Montréal en lumière Par Réjean Beaucage
/ 1 février 2007
Le dernier disque de Lara St John date
de 2003 et on n’a pas vu la violoniste canadienne au Québec depuis
2004. LSM s’est entretenu avec elle à propos du disque dont elle
vient de terminer l’enregistrement et du récital solo qu’elle présente
ce mois-ci dans le cadre du festival Montréal en lumière.
Je rejoins Lara St John à Toronto, la
veille d’une série de deux concerts avec l’OST et son directeur
musical Peter Oundjian. Tout de suite, la discussion s’engage sur
l’absence de nouvel enregistrement depuis «re: Bach», paru chez
Sony en 2003. «Je viens tout juste de terminer l’enregistrement de
mon prochain disque, il y a une dizaine de jours. Il comprendra les
six sonates et partitas pour violon seul de Bach.» Nous aurons donc
de nouvelles versions de la Partita no 2 et de la Sonate no 3, qui constituaient
le programme de son tout premier disque. «Il devrait être disponible
en mai ou en juin, poursuit-elle. En fait, je prévois être assez occupée
au printemps, mais c’est à moi de déterminer le moment de la sortie
de ce disque, puisqu’il paraîtra sous ma propre étiquette.» Plus
de contrat chez Sony? «Oh nooo... répond-elle sur un ton qui laisse
percer une certaine amertume. Je n’ai pas vraiment apprécié ce qu’on
voulait faire avec moi. Le résultat ne me satisfaisait pas, mais on
aurait voulu que je poursuive dans cette même voie...» Le disque,
qui a connu un certain succès, présentait de courtes pièces de Bach
dans le style crossover, avec les tablas de Trilok Gurtu, la pedal steel
guitar de B.J. Cole et la touche du producteur Magnus Fiennes. Retour,
donc, à l’étiquette Ancalagon Records, où est déjà paru en 2002
le troisième disque de la violoniste («Bach: The concerto album»).
«C’est une toute petite étiquette, qui n’a qu’un disque à son
catalogue, explique-t-elle. Aussi il n’y a qu’une employée (moi!),
et je suis souvent fâchée contre elle parce qu’elle passe son temps
à partir pour aller donner des concerts un peu partout!»
Contrairement à ce que pourrait laisser
croire ce qui précède, le répertoire de Lara St John ne s’arrête
évidemment pas à Bach. Au début du mois, elle était en Angleterre
avec le Bournemouth Symphony Orchestra et José Serebrier pour interpréter
le Concerto pour violon no 2 de Paganini; «Je crois bien que je suis
la seule violoniste à le jouer! Je suis grande, et il y a des écarts
que j’arrive à peine à faire... Après le récital de Montréal,
et des choses très différentes aux États-Unis de mars à mai (Corigliano,
Mozart, etc.), je me rendrai en Angleterre pour enregistrer de la nouvelle
musique avec le Royal Philharmonic Orchestra. Des œuvres magnifiques
du compositeur australien Matthew Hindson.»
Nous pourrons néanmoins avoir une idée
de l’évolution de son jeu dans le répertoire pour violon seul de
Bach avant la sortie de son prochain disque, puisqu’elle interprétera
à Montréal la Partita no 2 et la Sonate no 3; «J’ajouterai la Partita
no 1 ou la no 3, je ne suis pas fixée pour le moment, mais je n’aime
pas faire tout un programme en mineur, et la no 3 est en mi majeur...»
Une rare occasion d’entendre le Guadagnini «ex-Salabue» (1779) de
Lara St John et de revoir seule en scène la fougueuse violoniste.
Le 22 février, 19h30
Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours
Aussi sous les projecteurs
Le «volet musique» de Montréal en
lumière est très important cette année. Outre le versant jazz, il
propose des concerts de «musique classique» à chaque soir.
En musique contemporaine, le Consort
contemporain de Québec présente un programme conscré à John Cage
et Philip Glass, le 23 février et le festival MNM est invité le 24
pour son concert d’ouverture, Spatio Lumino, un concert son et lumière
mêlant musiques actuelle, électro et contemporaine. Le Trio Gryphon
présentera aussi, avec les chanteuses Maryem Hassan Tollar et Patricia
O’Callaghan, une œuvre multimédia de Christos Hatzis: Constantinople
(28 fév., 2 et 3 mars). Enfin, l’Orchestre Métropolitain du Grand
Montréal et Yannick Nézet-Séguin souligneront le 80e anniversaire
de naissance de Pierre Mercure le 26 février en interprétant Cantate
pour une joie (sur des textes de Gabriel Charpentier).
Retour au festival de la soprano américaine
Barbara Hendricks pour un récital de «ses plus grands succès» (4
mars); l’orchestre Arion dirigé par la violoniste australienne Elizabeth
Wallfisch dans un programme baroque méditerranéen (23, 24 et 25 février);
le contre-ténor Daniel Taylor invite Hélène Guilmette (soprano),
Benjamin Butterfield (ténor) et Gary Relyea (basse) à rejoindre son
Theatre of Early Music pour interpréter les Grandes arias de Handel
(25 février); le Studio de musique ancienne de Montréal (SMAM) présente
le Miserere de Gregorio Allegri (27 février) et I Musici nous montrera
les œuvres picturales de Natasha Turovksy tout en nous faisant entendre
les Tableaux d’une exposition de Moussorgski (1er mars).
Info Montréal en lumière: (514)
790-1245
montrealenlumiere.com
C’est à Angèle Dubeau que l’on
a offert la coprésidence d’honneur du festival (qu’elle partage
avec l’auteur-compositeur-interprète sud-africain Johnny Clegg).
La violoniste profite de l’occasion pour célébrer doublement ses
30 ans de carrière, par un grand concert avec des amis (les pianistes
Oliver Jones et Anton Kuerti, le violoncelliste Yuli Turovsky et son
ensemble, La Pietà) et par la sortie d’un disque enregistré en solo
qui paraît ce mois-ci chez Analekta. On y trouve, comme sur chacun
des disques de la violoniste, un programme très varié, qui regroupe
des œuvres de Brubeck, Campagnoli, Enescu, Glick, Locatelli, Piazzolla
et Ridout, de même que la voix du comédien Pierre Lebeau. Le programme
du concert soulignant ses 30 ans de carrière sera, à n’en pas douter,
tout aussi éclectique.
Le 2 mars, 20h
Salle Wilfrid-Pelletier |
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