Lectures d’été/Summer Reading
August 7, 2006
Philadelphia Maestros: Ormandy, Muti,
Sawallisch
Phyllis White Rodriguez-Peralta
Temple University Press, 172 pp
Ardent fans of the fabulous Philadelphians
will welcome this handsome but slim volume which offers a pleasant afternoon’s
diversion. Mrs. White Rodriguez-Peralta is a distinguished academic
(Spanish and Portugese studies) and longtime supporter of the Philadelphia
Orchestra. Her book informally profiles three music directors (after
Stokowski and up to Eschenbach) in a hagiographical sequence which can
be broadly interpreted as: Good, Better and Best over the period 1936-2003.
The forty-four years of Eugene Ormandy are covered at a rate of less
than one page per year. The author is respectful towards Ormandy but
regrettably repeats the old shibboleth, “The Philadelphia Sound? The
Philadelphia Sound is me.” As Ormandy explained to the CBC’s Robert
Chesterman in 1971, what he actually said to a journalist was, “There
is no such thing as the Philadelphia Sound, the sound is the sound of
the conductor.” Sadly, the splendid recorded legacy of the orchestra
under Ormandy is given scant and even slighting attention in the book.
Eugene Ormandy always claimed to be a good musician rather than a great
conductor and his dedication to Philadelphia has few equals in the history
of musical performance. Muti (12 years) and Sawallisch (10 years) receive
more equitable treatment in the text. They presided during a period
when the orchestra’s recording activities dwindled and the records
they made never seemed to last in the catalogue. The era of Ormandy-propelled
over-work in the studio must be recalled nostalgically by veteran players.
W.S. Habington
Shostakovich Symphonies and Concertos:
An Owner’s Manual
David Hurwitz
Amadeus Press, 219 pp
For his sixth title in the Unlocking
the Masters series from Amadeus Press, David Hurwitz has given us
a very useful accessory for the Shostakovich centennial. The author
is a musician, commentator and founding editor of Classicstoday.com.
As in previous volumes in the series, Hurwitz provides chapter-length
descriptions of the respective scores for the fifteen symphonies and
six concertos. Examination of the works is not presented as musical
analysis as such. A keen awareness of form paired with astute observations
make this book a valuable aid to musical appreciation. It is framed
by a thoughtful introduction and incisive conclusion which avoid the
raging topic of the composer’s resistance and/or collaboration with
the Soviet regime. Hurwitz concentrates on the music and its colossal
emotional impact which dwarfs a lot of the purported Shostakovich scholarship
of recent decades. The book includes a CD of Symphony No 5 from
the BIS catalogue in a worthy performance with the Stockholm Philharmonic
conducted by Yuri Ahronovitch. A chronology of works and a summary of
individual movement forms are included as appendices along with a select
bibliography. This is a well-considered and well-written reference work
that no Shostakovich collector should be without. WSH
Chroniques musiciennes d’une Europe
baroque
Denis Morrier
Fayard/Mirare, 2006, 255 p.
Un livre simple et court, mais qui refuse
les idées reçues et les généralisations simplistes, voilà ce que
propose Denis Morrier avec ses Chroniques musiciennes d’une Europe
baroque. L’ouvrage est divisé en deux parties. La première,
« Les Mots, les Sens, les Choses », s’attarde aux mots et aux concepts
historiques et esthétiques. Morrier y interroge d’abord le sens que
l’on donne et que l’on a donné aux termes « Europe » et « baroque
», évitant les définitions faciles, uniques, selon lesquelles un
seul concept caractériserait 200 ans d’histoire. Cette section du
livre aborde des questions telles que les métamorphoses de la théorie
musicale, les perceptions que l’époque a des styles, l’évolution
de la diffusion de la musique, etc. La deuxième partie, intitulée
« Le Temps, l’Espace et les Hommes », consiste en une chronologie
des événements ayant marqué l’histoire de la musique durant la
période couverte. Elle débute en 1567 avec la naissance de Claudio
Monteverdi et se termine le 20 juin 1767 avec la mort de Telemann. La
chronologie recense des naissances et des décès, bien sûr, mais également
des fondations d’académies, des inaugurations de théâtres, des
publications de recueils, livres et traités, des créations d’œuvres,
des voyages de musiciens, des fondations d’ensembles, etc. Un ouvrage
de lecture agréable, qui choisit l’angle de la diversité. Il est
complété par une bibliographie sélective et un index. Isabelle
Picard
Tielman Susato and the Music of his
Time. Print Culture, Compositional Technique and Instrumental Music
in the Renaissance
Keith Polk, ed.
Bucina: The Historic Brass Society Series
No. 5, Pendragon Press, 2005, 208 p.
L’été n’est pas nécessairement
réservé aux lectures légères; on peut aussi profiter de cette période
pour plonger dans des ouvrages un peu plus costauds. De petite taille
avec ses quelque 200 pages, cet ouvrage offre beaucoup de matière à
digérer. Il regroupe les contributions des experts invités au colloque
« Tielman Susato and the Music of his Time », tenu en avril 1999 à
l’Université du New Hampshire. Susato (actif à Anvers au 16e siècle)
était un tromboniste de premier ordre en plus d’être éditeur et
compositeur. Les recherches récentes dans le domaine de la musique
instrumentale et dans celui de la musique imprimée permettent d’en
apprendre davantage sur ses réalisations et de prendre conscience du
rôle que pouvaient jouer les instrumentistes à vent et les cuivres
dans la vie musicale de la Renaissance. Il faut dire que dans le nord
de l’Europe (et notamment dans les Pays-Bas), la situation économique,
sociale et politique du 16e siècle était très favorable aux arts,
et que la musique y a connu des développements importants. Le présent
ouvrage est divisé en trois sections. La première concerne surtout
la biographie et la carrière de Susato, la seconde traite de différents
aspects de la musique instrumentale du 16e siècle, et la troisième
se penche sur des questions de techniques de composition et sur l’émergence
de la culture de l’imprimé. Une collection d’essais qui plaira
surtout aux initiés. IP
Jean-Claude Malgoire, 50 ans
de musiques et d’aventure
Virginie Schaefer-Kasriel
Symétrie, 2005, 284 p.
On connaît bien Jean-Claude Malgoire
pour son importante contribution dans le domaine de la musique ancienne
à la tête de l’ensemble La Grande Écurie et la Chambre du Roy.
On sait moins, par contre, qu’il a mené une carrière aux multiples
facettes, à la fois comme hautboïste d’orchestre, interprète de
musique contemporaine et directeur de l’Atelier lyrique de Tourcoing.
C’est ce que nous apprenons, entre autres choses, dans ce livre signé
Virginie Schaefer-Kasriel. Si cette dernière est bien la signataire
de l’ouvrage, elle ne se cache pas, et ce dès la première phrase
de la préface, d’être « porte-parole complice » de Malgoire. Qu’il
soit textuellement cité ou qu’il parle par la voix de sa porte-parole,
Malgoire partage tout au long de ces pages les souvenirs et anecdotes
qui ont marqué ses cinquante années de carrière. On passe par les
premiers contacts avec la musique, les études, les débuts professionnels,
le service militaire, la vie de hautboïste d’orchestre, on assiste
à l’heureux hasard qui a mené à la formation de la Grande Écurie
et la Chambre du Roy… Bref, c’est toute la vie musicale de Malgoire
qui est tracée par la plume de Schaefer-Kasriel. Et cette plume donne
beaucoup d’élan au récit, qui pourrait facilement devenir ennuyeux.
À ranger dans la catégorie des beaux livres par son grand format et
les nombreuses photos qui l’illustrent, le volume se lit d’une traite
grâce au rythme vivant de l’écriture et à la forme – un tuilage
de courtes sections – adoptée. En annexe, une imposante « Discographie
raisonnée », réunie par Noël Godts, et l’historique détaillé
des saisons de l’Atelier lyrique de Tourcoing de 1981 à 2005 et des
Semaines chorales de Tourcoing de 1985 à 2003. IP
People and Pianos. A Pictural History
of Steinway & Sons
Theodore E. Steinway
Amadeus Press, 192 p.
Voici un livre pour ceux qui aiment les
photos historiques, les épisodes anecdotiques et bien sûr, les pianos
Steinway. Initialement écrit par Theodore Steinway à l’occasion
du 100e anniversaire de la compagnie, le tout a été repris 50 ans
plus tard pour en faire une info-pub de grand luxe célébrant la suprématie
Steinway. On ne le lira pas pour y trouver des recherches historiques
de fond, mais comme un carnet de photos souvenirs d’une grande famille
qui a marqué l’histoire depuis plus de 150 ans. Photos inédites
du célèbre atelier 85 Varick Street à Manhattan. Laurier
Rajotte
The Steinway Collection. Paintings
of Great Composers
With essays by James Huneker
Amadeus Press, 64 p.
Ce livre propose une série de portraits
des « grands compositeurs » réalisés par des peintres étatsuniens
du 19e siècle. Il a ceci d’original que notre œil a la surprise
de voir d’autres propositions que les portraits plus célèbres auxquels
nous nous sommes habitués. Mozart, Chopin, Schubert et Verdi sont parmi
les douze compositeurs présents accompagnés d’un court texte en
prose voulant célébrer l’esprit du compositeur et « évoquer des
visions musicales » par l’auteur et critique américain James Huneker,
né en 1857. Si vous lisez l’anglais. LR
Opera’s First Master. The Musical
Dramas of Claudio Monteverdi.
Mark Ringer
(contient un CD : anthologie des enregistrements
montéverdiens du Concerto Vocale de René Jacobs)
Amadeus Press, coll. Unlocking the Masters,
344 p.
Ce livre, conçu comme une introduction
à la vie et l’œuvre du « premier maître de l’opéra », constitue
une belle et utile synthèse, à la fois très bien informée et très
abordable, des connaissances actuelles sur Claudio Monteverdi. Ceci
dit, si lisible soit la prose de l’auteur, plusieurs éprouveront
de la difficulté à lire son livre du début à la fin, car une proportion
importante du texte (plus du tiers) consiste en une analyse méthodique,
scène par scène, de chacune des partitions examinées. Cette analyse
n’est pas excessivement technique, au point de se passer totalement
d’illustrations musicales en notes et portées. Mais il reste qu’on
ne saurait suppléer à l’absence de la musique elle-même par des
descriptions verbales à grands renforts d’adjectifs paysagés. En
fournissant un CD d’accompagnement, l’éditeur compense en partie
ce problème, mais seulement en partie, car il ne nous offre en fait
que des extraits, sans les textes chantés – une carence d’autant
plus curieuse vu l’insistance répétée de l’auteur sur la nécessité
d’écouter cette musique livret en main… Ainsi donc, paradoxalement,
ce livre conçu comme une introduction à Monterverdi ne pourra être
pleinement apprécié que par les mélomanes qui connaissent déjà
intimement les œuvres du maître… Pierre Marc Bellemare
Vox fibræ
François Tousignant, rédaction ;
Carole Simard-Laflamme, conception
Éditions d’art Le Sabord, 175 p.
On a bien connu François Tousignant
comme critique musical au quotidien Le Devoir ; on pourrait aussi
l’avoir connu comme compositeur, ou comme professeur à la Faculté
de musique de l’Université de Montréal. Le voici qui se fait poète
et philosophe pour susciter, par une étroite collaboration avec l’artiste
Carole Simard-Laflamme, une réflexion sur la musique. À partir d’une
chaîne d’analogies liant le métier de compositeur au métier…
à tisser, l’auteur décortique poétiquement les relations entre
ces deux univers et l’artiste multiplie les niveaux de sens par des
interventions graphiques aussi originales que pertinentes. Un beau livre
à consommer lentement. Réjean Beaucage
Le Roi et Moi
Herbert Breslin et Anne Midgette
Hachette, coll. Citadelle, 351 p.
Le Roi, évidemment, c’est Pavarotti,
et « moi », c’est Herbert Breslin, qui fut manager du ténor durant
trente-six ans. À la veille de la dernière tournée de concerts de
Pavarotti (viendra ? viendra pas ?), cette collection d’anecdotes
sur le personnage, racontées par quelqu’un qui a tout de même passé
pas mal de temps en coulisses, se lit avec plaisir (un plaisir un peu
coupable, un peu voyeur, mais un plaisir tout de même !). Une trentaine
d’autres représentants du milieu de l’opéra ajoutent souvenirs
et grains de sel, histoire d’épicer davantage le tout. RB |
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