Les notes Par Réjean Beaucage & Isabelle Picard
/ 6 septembre 2006
Lépold Simoneau (Saint-Flavien, 3
mai 1916 - Victoria, 24 août 2006)
Le ténor canadien Léopold Simoneau
s’est éteint le 24 août dernier à l’âge de 90 ans, à Victoria,
en Colombie-Britannique, où il était établi depuis 1982 avec son
épouse, la soprano Pierrette Alarie.
Il figure parmi les chanteurs les plus
prestigieux de son époque. Il est internationalement reconnu comme
spécialiste de Mozart dès 1950. Il est invité par les plus grands
festivals, tels ceux d’Aix-en-Provence et de Glyndebourne, où il
a chanté à plusieurs reprises. Au fil de sa carrière, on a également
pu l’entendre à Londres, Buenos Aires, Salzbourg et dans plusieurs
autres grandes villes.
Simoneau a participé à une exécution
d’Oedipus Rex de Stravinski, sous la direction du compositeur,
avec Jean Cocteau comme récitant, lors du Festival du XXe
siècle, à Paris, en 1952. L’année suivante, il a incarné Don
Giovanni, à la Scala de Milan, sous la direction d’Herbert von
Karajan. Il a aussi chanté avec Maria Callas (La Traviata, Opéra
de Chicago) et Glenn Gould (Festival de Strattford, 1962).
Il a fait ses débuts au Metropolitan
Opera le 18 octobre 1963, dans le rôle de Don Ottavio. Ce rôle fut
l’un de ses plus grands et il l’a interprété 185 fois au cours
de sa carrière. Il a chanté pour la dernière fois en public le 24
novembre 1970, dans Le Messie avec l’OSM.
Léopold Simoneau a obtenu de nombreux
prix et honneurs tout au long de sa carrière.
IP
Elisabeth Schwarzkopf (Jarocin, 9
décembre 1915-Schruns, 3 août 2006)
La célèbre soprano Elisabeth Schwarzkopf
est décédée chez elle, en Autriche, dans la nuit du 2 au 3 août,
à l’âge de 90 ans.
La chanteuse d’origine allemande (naturalisée
Britannique en 1953) excellait dans les grands rôles de Mozart (Elvira,
dans Don Giovanni) et de Richard Strauss (la Maréchale, dans
Le chevalier à la rose). Elle a notamment travaillé avec Herbert
von Karajan, qui a déjà dit qu’elle était
« probablement la plus grande chanteuse en Europe».
Son premier engagement remonte à 1937,
mais c’est en 1947 qu’a débuté sa carrière internationale, par
une tournée des plus grandes salles européennes et américaines. Elle
se produisit pour la dernière fois à l’opéra en décembre 1971,
à l’Opéra de Bruxelles, dans Le chevalier à la rose. Elle
continua par la suite à donner quelques récitals de lieder, et à
donner quelques cours en Autriche et à New York. Elisabeth Schwarzkopf
a été anoblie en 1992 par la reine Elizabeth II.
IP
John Weinzweig (Toronto, 11 mars 1913
– Toronto, 24 août 2006)
Surnommé le doyen des compositeurs canadiens,
John Weinzweig était le fils aîné d’un couple d’immigrants polonais.
Il a débuté l’étude de la musique à l’adolescence, d’abord
en jouant de la mandoline, puis du piano, du tuba, du saxophone ténor
et de la contrebasse ! C’est à 19 ans qu’il se tourna vers la composition,
et s’inscrivit à l’Université de Toronto (contrepoint et fugue,
harmonie, orchestration) et au Conservatoire de musique de Toronto (direction
d’orchestre). C’est à cette époque (1934-37) qu’il fonda l’Orchestre
symphonique de l’Université de Toronto.
Il étudia par la suite à la Eastman
School
of Music de Rochester (N.Y.) où il fit
la découverte de la musique du XXe
siècle
et fut particulièrement marqué par
Le Sacre du printemps, de Stravinski,
et la
Suite lyrique, de Berg.
Sa première composition, la Suite
no 1 pour piano (1939), est la première
œuvre canadienne à incorporer les techniques sérielles. L’un des
gestes les plus importants qu’il aura fait pour la musique au Canada
reste cependant sans l’ombre d’un doute la création, en 1951, avec
ses anciens élèves du Conservatoire, Samuel Dolin et Harry Somers,
de la Ligue canadienne de compositeurs (LCComp), dont il fut président
de la fondation jusqu’en 1957, puis de 1959 à 1963. Son travail à
la LCComp a largement contribué à la création, en 1959, du Centre
de musique canadienne. Il a aussi été président de la CAPAC (aujourd’hui
SOCAN) de 1973 à 1975. La longue liste de ceux qui furent ses élèves
compte les noms de Bruce Mather, R. Murray Schafer, Robert Aitken, et
Brian Cherney.
Sa vaste production musicale lui a valu,
tout au long de sa vie, de nombreux honneurs.
RB
James Tenney (Silver City, NM, 10
août 1934 - 24 août 2006)
Le nom de James Tenney restera inscrit
en bonne place dans la liste des compositeurs états-uniens les plus
originaux. Il faut dire que l’homme avait été à bonne école : il
compte parmi ses professeurs Edgard Varèse et il a été associé aux
ensembles d’Harry Partch (Gate 5 Ensemble, 1959-60), Steve Reich (New
York, 1967-70) et Philip Glass (New York, 1969-70), mais il était aussi
cofondateur, chef d’orchestre et pianiste de son propre ensemble,
le Tone Roads Chamber Ensemble (New York, 1963-70, puis Tone Roads West
de Los Angeles, 1973-75).
Mon premier contact avec sa musique s’est
effectué par le biais de la pièce For Ann (Rising), de 1969 ;
une pièce inspirée par son travail, auprès de Max Mathews, aux Bell
Telephone Laboratories, dans le New Jersey, entre 1961 et 1964. La pièce
est construite à partir du principe du Shepard tone ou Shepard
scale (tonalité de Shepard ou gamme de Shepard, perfectionnée
par Jean-Claude Risset – Risset scale, puis Shepard-Risset
glissando). La musique, essentiellement un glissando ascentionnel,
donne l’illusion psycho-acoustique de pouvoir toujours monter plus
haut. Simple en apparence, mais rudement efficace. Tenney est aussi
l’auteur, en 1961, de Collage #1 (‘Blue Suede’), un remixage
extrêmement radical de la chanson Blue Suede Shoes, telle que
popularisée par Elvis Presley ; une œuvre qui a aujourd’hui une descendance
aux proportions bibliques. Ce ne sont là que deux exemples choisis
dans un catalogue important. Il ne sera jamais trop tard pour le découvrir.
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