Un premier Festival Bach à Montréal Par Isabelle Picard
/ 12 décembre 2005
English Version... Serait-il possible que Montréal héberge
annuellement un événement consacré à Johann Sebastian Bach qui soit de
réputation internationale, au même titre que ceux de Leipzig ou de Londres?
C'est l'ambition du Festival Bach de Montréal, dont la première édition se
tiendra du 24 au 30 novembre 2005.
C'est la Bach-Académie de Montréal, une organisation
dédiée à l'étude et à la diffusion de l'œuvre de Bach, qui est à l'origine du
festival. Et à l'origine de la Bach-Académie, Alexandra Scheibler, musicologue
arrivée à Montréal il y a quelques années. Le fait qu'au Canada aucun organisme
ne se consacre spécifiquement à la musique de Bach avait sans doute de quoi
étonner une musicologue arrivant d'Allemagne. Elle a donc décidé de remédier à
cette situation, et Montréal, avec ses nombreux et excellents musiciens
spécialisés dans le répertoire baroque, était un terreau fertile.
La première édition du festival est à la mesure de ses
ambitions internationales. Déjà, des invités prestigieux sont présents, tels
que le chef d'orchestre Frieder Bernius, le baryton Klaus Mertens et l'ensemble
Musica Antiqua Köln dirigé par Reinhard Goebel. Mais le Festival Bach est
également l'œuvre d'une importante collaboration entre différents ensembles de
musique ancienne d'ici, qui ont adapté leur saison de manière à programmer du
Bach durant cette période. Arion, Autour de la flûte, le Theatre of Early Music
de Daniel Taylor, Les Boréades, Les Idées heureuses, le Studio de musique
ancienne de Montréal ainsi que l'Université McGill sont de la partie. Une mise
en commun des forces comme on en voit rarement. Par ailleurs, l'Académie forme
pour l'occasion un orchestre -- l'orchestre de la Bach-Académie de Montréal --,
composé de gens d'ici et de gens de l'extérieur.
Christopher Jackson, codirecteur artistique du
festival (avec Julian Wachner), explique qu'ils ont choisi une approche où la
recherche musicologique et la recherche au niveau du son jouent un rôle. Toutes
les interprétations seront faites sur des instruments d'époque ou sur des
copies. « Nous avons décidé de ne pas aller vers les groupes qui jouent avec
des instruments qui ne sont pas dans leur état d'origine ou qui ne sont pas des
copies. Ce qui n'empêche pas qu'il y a de très belles interprétations de la
musique de Bach sur des instruments que l'on peut qualifier de "modernes".
C'est un choix qu'on a fait cette année. Le festival veut être informé non
seulement sur le plan musical, mais aussi sur le plan musicologique. Bénéficier
de toute la recherche, vraiment intéressante, qui a eu lieu depuis 10 ou 15
années, et marier cette recherche avec l'interprétation, les rapprocher. »
Ainsi, nous pourrons assister le samedi 26 novembre (9h -16h) à un symposium
portant sur La planification, la structure et la composition musicale et
théologique de l'Oratorio de Noël BWV 284 réunissant certains
des plus grands spécialistes de Bach, et nous pourrons entendre l'Oratorio de
Noël en concert le lendemain, à 16h (avec l'orchestre de la
Bach-Académie de Montréal, le chœur de l'église St. Andrew and St. Paul et les
solistes Dominique Labelle, Jennifer Dudley, Benjamin Butterfield et Klaus
Mertens, dirigés par Julian Wachner). Le volet éducatif sera complété par des
conférences, des répétitions publiques et des cours de maître (avec Reinhard
Goebel le 24 novembre et avec Klaus Mertens le 28). Les étudiants membres du
chœur et de l'Orchestre baroque de McGill auront par ailleurs la chance de
prendre part activement à l'événement et donneront un concert consacré à quatre
motets de Bach sous la direction de Frieder Bernius.
Dans la programmation de cette année se trouvent trois
œuvres de maturité de Bach, considérées parmi ses chefs d'œuvre: L'Offrande
musicale (par Les Boréades, le 29 novembre), L'Art de la fugue (par
Musica Antiqua Köln, le 24 novembre) et la Messe en si mineur (par le
Studio de musique ancienne de Montréal, l'orchestre de la Bach-Académie et les
solistes Shannon Mercer, Ingrid Schmithüsen, Daniel Taylor, Frédéric Antoun et
Marc Belleau, dirigés par Christopher Jackson, le 30 novembre). « Nous avons
décidé de miser sur les grandes œuvres importantes, explique Christopher
Jackson. Et l'idée, c'est aussi d'avoir des interprétations fraîches et
intéressantes. Les musiciens de Musica Antiqua Köln n'en sont pas à leur
premier concert Bach... Et les Boréades, c'est aussi un groupe très
intéressant. Je crois que la variété va venir des œuvres -- il y a un immense
corpus de musique de Bach --, mais aussi des interprétations, des approches
différentes. » Parmi les nombreuses autres œuvres qui seront jouées (le
festival comporte 16 concerts), mentionnons l'aria Alles mit Gott und nichts
ohn' ihn BWV 1127 (écrit en 1713), récemment découvert par le
musicologue Michael Maul et dont ce sera la première interprétation en concert
à Montréal.
Cette première édition du Festival Bach de Montréal présente en quelque sorte
de tout, pour tous. « Dans l'avenir, explique Christopher Jackson, on veut
développer des thèmes un peu plus serrés autour des œuvres, et également
l'aspect théologique et musicologique. Et on veut définitivement développer le
côté international. Un festival comme celui-ci, c'est une occasion de faire des
échanges importants, c'est des possibilités de sortie vers l'extérieur... Ça
crée un carrefour qui est très important. Je pense qu'on a sérieusement besoin
de ce genre de choses. » Et on a besoin qu'elles perdurent. *
Les activités du festival se tiennent dans divers
lieux de Montréal, dont la salle Redpath, l'église St. Andrew and St. Paul,
l'oratoire St-Joseph, la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours et autres.
Pour la programmation complète et davantage
d'informations, consultez le http://www.bach-academie-montreal.com.
Billets en vente à la billetterie de l'Université
McGill ou au (514) 398-4547.
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