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La Scena Musicale - Vol. 12, No. 3 November 2006

Critiques/Reviews

November 5, 2006


Disque du mois

Venturini

Concerti da camera op.1

La Cetra, David Plantier, violon et direction

Zig Zag ZZT 060502 (67 min 53 s)

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Parfait inconnu jusqu’ici, Francesco Venturini deviendra vite indispensable à ceux qui voudront le découvrir. Malgré son nom italien, ce compositeur était d’origine flamande et travaillait à la cour de Hanovre, où se trouvait un grand orchestre qui pouvait sûrement rivaliser avec celui de Dresde, si on en juge par la qualité des œuvres proposées ici. À l’instar de Vivaldi, Venturini excellait dans l’écriture de concerti à plusieurs instruments: à maints endroits sur ce disque, flûtes, violons, hautbois et bassons rivalisent en un continuel jaillissement d’idées et de couleurs, réalisant le feu d’artifice qu’annonce la couverture. D’autres concertos, curieusement, prennent la forme de suites de danses précédées d’une ouverture: on pense alors davantage à Telemann ou même à Bach, bien que l’orchestre de Venturini, avec ses deux parties d’alto, ait une couleur très française. Le jeune ensemble La Cetra rend parfaitement la vivacité et l’élégance de cette musique, faisant très bien sentir la variété des styles auxquels elle emprunte. Un des meilleurs disques baroques de l’année! Philippe Gervais


Musique de chambre / Chamber Music

JS Bach

Six Suites BWV 1007-1012

Marion Verbruggen, flûtes à bec

Harmonia mundi HMX 2907372.73

(2 CD: 129 min 30 s)

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Harmonia mundi fait reparaître en un coffret l’ensemble des Six suites pour violoncelle seul de Bach interprétées à la flûte à bec par Marion Verbruggen, d’abord parues en 1992 (suites 1 à 3) et 2001 (suites 4 à 6). Les moyens de la flûte étant plus limités que ceux du violoncelle (on n’a qu’à penser à l’impossibilité de faire des doubles-cordes), c’est un tour de force que réussit la flûtiste. Visiblement, elle aborde ces difficultés supplémentaires non pas comme des handicaps, mais comme des défis pouvant être relevés à force de savoir-faire et d’astuces techniques. Bien sûr, on ne parle pas d’un remplacement de la version originale pour violoncelle. Mais sans aucun doute, il s’agit là d’un exemple pour tous les flûtistes, et plus largement pour les instrumentistes à vent, dans l’art du phrasé et de la gestion de la respiration. Isabelle Picard


Glick

Quatuor à cordes no 2; I Never Saw Another Butterfly; Concerto pour piano et cordes

Quatuor St-Lawrence; Maureen Forrester, contralto; John Newmark, piano (Butterfly); Ralph Gothoni, piano et direction (concerto); Finlandia Sinfonietta

Centredisques CMCCD 11606 (124 min 03 s)

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Srul Irving Glick (1934-2002) est un compositeur canadien surtout connu pour sa très accessible Old Toronto Klezmer Suite. Le disque double présenté ici est constitué d’un documentaire de 57 minutes (réalisé par Eitan Cornfield de CBC Radio 2, sur le CD1) et de trois œuvres très variées (CD2), et fait partie d’une importante (et essentielle) série amorcée depuis quelques années par le Centre de Musique Canadienne, Canadian Composers Portraits. Le Quatuor à cordes no.2 surprendra les habitués de la Klezmer Suite: sombre et angulaire, on y détecte l’ombre presque omniprésente de Shostakovitch. Le recueil I Never Saw Another Butterfly, enregistré en 1969, n’est pas très «pimpant» non-plus, puisqu’il est composé sur six poèmes laissés par des enfants internés au camp de Terezin de 1942 à 1944. Cependant, l’incomparable voix de Maureen Forrester donne beaucoup de force à ces échos d’outre-tombe d’une innocence sacrifiée. Finalement, le Concerto pour piano est plus lumineux voire aérien, dans le premier mouvement, lyrique et quasi-pastoral dans le deuxième, et revient à des réminiscences shostakovitchiennes dans le final. Le documentaire d’environ une heure (la particularité essentielle de toute cette série), nous en apprend plus sur la personnalité attachante de Glick. Frédéric Cardin


Mendelssohn

Piano Trios Nos 1 & 2

Julia Fischer, violon; Jonathan Gilad, piano; Daniel Müller-Schott, violoncelle

PentaTone PTC 5186 085 (59 min 04 s)

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Mendelssohn est souvent décrit comme un compositeur pris entre ses idéaux classiques et «l’air du temps» romantique dans lequel il baignait. Certains interprètes recherchent en premier lieu un équilibre idéal, et bien difficile à obtenir, entre les deux composantes contradictoires de son écriture, surtout dans sa musique de chambre. D’autres passent outre à ce souci. Le présent enregistrement des Trios avec piano penche du côté romantique, avec une atmosphère parfois plus brumeuse qu’agitée, mais qui ne manque pas de charme, surtout dans le mouvement lent de chacun des deux Trios, où le dialogue des instruments devient méditatif. La fougue ne perd pas pour autant ses droits dans les mouvements rapides extrêmes. Même si les musiciens réunis ici ne sont pas des chambristes, chacun poursuivant une carrière internationale, c’est l’ensemble qui prime sur l’individuel, tout comme pour les formations professionnelles. Le piano aérien de Gilad et le violoncelle caressant de Müller-Schott s’accordent sans peine au violon lumineux de Julia Fischer. Prise de son un peu feutrée. Alexandre Lazaridès


Schubert

Piano Trio, D. 929; Sonatensatz, D. 28

Kungsbacka Piano Trio

Naxos 8.555700 (61 min 29 s)

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Arpeggione Sonata, Transcriptions de lieder; Webern: 3 Petites pièces pour violoncelle et piano op. 11; Berg: 4 Pièces op. 5

Jean-Guihen Queyras, violoncelle; Alexandre Tharaud, piano

Harmonia Mundi HMC 901930 (56 min 31 s)

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Voici deux interprétations de la musique de chambre de Schubert qui se caractérisent par leur perfection formelle, à cette différence près que l’une émeut et enthousiasme, tandis que l’autre, tout en suscitant de l’admiration, ne réussit pas à nous faire entrer au cœur de l’univers schubertien. Le trio Kungsbacka a emprunté son nom à la ville suédoise où cette récente formation s’était produite pour la première fois en 1997. Depuis, elle poursuit une carrière enviable et, à en juger par le traitement rayonnant du Trio en mi bémol majeur enregistré ici, son succès est entièrement mérité. On est d’emblée frappé par le mélange de rigueur nécessaire au jeu chambriste et d’élan, en principe spontané, qui doit susciter l’émotion, équilibre rarement atteint qui met cette interprétation parmi les plus belles de ce chef-d’œuvre. Sans se hisser au même niveau, la Sonate Arpeggione contient de bien beaux passages. Queyras et Tharaud en donnent cependant une lecture dont le raffinement semble trop cérébral pour tomber juste, plus spectacle auditif qu’expérience vécue. Le meilleur du programme est constitué de pièces de Berg et de Webern jouées avec des sonorités idéalement millimétrées. Alexandre Lazaridès


De Castille à Samarkand

Constantinople

Atma ACD2 2383 (69 min 07 s)

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La Route de la Soie est en pleine Renaissance! Depuis quelques années, en effet, plusieurs musiciens se sont réapproprié l’idée d’échange entre les cultures qui sous-tend notre conceptualisation moderne de cette première véritable «autoroute virtuelle» de la communication (il s’agissait bien sûr d’un périple multidirectionnel plutôt que d’un véritable chemin pavé). On pense entre autres à Yo-Yo Ma et à son Silk Road Project rassemblant des musiciens de tous les horizons et de toutes les origines dans une démarche à la fois traditionnelle et contemporaine. L’ensemble Constantinople a, pour sa part, choisi la voie de la tradition avec la présentation de ce huitième disque (déjà!), consacré aux musiques suggérées par les rencontres que fera un certain Clavijo, envoyé du roi Henri III auprès de l’Empereur Tamerlan à Samarkand, capitale de l’Asie d’alors, au cours de son périple de 34 mois sur le chemin des caravanes. D’Ouest en Est, c’est un Moyen-Âge de couleurs, d’odeurs et de sonorités chaleureuses, exotiques, mais parfois aussi mystiques et surprenantes qui nous attend, à travers les expressions musicales de l’Espagne, l’Italie, la Grèce, la Turquie, l’Arménie, la Perse et l’Ouzbekistan. Frédéric Cardin


Sonatas

César Franck: Sonate pour Violon et Piano en la majeur; Eugène Ysaÿe: Cinquième et Sixième Sonates pour violon seul, op. 27; Rafaël D’Haene: Sonata per Violino e Pianoforte

Yossif Ivanov, violon; Daniel Blumenthal, piano

Ambroisie AMB102 (67 min 09 s)

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Ce programme de sonates pour violon et piano ou pour violon seul est consacré à des compositeurs belges, donc des compatriotes de Yossif Ivanov, premier prix, mérité et applaudi, du Concours musical international de Montréal en 2003, alors qu’il n’était âgé que de seize ans. Soutenu par le piano inventif de l’Américain Daniel Blumenthal, Ivanov livre une interprétation sculptée, d’une grande tenue dramatique et dégraissée de tout pathos, de la célèbre Sonate de Franck. Les deux Sonates pour violon seul op. 27 de Ysaÿe sont jouées avec une aisance qui fait oublier leur caractère technique redoutable; on n’y entend que de la musique, et l’on regretterait presque que tout le programme ne soit pas consacré à cet opus magnifique. C’est le compositeur contemporain D’Haene, né en 1943, qui signe le dernier titre du programme, avec une œuvre charpentée et lyrique en quatre mouvements, dont le premier, un Largo, semble le moment le plus marquant. Alexandre Lazaridès


Musique vocale / Vocal


Wagner

Der Ring des Nibelungen

James Morris, Hildegard Behrens, Siegfried Jerusalem, Jessye Norman, Gary Lakes, Reiner Goldberg, Bernd Weikl, Matti Salminen, Kurt Moll, Hanna Schwarz, and others; Metropolitan Opera Orchestra and Chorus / James Levine

Deutsche Grammophon 4709803 (14 CDs; 15h21 min 50 s)

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This Special Edition of the Met Ring, issued to commemorate the first ever Canadian Ring Cycle by the COC, is a terrific buy at $39.95 for 14 CDs. At this bargain price, all the discs are packed in paper sleeves inside a single box instead of individual jewel cases, and the thin booklet does not include texts and translations. Recorded in the late 80’s in the studio, it features some – but not all – of the same singers as the video recorded a couple of years later and now available on DVD. The main asset of the studio CD recording is the Wotan of James Morris, caught at his absolute peak. He sings Wotan’s Abschied in Act 3 Die Walküre with lieder-like intensity and mellifluous beauty of tone that is breathtaking. Hildegard Behrens may lack the power and laser-like precision of a Birgit Nilsson, her Brunnhilde is nevertheless a touching portrayal. One is hard pressed to find a Sieglinde of such vocal opulence as Jessye Norman – she easily outsings her Siegmund (Gary Lakes). Matti Salminen is certainly the very best Hagen of our generation. It’s a pity that Siegfried is taken not by Siegfried Jerusalem – who sings Loge here, but by the thin-voiced though reliable Reiner Goldberg. It is good to have Christa Ludwig, then near the end of her illustrious career, as Fricka. The norns and valkyries are all different from the video – here the singers are generally older, full-figured gals who are less photogenic, although they often sound better. For example, as Helmwige, Linda Kelm’s top C’s are incredible. James Levine always brings out the best from the Met Orchestra, and their playing here is exemplary. He conducts at a leisurely tempo, but with sufficient intensity to hold everything together. This is the Christmas stocking stuffer of choice for 2006! Joseph K. So


Lux Feminae 900-1600

Montserrat Figueras, Arianna Savall et Tina Aagaard, sopranos; Jordi Savall, violes de gambe; Begona Olavide, mezzo-soprano et psalterion; Laurence Bonal, contralto; Pierre Hamon, flûtes; Andrew Lawrence-King, harpe; Rolf Lislevand, guitare; Driss El Maloumi, oud; Pedro Estevan, percussions; et autres

AliaVox AVSA 9847 (70 min 25 s)

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Sublime voyage! Montserrat Figueras, de sa voix sans âge, inflexible à la temporalité, nous transporte dans un monde de lumière, celle, dit-elle, de toutes ces femmes qui ont «vécu au sein de sociétés qui les ont laissées de côté, mais qui ont su rayonner et briller d’une lueur propre». Un disque qui plane au-dessus des misères de notre temps (et de toutes les époques, en fait), et qui nous transporte à travers un Moyen-Âge de mysticisme rayonnant, du xe au xve siècles. Œuvres de femmes et pour des femmes, ce sont les fruits d’une démarche de recherche quasi-archéologique qui nous sont offerts ici. Entourée de sa famille et de ses amis les plus fidèles, Montserrat Figueras crée un tourbillon d’enchantement qui dure plus d’une heure (mais toute la vie si vous achetez le disque!). Un livret multilingue de 150 pages, enluminé d’époustouflantes illustrations et photos, propose un historique de la «voix» féminine au Moyen-Âge ainsi que tous les textes des œuvres présentées. Une œuvre d’art à écouter et regarder. Frédéric Cardin


Melodious Melancholye – Les doux sons de l’Angleterre médiévale

Ensemble Belladonna (Miriam Andersén, voix, harpe; Rebecca Bain, voix, vièle; Susanne Ansorg, vièle, rebec)

Raumklang RK 2003 (54 min 31 s)

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Fondé en 1997, l’ensemble Belladonna se spécialise dans l’interprétation de la musique allant du 12e au 15e siècle. Ses trois membres, la Suédoise Miriam Andersén, la Canadienne (née à Montréal) Rebecca Bain et l’Allemande Susanne Ansorg, se sont connues alors qu’elles étudiaient à la Schola Cantorum Basiliensis, à Bâle. Elles proposent sur cet enregistrement une collection de chansons illustrant la «mélodieuse mélancolie» des Anglais du Moyen-Âge. Des poèmes où le «triste bonheur» rencontre la «joie douloureuse». Un fort beau programme, non pas en contrastes, mais plutôt homogène, baigné dans une atmosphère de douceur, de calme et d’intimité, autant par les thèmes abordés que par la musique qui soutient les poèmes. Loin de lasser, cette homogénéité plonge l’auditeur dans un univers à part. La simplicité et le naturel des voix et du jeu instrumental conviennent parfaitement au répertoire. Isabelle Picard


Waxman

Joshua

Livret de James Forsyth, d’après le Livre de Josué

Prague Philharmonia/James Sedares; Prague Philharmonic Choir/Jirka Kratochvil; Maximilian Schell (Narrateur); Rod Gilfry, baryton (Moïse, Josué); Ann Hallenberg, mezzo-soprano (Rahab); Peter Buchi et Patrick Polle, ténors (Espions)

DG 00289 477 5724 (76 min 25 s)

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Franz Waxman (1906-1967) est célèbre pour sa surabondante musique de films (Sunset Boulevard, Sayonara, etc). L’oratorio biblique Joshua, «son œuvre symphonique la plus substantielle», dont c’est le premier enregistrement, rappelle beaucoup les bandes sonores hollywoodiennes, avec son côté descriptif appuyé et ses cuivres rutilants, dont des trompettes omniprésentes. Si l’épisode du siège de Jéricho est particulièrement réussi, la fugue laborieuse qui clôt la première partie fait penser à quelque pastiche anachronique. Le traitement vocal des personnages (Moïse, Josué, Rahab) et du chœur représentant le peuple est plutôt convenu. En narrateur, Maximilian Schell réserve les moments les plus sentis, tandis que le chef tire résolument son épingle du jeu. On peut en dire autant des solistes. En fin de compte, ce n’est pas la spiritualité qui règne ici, mais un certain triomphalisme militariste assez gênant à une époque où notre planète est meurtrie par tant de guerres. Alexandre Lazaridès


Voice of the Violin

Joshua Bell, violon; Anna Netrebko, soprano; Michael Stern, Orchestra of St-Luke’s

Sony Classical 82796-97779-2 (53 min 33 s)

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Les Américains appellent ça des sequels. Après le méga-succès «Romance of the Violin», voici «Voice of the Violin». Les plus belles mélodies classiques s’y retrouvent (enfin, celles qui n’étaient pas sur Romance of the Violin!): la Vocalise de Rachmaninov, Après un Rêve de Fauré, la Chanson à la Lune de Dvorak (très réussie), Pourquoi me réveiller? de Massenet, etc. C’est facile, je vous l’accorde. C’est du velouté double satiné, accordé aussi. Mais après avoir libéré un fort besoin de sarcasme devant tant de marketing hyper focalisé, force m’est d’admettre que, M. Bell étant l’un des meilleurs violonistes actuels, sa sensibilité intelligente donne des lettres de noblesse à cet ensemble qui paraîtrait affreusement réchauffé sous des doigts moins habiles. Et bien oui, c’est bon, et ça s’écoute diablement bien! En attendant Soul of the Violin, Spirit of the Violin, The Making of Romance of the… Frédéric Cardin


Musique orchestrale / Orchestral Music

Schumann

Quatuors à cordes op. 41, nos 1 et 3, (transcriptions pour orchestre à cordes)

Jean-Philippe Tremblay, Montreal Players

Naxos 8.550133 (61 min 29 s)

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L’idée attendait d’être saisie au vol. La facture parfois quasi-symphonique de ces quatuors schumanniens (dixit Jean-Philippe Tremblay), demandait, apparemment, un tel travail de transcription. Car il faut bien dire transcription et surtout pas relecture! M. Tremblay réalise ici une œuvre basée sur un respect très strict de l’écriture schumanienne (à peine ajoute-t-il une contrebasse ici et là). Le résultat est un Schumann plus chaleureux, presque duveteux par endroits. Sans nier le plaisir procuré par cette version augmentée et «habillée» des affects du grand Robert, on doit reconnaître que la conséquence (attendue) est une légère perte d’incision et de cette crudité, parfois violente, écho de la démence qui louvoyait quelque part dans l’esprit du maître, qui soutient toute la conception émotionnelle de ce corpus fondamental de la littérature chambriste et qui est plus facilement communiquée par le dénudement émotif et métaphysique d’un quatuor. Par contre, après plusieurs écoutes répétées, je perçois déjà une transformation de ma réaction initiale qui tend vers une plus grande appréciation de la force particulière que peut procurer une lecture «amplifiée». Quoiqu’il en soit, on ne peut nier la qualité du travail de ce jeune chef d’ici, et le plaisir procuré par ce disque. Revenons-y dans six mois, et on affirmera peut-être qu’il s’agit d’une version indispensable. Frédéric Cardin


CPE Bach

Concerti a flauto traverso, vol. 1

Arte dei Suonatori/Alexis Kossenko, flûte et direction

Alpha 093 (70 min 17 s)

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Parmi les œuvres les plus personnelles et les plus abouties qu’ait laissées Carl Philipp figurent les concertos pour flûte traversière et orchestre, dont s’amorce ici une intégrale. Bien qu’il existe aussi de chacun de ces concertos une version pour clavecin, et parfois même pour violoncelle, tous (sauf un, le wq. 169) semblent avoir été écrits d’abord pour la flûte. De fait, le contraste qui se crée entre la suavité du traverso et le tranchant des cordes retient partout l’attention et illustre au mieux l’esthétique heurtée et tourmentée du Sturm und Drang. À cet égard, le tableau reproduit ici, éruption volcanique sur fond de ciel lunaire, paraît fort bien choisi! Les musiciens de l’Arte dei Suonatori, presque tous d’origine polonaise, s’étaient déjà fait remarquer pour leur énergie dans un enregistrement de la Stravaganza de Vivaldi, qui n’avait cependant pas totalement convaincu; les revoici, bénéficiant cette fois d’une meilleure prise de son et de la direction précise d’Alexis Kossenko, flûtiste virtuose et inspiré. Un disque captivant, qui surclasse l’ancienne version de Ton Koopman et de Konrad Hünteler, pourtant très réussie elle aussi. Philippe Gervais


Bruch

Violin Concerto No. 1

Orchestre de la Francophonie canadienne / Jean-Philippe Tremblay, Alexandre Da Costa, violon

Disques XXI – 21 (25 min 21 s)

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L’état de grâce que nous avions tant admiré chez Alexandre Da Costa dans l’interprétation des œuvres de Luís de Freitas Branco et Joly Braga Santos, chez le même éditeur, n’est malheureusement pas au rendez-vous dans cet enregistrement du Premier Concerto pour violon en sol mineur de Bruch. Il s’agit d’une captation publique effectuée au Festival classique des Hautes-Laurentides à Mont-Laurier, en août 2005. Si le violon de Da Costa est toujours beau et juste, sa conception semble plus sentimentale que lyrique, et les langueurs deviennent vite longueurs! Quant à l’orchestre, si la vigueur est la qualité principale de la phalange dirigée par le prometteur Jean-Philippe Tremblay, elle doit faire encore ses preuves en matière de nuance et d’équilibre. Le chef suit la pente naturelle de l’écriture de Bruch, d’autant plus glissante qu’elle n’est pas exempte de banalités, ce que James Ehnes avait su éviter avec élégance et brio, sous la direction de Charles Dutoit à la tête de l’OSM (Les disques SRC, 2001). Le minutage est, de plus, bien avare. Alexandre Lazaridès


Liszt

Intégrale des œuvres pour piano et orchestre

Louis Lortie, piano; Residentie Orchestra The Hague / George Pehlivanian

Chandos CHAN 10371(3)X (3 CD: 3h34 min)

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Enfin un coffret réunissant l’intégrale des œuvres pour piano et orchestre de Liszt interprétée par Louis Lortie! Sur ces trois disques d’abord parus individuellement (CHAN 9801, CHAN 9864, CHAN 9918), une vraie intégrale, incluant non seulement les concertos, mais également la Fantaisie sur des thèmes populaires hongrois, la Grande fantaisie symphonique sur des thèmes de «Lélio» de Berlioz, la Fantaisie sur un thème des «Ruines d’Athènes» de Beethoven, de même que l’orchestration que Liszt a fait de la Polonaise brillante de Weber et de la Wandererfantaisie de Schubert. Sans oublier Malédiction (piano et orchestre à cordes), Totentanz et De Profundis. Tout y est. D’autres l’ont déjà dit lors de la parution individuelle des trois volumes: l’interprétation de Lortie se mesure avantageusement à celle des plus grands. Devant toute la fougue, mais également le raffinement du jeu du pianiste, bien appuyé par l’Orchestre Residentie de La Haye, on ne peut qu’abonder dans le même sens. Isabelle Picard


Vivaldi

Concerti per violino I «La caccia»

Concerto RV208 «Grosso Mogul», Concerto RV332, Concerto RV234 «L’inquietudine», Concerto RV199 «Il Sospetto», Concerto RV362 «La Caccia», Concerto RV270 «Il Riposo»

Academia Montis Regalis, Enrico Onofri, violon et direction

Naïve OP 30417 (55 min 27 s)

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Comme le rappelle Olivier Fourès dans le livret d’accompagnement de ce disque, sur les quelque 800 œuvres attribuées à Vivaldi, plus de la moitié font appel au violon soliste, dont environ 240 concertos pour violon et orchestre. L’étiquette Naïve, dans le cadre de son Édition Vivaldi, projète d’enregistrer la centaine de ces concertos qui se trouvent dans les manuscrits conservés à la Bibliothèque nationale universitaire de Turin. L’écoute des six concertos du premier volume de cette série dément l’idée selon laquelle Vivaldi, dans ses œuvres concertantes, n’aurait fait que se répéter des centaines de fois. La variété est bien présente, et mise en lumière par l’interprétation particulièrement souple du violoniste Enrico Onofri et de l’Academia Montis Regalis. Leur jeu est léger et vivant, tantôt théâtral («Grosso Mogul»), tantôt délicat («Il Riposo»), toujours passionnant. Isabelle Picard


Musique contemporaine/Contemporary Music


Rathburn

Works

Chamber Players of Canada

Atma ACD2 2371 (77 min 29 s)

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Eldon Rathburn n’est pas très connu ici. Il a pourtant écrit les partitions musicales de plusieurs centaines de films de l’ONF (qui a d’ailleurs réalisé un documentaire biographique sur sa carrière), reçu l’Ordre du Canada et a même droit à SA journée officielle (le 21 avril) à Ottawa! La musique de Rathburn est simple, mais bourrée de clins d’œil musicaux au répertoire classique, et surtout largement imprégnée d’un humour fin et intelligent, parfois sarcastique, qui nous permet d’apprécier la grande sophistication de cet artiste en apparence très humble. Prenez par exemple sa Ottawa Suite, dans laquelle il simule avec des «gazoos» les ronflements des sénateurs («The Senate Sleeps»), et où il utilise avec un évident plaisir les accents résignés de la mélodie de la Marche Slave de Tchaïkovsky pour illustrer la marche des fonctionnaires vers leur travail («The Civil Servants»). Je n’ai pu réprimer un éclat de rire! Un Concertino pour banjo, un Scherzo cartoonesque pour quatuor, mais aussi une évocation debussyste d’un décor néo-brunswickois (magnifique Harbour Nocturne) et une peinture sensible des rêveries d’un voyageur solitaire (Subway Thoughts), finissent de compléter ce portrait surprenant d’un compositeur qui mérite toutes ses distinctions. Frédéric Cardin


Prairie Scenes

Eric Ewazen: Sonata for Trumpet and Piano (1995); Roger Deegan: Prairie Scenes (2002); Malcolm Forsyth: Sonata for Trumpet and Piano (1994)

Russell Whitehead, trompette; Sylvia Shadick-Taylor, piano

Arktos 200690 (61 min 47 s)

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Pour ce premier disque solo, le trompettiste canadien Russel Whitehead, troisième trompette de l’Orchestre symphonique d’Edmonton, a choisi des œuvres qui évoquent les grands espaces des prairies de l’Ouest. Le principal intérêt de ce choix est de nous faire découvrir du répertoire pour trompette qu’on a peu l’occasion d’entendre. On remarquera particulièrement la Sonate de Michael Forsyth. Whitehead n’est peut-être pas un trompettiste absolument exceptionnel – il est très bon, comme plusieurs autres – et on pourrait critiquer son jeu ici et là; cependant, il a au moins le mérite de contribuer à diffuser et à faire évoluer le répertoire pour trompette, en enregistrant autre chose que ce qui a déjà été fait, de façon tout à fait convenable. Isabelle Picard


Freedman

The Tokaido – La musique chorale de Harry Freedman

1838, Songs from Shakespeare, The Tokaido, Voices, Valleys, Keewaydin

Elmer Iseler Singers, Amadeus Chamber Singers, Toronto Children's Chorus

Centredisques CMCCD 11206 (60 min 32 s)

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À travers un pan de la création du compositeur canadien Harry Freedman (sa musique chorale), on découvre la variété de ses influences. À côté des couleurs rock de «1838» (extrait de Blue… Green… White), on trouve la familiarité des mélodies des Songs from Shakespeare, le langage plus moderne de The Tokaido et la densité harmonique de Voices. Dans tous les cas, on reconnaît une signature personnelle, une grande expressivité et la parfaite maîtrise de l’écriture pour chœur. L’importance que Freedman accorde au son est particulièrement visible dans ses œuvres utilisant une langue inventée (Voices, Valley), mais également dans celles qui mettent en musique des textes anglais ou japonais. Keewaydin, interprétée par le Toronto Children's Chorus, conclut le disque de façon bouleversante. Il n’y a rien à redire au travail des Elmer Iseler Singers et Amadeus Chamber Singers qui, sous la direction de Lydia Adams, font honneur à la musique de Freedman. Enregistré en avril 2005, quelques mois avant le décès du compositeur. Isabelle Picard


Glass

Uakti: aguas da amazonia; Analog; The Witches of Venice; Glass Reflections

Orange Mountain Music (omm0026, 0029, 0031, 0032)

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Vous avez dit prolifique? En effet! Il ne se passe pratiquement pas une semaine sans que nous recevions au moins un disque de Philip Glass. C’est que l’étiquette Orange Mountain Music se consacre à l’édition des archives du compositeur (enregistrements préparatoires, concerts, etc.). Le disque du quatuor brésilien Uakti est assez particulier parce que l’ensemble joue sur des instruments (de percussion ou à vent) construits pour lui avec du verre, du métal, du bois ou même du caoutchouc. Leur approche de la musique de Glass lui donne un petit côté «musique du monde» qui lui sied parfaitement. «Analog» fait entendre des œuvres datées de 1977 et 1980, époque durant laquelle Glass réalisait des enregistrements multipistes sur un magnétophone à 16 pistes en jouant lui-même de tous les claviers (orgues, sythétiseurs, etc.), tandis que Dickie Landry ajoutait sax et flûte et que Joan La Barbara et Gene Rickard prêtaient leur voix. Toute la manière Glass est dans les trois pièces présentées ici. «Glass Reflections» met en vedette l’octuor de violoncelles Conjunto Ibérico. Les arrangements d’Elias Arizcuren de diverses œuvres de Glass sont absolument somptueux et le programme, varié, offre un bel échantillonnage du travail du compositeur. Peut-être le plus surprenant des quatre disques recensés ici, «The Witches of Venice» est un opéra-ballet pour enfant commandé au compositeur par La Scala de Milan en 1995. Travaillant sur un livret de Beni Montresor, Glass s’en donne à cœur joie avec le thème, mais la sonorité des synthétiseurs devient malgré tout lassante. Réjean Beaucage


Schafer

3 solos

Bradyworks

Centrediscs/Centredisques CMCCD/DVD 12006 (65 min 16 s)

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Le compositeur et guitariste Tim Brady a eu une bonne idée en choisissant de consacrer un disque de son ensemble à la musique de l’un des compositeurs canadiens les mieux connus: R. Murray Schafer. Le présent enregistrement regroupe trois œuvres pour soliste: Music for the Morning of the World, pour voix avec bande magnétique 4 pistes; Le Cri de Merlin, pour guitare et bande; Deluxe Suite for Piano. L’inclusion dans ce boîtier d’un DVD audio au format 5.1 permet de rendre justice, particulièrement, à la première de ces pièces, dont la bande qui accompagne la soprano (Annie Tremblay ici) est conçue pour une diffusion quadraphonique. La pièce qu’interprète Tim Brady a été écrite pour une guitare acoustique, mais il la joue sur une guitare électrique avec un résultat très convaincant. C’est Brigitte Poulin qui interprète l’œuvre pour piano que le compositeur a dédiée à cette autre excellente pianiste qu’est Janina Fialkowska. Écrite 43 ans après sa première pièce pour piano solo, elle prouve que Schafer a bien tort de se passer de cet instrument! Réjean Beaucage


Scènes de forêt

Denise Trudel, piano

MIREs MIR 29-017 (59 min 02 s)

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Après avoir fait subir le traitement à des œuvres de Schumann, John Rea et Denis Dion, la pianiste Denise Trudel récidive en entremêlant sur son deuxième disque des œuvres de Gilles Bellemare (Scènes de l’autre forêt, 2005), Schumann (Waldszenen, op. 82, 1849) et Dion (Promenades, 2005). Drôle d’idée que de présenter ces œuvres en plusieurs parties en les faisant s’entrecroiser de la sorte, mais c’est un procédé qui, s’il empêche d’appréhender chacune des œuvres dans sa globalité (à moins de programmer le lecteur), permet cependant un voyage étonnant à travers les styles et ne laisse jamais s’installer l’ennui. Comme sur le premier disque (Scènes d’enfance), Dion offre une pièce pour piano et bande (et ajoute cette fois-ci des traitements en direct) très collée sur le thème; Bellemare, que l’on découvre avec plaisir ici comme compositeur, offre des moments très contrastés, de la nostalgie romantique («Souvenirs») jusqu’à la fureur («Appréhension»). Schumann semble rajeunir à leur voisinage. Réjean Beaucage


DVD

Schubert

Symphonies No 8 «Unfinished», No 9 «The Great»

NDR Sinfonieorchester/Günter Wand; réalisation: Hugo Käch

TDK DVWW-COWAND6 (85 min)

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L’ultime héritage de Günter Wand, décédé en 2002, est constitué de captations vidéo réalisées à Lübeck, lors du festival annuel du Schleswig-Holstein avec l’orchestre de Hambourg. Du festival de 1995, ce sont les deux dernières symphonies de Schubert qui nous sont restituées avec le concours de la caméra toujours pertinente de Hugo Käch, attentive autant aux gestes du chef qu’à ceux des instrumentistes. Le réalisateur nous fait comprendre leurs interactions au moyen de surimpressions qui interviennent au bon moment. Comme toujours, Wand semble animé d’une flamme inextinguible aussitôt qu’il gagne le podium. Il nous donne à entendre un équilibre souverain entre les pupitres, avec des chants tissés dans l’écriture qu’il met en évidence sans gratuité, animé du seul souci de souligner la structure du mouvement sans déséquilibrer la conduite de la ligne générale. Presque une heure et demie de musique absolue durant laquelle l’auditeur ne pense guère qu’il se trouve en présence de «divines longueurs», même pour le dernier mouvement de la Grande. Prise de son très convenable. Alexandre Lazaridès


Juxtapositions

# 6 Pierre Boulez: Éclat/Sur Incises (142 min)

# 8 Elliott Carter: A Labyrinth of Time (90 min)

Idéale Audience International

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Quelle magnifique série que celle-là! Le DVD consacré à Pierre Boulez nous permet d’assister à l’interprétation de deux de ses œuvres: Éclat, par le Dutch Nieuw Ensemble sous la direction de son directeur musical, Ed Spanjaard, et Sur Incises, par des musiciens de l’Ensemble Intercontemporain sous la direction du compositeur. Cette dernière est précédée d’une présentation par Boulez qui décortique l’œuvre devant le public de la Cité de la musique. Éclat est aussi précédée d’un documentaire durant lequel on assiste à la préparation du chef et des musiciens. Frank Scheffer, l’un des maîtres d’œuvre de la série, a mis une vingtaine d’années à préparer le film qu’il a consacré à Elliott Carter (et qu’ont récompensé plusieurs prix). Le compositeur y discute de son travail et de ses préoccupations et Pierre Boulez, Daniel Barenboim et Charles Rosen y mettent aussi leur grain de sel. Le montage est vif et fait une bonne place à divers documents d’archive. Deux magnifiques documents. Réjean Beaucage


Shostakovich

Symphonies 6 et 9

Wiener Philharmoniker / Leonard Bernstein; réalisation: Humphrey Burton

DG Unitel 00440 073 4170 (72 min + 31 min complémentaires)

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Le plaisir que procure ce DVD est double. Il y a d’abord, bien sûr, l’interprétation magistrale de Bernstein, qui n’aura laissé, tout compte fait, que cinq ou six témoignages sur Chostakovitch (nous attendons une réédition de la magnifique Leningrad). Comme l’orchestre n’est nul autre que le Philharmonique de Vienne, la prestation orchestrale est exceptionnelle, même si la célèbre phalange n’est pas familière de ce répertoire. L’enthousiasme du chef américain pour ces deux opus considérés comme secondaires est tout à fait contagieux. L’auditeur se laisse convaincre sans peine qu’il vient d’écouter des œuvres dignes de tout son intérêt. Il faut aussi dire, et c’est la deuxième cause de notre plaisir, que la demi-heure donnée en «bonus», durant laquelle Bernstein explique, avec la rhétorique brillante et le flair pédagogique qu’on lui connaît, la portée de la Sixième et de la Neuvième Symphonie, intelligemment replacées dans le contexte soviétique des années de guerre et de la biographie du compositeur, est un moment privilégié, indissociable de l’écoute des œuvres elles-mêmes. Alexandre Lazaridès


Glenn Gould Hereafter

A film by Bruno Monsaingeon

Ideal Audience International DVD9DM20 (106 min)

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On ne se lasse pas de retrouver le grand Glenn se promenant à pied au bord de quelque lac, ganté et coiffé de sa casquette à visière aplatie, ou bien dans les studios d’enregistrement qu’il affectionnait parce qu’il y voyait la solution de rechange à la formule du récital ou du concert qui, selon lui, incitait le musicien à la paresse, ou bien encore devant son piano, à divers moments de sa vie, déployant sa gestuelle de plus en plus désinhibée avec les années... Bruno Monsaingeon, à qui plusieurs interprètes des plus connus doivent un documentaire filmé, a puisé dans divers fonds de tiroir pour nous donner ce nouveau Glenn Gould au delà du temps, qui, somme toute, n’ajoute pas grand-chose à ses films antérieurs sur le pianiste canadien disparu en 1982. Peut-être que l’intérêt renouvelé de ce documentaire, comme toujours intelligemment monté, réside dans le témoignage de trois admiratrices, italienne, russe et japonaise, sur l’influence que Glenn Gould a exercée sur leur vie – sans oublier, bien sûr, quelques interprétations captées sur le vif, tel un rare Chopin (Étude op. 10, no 2). Alexandre Lazaridès


Livres / Books

Bob Dylan: portraits et témoignages

Libre expression, 2006, 288 pages

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Bob Dylan au fil des albums (1962-2001)

Anthony Varesi

Triptyque, 2006, 263 pages

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«Les classiques ne se démodent pas», comme on dit. Vous assisterez au concert de Bob Dylan le 8 novembre au Centre Bell de Montréal? Si ce concert est comme le dernier qu’il donnait chez nous (en 2002, déjà?), vous voudrez réentendre sa musique dès le concert terminé. Deux guides pour vous y aider: le magnifique album photo grand format que fait paraître Libre expression vaut vraiment le détour (à tout juste plus de 30$, c’est donné). Concocté par des auteurs du magazine britannique Mojo, le pavé regroupe témoignages, commentaires et un luxe de photos, de même qu’une sélection commentée des 100 meilleurs titres de l’auteur-compositeur. Pour à peine moins cher, le livre de Varesi (traduit par François Tétreau) passe chronologiquement en revue la discographie de Dylan (plus de 40 disques) et s’attarde sur leur contexte de création tout en proposant des analyses bien informées. Réjean Beaucage






MOZART 250

Sélection du mois

Tutto Mozart!

Bryn Terfel, baryton-basse; Miah Persson, soprano; Christine Rice, mezzo-soprano; Scottish Chamber Orchestra / Sir Charles Mackerras

Deutsche Grammophon 4775886 (63 min 36 s)

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Jouissif! L’une des plus grandes voix actuelles sur la planète, Bryn Terfel, déjà mozartien reconnu à la scène, nous en apporte une confirmation irrévocable avec ce disque consacré aux plus grands airs de l’enfant chéri de Salzbourg. L’instrument de Terfel est une merveille de la nature, de l’art et de la technique. Puissant, velouté, mais également robuste sans jamais être rude ou brutal, recelant un éventail de couleurs et de textures proprement inimaginable, il permet à ce Gallois à la stature de joueur de rugby d’étaler devant nos oreilles ébahies une véritable pyrotechnie d’émotions et une orgie de plaisirs musicaux sans doute renouvelés et magnifiés à chaque écoute. Terfel est un magnifique mozartien, pleinement imprégné de cet esprit si particulier que l’on retrouve dans le mariage de l’apparent et de l’indicible, du conscient et de l’inconscient, du corset et de l’esprit! Les Écossais de Sir Charles Mackerras y vont d’un accompagnement délicat et subtil, pleinement à la hauteur du défi lancé par le Gallois. Frédéric Cardin


Concertos pour piano no 17 K. 453 et no 21 K. 467

Maurizio Pollini, piano et direction; Wiener Philharmoniker

Deutsche Grammophon 4775795 (57 min 15 s)

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Voilà un incontournable de l’année Mozart. Le grand pianiste Maurizio Pollini offre dans ces concertos un jeu d’une grande clarté, raffiné, avec une étonnante précision dans le touché. Tout coule de source. Et cela est d’autant plus vrai qu’il est magnifiquement appuyé par le Philharmonique de Vienne, qu’il dirige lui-même du piano. Il est évident que le pianiste et l’orchestre s’écoutent mutuellement, car leur jeu atteint une qualité d’interaction que l’on retrouve plus souvent en musique de chambre qu’en musique concertante. L’équilibre sonore est parfait (réussite des musiciens, mais également de la prise de son), et laisse entendre avec clarté toutes les voix. Un disque vivifiant et une heure de musique qui passe vite. Isabelle Picard


Mozart Arias

Magdalena Kozena, mezzo-soprano; Jos van Immerseel, pianoforte; Orchestra of the Age of Enlightenment / Simon Rattle

Archiv 4775799 (67 min 56 s)

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Est-il besoin de dire que tous les musiciens présents sur cet enregistrement sont excellents? Voir ces noms réunis donne à rêver. Et effectivement, on ne peut rien redire ni sur la voix de Kozena, moelleuse, lumineuse, colorée et égale dans tous les registres, ni sur la direction de Rattle, qui amène un phrasé clair, des nuances précises et qui dialogue bien avec la soliste. La sonorité de l’orchestre est belle, confortable, parfaite… mais justement peut-être un peu trop parfaite, égale, uniforme; on prendrait bien un peu plus d’élan ici et là. Kozena est tour à tour Susanna et Cherubino (Le nozze di Figaro), Idamante et Ilia (Idomeneo), Despina, Fiordiligi et Dorabella (Cosi fan tutte), et Vitellia (La clemenza di Tito). Elle fait une belle démonstration de son savoir-faire mozartien. Mais sans trop savoir pourquoi, même après plusieurs écoutes, je cherche encore quelque chose. Quelque chose qui vivrait, qui parlerait et serait autre chose qu’un beau savoir-faire. Isabelle Picard


(c) La Scena Musicale