Élections et culture Par Isabelle Picard & Réjean Beaucage
/ 31 mars 2007
Santé, éducation, économie, écologie…
De multiples facteurs entrent en ligne de compte quand vient le temps
de choisir à quel parti politique on accordera son vote. En tant que
lecteur de La Scena Musicale, vous accordez fort probablement
une certaine importance à la culture. C’est pourquoi nous vous proposons,
à l’approche des élections provinciales, un survol des engagements
en matière de culture des deux principaux adversaires dans la bataille.
Parti Libéral du Québec
Dans le programme du parti de Jean Charest,
la culture et l’identité figurent au sixième rang des grandes priorités.
On y prend l’engagement de faciliter l’accès à la culture et de
contribuer à en moderniser la promotion et la diffusion. Les moyens
proposés pour y parvenir sont les suivants :
Renforcer le réseau des bibliothèques
et accroître l’accessibilité aux livres dans toutes les régions
du Québec. Le budget prévoit 5 millions $ pour la mise en réseau
des bibliothèques.
Développer un nouveau modèle de
financement pour les longs métrages, notamment en langue française.
Le document précise : « Ce nouveau modèle sera basé sur le principe
que la culture est l’affaire de tous. En ce sens, nous favoriserons
la création d’un fonds privé qui viendra compléter la participation
gouvernementale. »
Protéger le patrimoine culturel partout
au Québec. Le Fonds du patrimoine culturel, créé en 2006-2007,
deviendra « la pierre d’assise d’une nouvelle loi sur le patrimoine
culturel québécois ».
Poursuivre la mise en
œuvre de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité
des expressions culturelles de l’UNESCO.
Le 20 février dernier, suite au dépôt
du budget par le ministre Michel Audet, la présidente et chef de la
direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Isabelle
Hudon, soulignait « l'injection de 3 millions $ additionnels dans le
programme Placement Culture, [qui] constitue un puissant levier pour
encourager le soutien financier des entreprises privées au milieu culturel.
» Cependant, le directeur général du Conseil régional de la culture
de l'Outaouais, Réjean Lampron, déplorait justement dans Le Droit
du 12 février que ce programme soit inefficace en région, l’Outaouais
n’ayant rien touché du programme de 10 millions $ annoncé il y a
18 mois par la ministre Beauchamp...
Parti Québécois
Dans la plate-forme électorale du parti
d’André Boisclair, la culture incarne l’identité nationale. Voici
quelques-uns des nombreux engagements :
Faire des institutions
scolaires des lieux d’éducation à la culture, aux arts et aux lettres
et favoriser la fréquentation des arts de la scène. On vise, entre
autres, la modification de la Loi sur le ministère de l’Éducation.
Favoriser la création québécoise.
On propose, notamment, d’augmenter les budgets alloués au soutien
des arts et de la culture.
Voir à promouvoir et à assurer le
respect de la Convention sur la protection et la promotion de la
diversité des expressions culturelles. L’adoption d’une
loi de mise en œuvre de la convention est projetée.
Soutenir de façon spécifique la
commercialisation des produits culturels québécois dans le monde.
Convoquer des États généraux sur
la politique culturelle d’un Québec souverain.
Le Devoir faisait état, dans
son édition du 9 février, des engagements du Parti québécois en
matière de culture, en se basant sur un projet de plate-forme remis
au chef André Boisclair en juillet et dont le journal avait obtenu
copie. On y parlait notamment, toujours selon Le Devoir, de :
« doubler le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ),
en le faisant passer à 20 $ par habitant, soit environ 150 millions
$ par année ; augmenter le budget de la SODEC ; assurer aux artistes
« un accès “équitable” à l’assurance emploi, une protection
en cas d’accident de travail et des congés parentaux ». La version
officielle de la plate-forme, adoptée en conseil national le 24 février,
semble donc un peu diluée. Du moins, certaines promesses n’y sont
plus chiffrées...
Le point de vue du Mouvement pour
les arts et les lettres (M.A.L.)
Réagissant au dépôt du budget du gouvernement
sortant, le porte-parole du MAL, Stanley Péan, déclarait : « La proposition
d’avenir que nous fait le gouvernement actuel, c’est la permanence
de l’aide ponctuelle, la durabilité de la fragilité et la constance
de la crise. C’est le désengagement de l’État à l’égard des
arts en laissant aux artistes, aux artisans et aux écrivains le fardeau
de trouver les fonds manquants auprès du secteur privé. Nous sommes
à des années-lumière des engagements libéraux de 2003… »
Suite à la présentation de la plateteforme
électorale du Parti Québécois, Stanley Péan a déclaré : « Les
stratèges du Parti Québécois ont qualifié leur plateforme électorale
de Feuille de route, mais il faut bien convenir qu’on s’est
arrêté un peu vite en chemin. Il y a comme une panne d’essence ».
Péan poursuivait : « Pour un parti qui met la culture au centre de
son projet de pays, il y a une inadéquation flagrante entre les belles
paroles et les engagements concrets. Qu’on parle aujourd’hui de
10 millions de dollars, alors qu’en 2003 Bernard Landry promettait
le double pour le seul Conseil des arts et des lettres du Québec, a
de quoi nous laisser pantois ! » |