Pentaèdre à Lanaudière Par Réjean Beaucage
/ 7 août 2006
L’ensemble Pentaèdre et son
directeur artistique, le hautboïste Normand Forget, n’ont pas froid
aux yeux ! Loin de craindre les difficultés, ils semblent plutôt prendre
plaisir à défier leur public par des propositions plus originales
les unes que les autres. Après une transcription (par Forget) de
Die Winterreise, de Schubert, pour quintette à vents, accordéon
et voix, Pentaèdre en a surpris plus d’un par son interprétation
(avec quatre chanteurs) de la musique de l’opéra surréaliste
A Chair in Love, de John Metcalf (compositeur) et Larry Tremblay
(librettiste). On ne devrait donc pas s’étonner de les voir cette
fois-ci s’attaquer à Così fan tutte, de Mozart, en version
pour quintette. L’étonnement vient cependant lorsque l’on apprend
que l’opéra sera servi en version muette, et que les chanteurs seront
remplacés par… des mimes !
« On a déjà travaillé avec
les mimes d’Omnibus, il y a cinq ans, explique Normand Forget. C’était
un projet qui avait été monté assez rapidement ; le devant de la
scène était occupé par une trentaine de lutrins placés de façon
complètement éclatée et devant lesquels nous devions nous rendre
pour interpréter les pièces au programme, pendant lesquelles les mimes
évoluaient sur une passerelle en fond de scène. Nous nous sommes rapidement
rendus compte que les musiciens n’ont aucune formation qui puisse
leur indiquer comment on se comporte lorsque l’on doit bouger, marcher
sur une scène… Pourtant, notre attitude sur scène détermine une
grande part de la façon dont le public perçoit ce que nous jouons…
L’attitude scénique est donc restée une de nos préoccupations.
» Et ceux qui ont pu voir les membres de Pentaèdre intervenir dans
l’opéra de Metcalf et Tremblay savent bien que c’est un point sur
lequel ils ont beaucoup travaillé !
« Je trouve que c’est un beau
clin d’œil à Mozart, explique Forget, que de prendre une œuvre
comme Così et, sans en enlever l’essence, lui donner une tournure
assez spéciale. Il s’agit donc d’un arrangement (de Ulf-Guido Schäfer)
pour le quintette et quatre mimes (mise en scène de Jean Asselin).
La version que nous en donnerons à Lanaudière sera très proche du
livret de Da Ponte, mais c’est une œuvre en développement et la
version que nous en donnerons en février 2007 à l’Espace-Libre sera
bien différente. Pour cette première, qui a lieu dans une église,
nous garderons quand même un certain décorum ! Ça nous permettra
de jauger le projet et de mieux mesurer jusqu’où il peut nous mener,
mais le public présent aura tout de même droit à un véritable spectacle.
»
En ajoutant au répertoire de quintette
à vents des transciptions de ce genre, Pentaèdre contribue surtout
à redonner une certaine jeunesse à des œuvres qui le méritent bien.
Les musiciens, les mimes, sont sur la corde raide dans un projet comme
celui-là, au même titre que le public. Mais si ce dernier peut croire
à l’histoire d’un cinéaste tombant amoureux de sa chaise (comme
dans A Chair in Love), il est sans doute prêt pour un opéra
muet !
› Église de Lavaltrie Le 18 juillet,
20 h
www.lanaudiere.org |
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