empty except for a rectangular box that serves as Katerina’s
“glasshouse”. The bored and sexually frustrated Katerina surrounds
herself with countless pairs of shoes. When the handsome workman Sergey
appears, she is easily seduced and the drama takes its inexorable turn.
Director Martin Kusej does not believe in sugar-coating anything. The
rape scene of the kitchen maid Aksinya is so realistic that it is difficult
to watch. No, this Lady Macbeth is not for the faint of heart.
Mariss Jansons conducts the magnificent Concert-gebouw with passion
and fire, achieving an intensity that is almost unbearable. The set
includes an excellent documentary with interviews of the principals
and the creative team. This performance is far superior to the one on
EMI from Barcelona. At sixty dollars plus tax, it is quite pricey but
worth every penny. JKS
LIVRES
Gustav Mahler and the NYPO Tour America
Mary H. Wagner
Scarecrow Press, 2006, 239 p.
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Voilà un ouvrage remarquable, qui fait
la lumière sur une période mal connue de la vie de Mahler : celle
où il fut directeur du New York Philharmonic Orchestra. L’orchestre
traversait une période difficile lorsque Mahler a accepté, en 1909,
d’en prendre la direction. En peu de temps, durant les deux dernières
années de sa vie, il est parvenu à en faire le meilleur orchestre
des États-Unis, notamment en augmentant le nombre de répétitions,
en triplant le nombre de concerts et en promenant l’orchestre en tournées
(une première pour le NYPO). L’auteure a fait un travail de recherche
impressionnant, et synthétise le résultat dans un texte efficace,
simple et intéressant. Préparation des tournées, réception des concerts,
construction des programmes, tout y est. L’élogieuse préface signée
Henri-Louis de La Grange est bien méritée.
IP
Brass Scholarship in Review
Stewart Carter, editor
Pendragon Press, Bucina : the Historic
Brass Society Series ; no 6, 2006, 306 p.
HHHHII
Ce sixième ouvrage paru dans la série
Bucina de Pendragon Press présente les textes de conférences prononcées
lors de la Historic Brass Society Conference de 1999, à la Cité de
la Musique de Paris. On y trouve plusieurs signatures, dont celle bien
connue d’Edward H. Tarr (pour un essai sur Oskar Böhme). Mais parmi
les musicologues, universitaires, interprètes et pédagogues, on trouve
aussi un ingénieur et un dentiste ! Les aspects abordés sont évidemment
tous en lien avec les cuivres, mais les points de vue sont variés…
et plutôt pointus. Il ne s’agit pas d’un ouvrage grand public,
on le comprend dès qu’on survole la table des matières. Parmi les
sujets abordés : les propriétés acoustiques de la trompette, le fait
de jouer d’un cuivre avec l’embouchure décentrée, les cuivres
dans les cérémonies maçonniques, l’histoire de la famille Brancho
(famille de trompettistes de Parme durant la Renaissance), etc. Des
textes bien documentés et qui font avancer la recherche, mais qui s’adressent
d’abord au spécialiste (ou au curieux averti).
IP
Hélène de Montgeroult - La Marquise
et la Marseillaise
Jérôme Dorival
Symétrie, 2006, 421 p.
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Hélène de Montgeroult
Bruno Robillard, piano
Hortus, 048 (59 min)
HHHHII
C’est une musicienne maintenant oubliée
(pianiste, compositrice et pédagogue) que nous présente dans cet ouvrage
Jérôme Dorival. Hélène de Montgeroult (1764-1836) a pourtant été
reconnue comme la meilleure pianiste de son temps, elle a été la première
femme nommée professeur au
Conservatoire de musique (en 1795) et
elle a laissé 600 pages de musique pour piano. Marquise par son mariage,
elle a survécu à la période trouble de la Révolution – elle aurait
été épargnée grâce à une improvisation au piano sur le thème
de la Marseillaise. Cet ouvrage est admirablement documenté,
d’une argumentation solide et rondement mené. On suit avec un réel
intérêt la vie (fort mouvementée !) de la musicienne. En complément,
on trouve notamment un catalogue des œuvres et un tableau de repères
chronologiques qui situe la vie d’Hélène de Montgeroult parmi les
événements historiques et artistiques contemporains. Un second ouvrage,
sous-titré La Naissance du piano romantique proposera une étude
analytique de l’œuvre laissée par la compositrice.
Pour entendre la musique de cette
femme, on peut se tourner vers le disque paru chez Hortus. Le pianiste
Bruno Robillard y interprète une dizaine d’études, une fugue, une
fantaisie et une sonate signées Hélène de Montgeroult. On découvre
une personnalité étonnante, déjà tournée vers le romantisme. IP
Je ne suis pas le fruit du hasard
Roberto Alagna (avec la collaboration
de Danièle Mazingarbe)
Bernard Grasset, 2007, 298 p.
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Alagna dit que l’enthousiame est la
qualité qu’il préfère chez un homme ; c’est aussi celle qui le
caractérise le mieux. Le titre de son autobiographie, un peu complaisante
comme l’est toute success story, laisse entendre que sa carrière
de ténor a été forgée par son obstination, ce qui pourrait être
nuancé par l’affirmation selon laquelle « la chance n’avait cessé
de (lui) sourire », depuis ses débuts modestes dans des boîtes de
nuit de la banlieue parisienne jusqu’à la victoire au concours Pavarotti
qui le fit connaître en 1988. Il nous apprend que sa famille avait
toujours compté de belles voix, mais qu’il est le seul à avoir réussi
à faire carrière avec la sienne, grâce à un talent naturel et à
une suite de rencontres qui pourraient bien être le fruit du hasard,
justement. Il n’est pas souvent question de travail ou de discipline
dans son apprentissage du chant ; le jeune Roberto semble tout retenir
sans peine, et seul l’apprentissage du solfège semble lui avoir posé
quelque difficulté
(heureux homme !). La mort de sa première femme, Florence, et sa rencontre
avec Angela Gheorghiu sont rapportées avec une retenue louable. AL |
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