Montréal/Nouvelles Musiques Par Réjean Beaucage
/ 1 février 2008
Les compositeurs Walter Boudreau et Denys
Bouliane sont encore une fois à la barre du festival Montréal/Nouvelles
Musiques (MNM), et l’édition 2007 de ce grand événement musical
rend parfaitement justice à son nom en présentant une programmation
qui focalise moins sur la musique contemporaine de tradition classique
pour se faire plus diversifiée que jamais. LSM a rencontré Walter
Boudreau, codirecteur artistique du festival, pour explorer l’offre
de cette troisième édition.
Si la première édition de MNM, en 2003,
portait une attention particulière à la musique des Pays-Bas et la
deuxième, en 2005, à celle de la France, un coup d’œil à la programmation
de cette année laisse percer une bonne représentation des compositeurs
allemands, dont certains (Moritz Eggert et Manfred Stahnke) seront d’ailleurs
présents pour des conférences et classes de maître. «C’est fortuit,
explique Walter Boudreau, parce que le focus est plutôt sur les œuvres;
en fait, l’idée originale pour le thème de cette année était “Bad
boys and girls”, qui se traduisait mal en français, et c’est pourquoi
le titre du festival est devenu “Vive la liberté libre!” Donc,
au lieu de choisir un thème rassembleur au niveau géographique, ou
un courant musical particulier, nous sommes partis de certaines œuvres,
que nous tenions à présenter, et c’est de là que s’est dégagée,
fortuitement, une programmation où se retrouvent des compositeurs “délinquants”,
et qui s’expriment avec une grande liberté. De toute façon, généralement,
pour ne pas dire tout le temps, ce sont les compositeurs délinquants
qui sont les plus excitants!»
Toujours soucieux d’offrir aux musiques
nouvelles la visibilité qui leur fait trop souvent défaut, les dirigeants
du festival ont réussi un beau coup en inscrivant la soirée d’ouverture
(24 février, 20h, à la SAT) de MNM dans le cadre du festival Montréal
en lumière, un événement grand public qui jouit d’une couverture
médiatique importante. Le programme de cette soirée, intitulée «Spatio
Lumino», met en présence des musiciens de la scène électroacoustique
qui improvisent en direct (le collectif Theresa Transistor) et d’autres,
issus de la scène de la musique actuelle (M.F. Côté, J. Derome, L.
Freedman, D. Labrosse, etc.) qui interpréteront une œuvre composée
par le collectif Espaces Sonores Illimités, dont les membres sont des
compositeurs de musique contemporaine. On aura aussi des diffusions
d’œuvres acousmatiques et une vidéo-musique, bref, un joyeux mélange
durant lequel on ne risque pas de s’ennuyer! «Je dirais, commente
Walter Boudreau, que c’est une soirée assez représentative de l’état
des choses; un melting pot à l’américaine, et qui est à cent lieues
de quelque forme d’intégrisme que ce soit. On y trouve des musique
fixées à jamais sur support, mais aussi des musiques improvisées
dans l’instant.» La collaboration avec Montréal en lumière se poursuivra
le lendemain en après-midi par une interprétation, par des musiciens
provenant d’harmonies scolaires montréalaises, de Sound Off, une
œuvre de Tim Brady pour 30 trompettes, 30 trombones, 40 saxophones
et 8 grosses caisses, qui attendra les participants à la fête du Montréal
souterrain dans l’Atrium ouest du Palais des congrès.
Après un pareil coup d’envoi, souhaitons
que MNM aura attiré l’attention générale, parce que sa programmation
vaut le détour! Pour l’ensemble Totem Contemporain interprétant
la musique sur instruments inventés de Jean-François Laporte (le 25)
ou pour l’installation Héréticlip de Michelle Boudreau (26 et 27);
pour L’OSM jouant de rares Stravinski (dont Circus Polka, composée
en 1942 pour 50 éléphants de Barnum & Bailey!) sous la direction
de Valery Gergiev (26 et 27) ou pour l’ECM se joignant à l’ensemble
vancouvérois Aventa et à la soliste Jacinthe Riverin pour interpréter
sous la direction de Véronique Lacroix le concerto de piano de Michel
Gonneville Adonwe (27); pour le McGill CME interprétant sous la direction
de Denys Bouliane la musique de Martin Matalon accompagnant les 140
minutes du film Metropolis de Fritz Lang (1er mars) ou pour le Nouvel
Ensemble Moderne jouant Stahnke, Leroux et Dufourt sous la direction
de Lorraine Vaillancourt (2 mars); pour le Quatuor de percussions de
Lyon se joignant au McGill Percussion Ensemble pour reprendre Les Sept
Jours (1977) de Walter Boudreau (3 mars) ou pour le Theatre of Voices
de Paul Hillier chantant Stimmung, de Stockhausen (2 mars); et encore,
pour le Quatuor Quasar, l’ensemble Ucello de Matt Haimovitz, le DJ
Orchestra avec Martin Tétreault, le Quatuor Castagnéri, le McGill
Symphony Orchestra, l’ensemble de la SMCQ, l’ensemble Continuum
et encore l’OSM, jouant la musique de Boudreau sous sa direction pour
la clôture du festival. Et on n’a pas tout dit! Allez-y voir: www.festivalmnm.ca
Dernière heure: nous apprenons
que le programme consacré à la musique de Frank Zappa par l’Orchestre
Leonardo Da Vinci est annulé.
Composer au XXIe siècle - 28 février,
1er, 2, 3 mars 2007
En plus des nombreuses conférences et
classes de maîtres proposées durant le festival, dont l’Université
McGill est l’un des importants coproducteurs, un colloque organisé
par l’Observatoire international de la création musicale (OICM) et
la Faculté de musique de l’Université de Montréal se tient parallèlement
à MNM sous le thème «Composer au XXIe siècle – Processus et philosophie».
Plusieurs des compositeurs participant au festival apporteront leur
contribution au colloque.
Visant à «proposer une réflexion prospective
sur ce métier complexe afin d’en mieux cerner les caractéristiques
contemporaines, les évolutions les plus significatives, et d’imaginer
ce qu’il pourrait être dans l’avenir», le colloque permettra de
découvrir les plus récentes recherches de musicologues maniant des
disciplines aussi variées que «l’histoire, l’histoire de l’art,
la philosophie, l’esthétique, la sociologie, la psychologie, mais
aussi l’acoustique (et la psychoacoustique), l’informatique [et]
l’intelligence artificielle.»
De nombreux professeurs et étudiants
au doctorat de l’UdeM y participent, bien entendu, mais aussi des
invités en provenance de diverses universités canadiennes, américaines,
européenne et même d’aussi loin que l’Australie.
Pour obtenir la programmation complète
de l’événement, rendez vous sur le site de l’OICM à l’adresse
suivante: www.oicm.umontreal.ca |
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