Le pianiste DALTON BALDWIN : l’important, c’est de «faire vivre la musique. » Par Sophie Laurent
/ 14 mai 2005
Espace
musique a rencontré Dalton Baldwin à l’occasion du Concours Musical
International de Montréal. Musicien d’exception doté d’une immense culture, le
pianiste américain sera l’invité d’Espace musique pour commenter la demi-finale
et la finale du Concours 2005 consacré, cette année, au chant. Portrait d’un
pianiste et d’un accompagnateur formidable.
Au
cours de sa longue carrière, Dalton Baldwin a été choyé en terme de
collaborateurs. Ce natif du New Jersey a partagé la scène avec des grandes voix
de notre époque dont Elly Ameling, Jessye Norman, Jose Van Dam, Frederica von
Stade, Teresa Berganza, Nicolai Gedda, William Parker et Arlene Auger. Selon
Dalton Baldwin, le rapport entre un pianiste et un chanteur ressemble au
mariage : « Il faut que la chimie entre deux êtres soit immédiate. Il faut
ressentir la musique de la même façon. » En plus de ces célèbres partenaires
vocaux, il a eu l’occasion de jouer avec des instrumentistes exceptionnels
comme le violoniste Henryk Szeryng, le violoncelliste Pierre Fournier et le
quatuor Via Nova.
Partenaire
de Gérard Souzay
C’est
surtout sa riche collaboration s’échelonnant sur plus de trois décennies avec
le grand baryton français Gérard Souzay (décédé en août 2004) qui aura marqué
sa carrière. Ensemble, ils ont abordé autant le lied allemand que le répertoire
français (de Fauré à Poulenc) et la mélodie contemporaine (Ned Rorem, Frank
Martin, Alberto Ginastera, etc.).
Dans
les notes d’un disque consacré aux oeuvres de Schubert, John Ardoin a écrit : «
Dans son voyage à travers les lieder de Schubert, Souzay a pour compagnon un
artiste possédant à la fois une admirable sûreté d’instinct et une grande
perspicacité, le pianiste Dalton Baldwin. Celui-ci n’est jamais un
accompagnateur au sens courant du terme, mais plutôt un partenaire, quelqu’un
qui partage avec Souzay la douleur et la beauté de la poésie et de la musique.
»
La
mélodie et le lied
De
brillant élève de la Juilliard School de New York et du Conservatoire Oberlin
(Ohio), Dalton Baldwin s’est imposé au fil des ans comme un spécialiste
incontesté de la mélodie et du lied. Avec différents chanteurs, il a enregistré
l’intégrale des oeuvres vocales de Fauré, Debussy, Ravel, Roussel et Poulenc
chez EMI Classics. Ses enregistrements des lieder de Schubert et Schumann
avec Gérard Souzay et Elly Ameling chez Philips sont devenus des références.
Sans
être nostalgique, Dalton Baldwin considère qu’il est plus difficile aujourd’hui
de trouver de vrais artistes.« Certes, dit-il, il y a de belles voix, faciles
et grandes, mais ce qui manque, c’est l’expression ». En somme, pour être un
grand chanteur, il ne suffit pas d’avoir une grande voix ; il faut, selon lui,
faire preuve d’une grande érudition musicale et posséder une vaste culture.
Un
modèle pour les jeunes
Aujourd’hui
âgé de 73 ans, Dalton Baldwin poursuit sa carrière d’interprète même s’il a
réduit le nombre de ses prestations. Depuis plusieurs années, il se dédie
davantage à l’enseignement et à la direction artistique. Professeur au
Westminster Choir College de l’Université Rider à Princeton (New Jersey) depuis
1984, il offre des cours de maître aux États-Unis, en Europe et en Asie,
notamment au Japon où il jouit d’une très grande renommée. Il consacre
également beaucoup d’énergie à la formation des jeunes musiciens lors de stages
qu’il offre annuellement à Princeton, à Tokyo, à Nice et à Genève, entre
autres.
Il
est également sollicité pour faire partie de nombreux jurys de concours
internationaux. À ce titre, il place l’expression au premier plan : « Je
cherche à entendre un message personnel. Nous sommes à une époque où l’accent
est mis sur la puissance de la voix, mais les grandes voix peuvent être
ennuyeuses s’il n’y a pas d’expression. » La communication avec le public
demeure primordiale selon lui.
Lors
de la 1e édition du Concours Musical International de Montréal en 2002, la
canadienne Measha Brueggergosman a raflé le Premier grand prix ainsi que
plusieurs autres, dont celui du public. Dalton Baldwin a souvent eu l’occasion
de l’entendre au cours des dernières années. « Ce qui me fascine chez elle,
c’est qu’elle possède un charisme extraordinaire. Qu’elle chante un lied ou un
air d’opéra, on est toujours ému. Elle a un don très rare pour communiquer avec
le public, elle exerce une réelle fascination sur lui. » Selon Baldwin, on
retrouve aujourd’hui au Canada beaucoup de grands chanteurs qui ont non
seulement l’avantage d’être bilingues, mais qui ont aussi une solide formation.
«
C’est un plaisir, conclut-il, de travailler au Canada! »
Et ce sera un plaisir pour Espace musique de le recevoir à titre de
commentateur aux côtés de l’animatrice Françoise Davoine, dans le cadre de la
présentation des meilleurs moments de la demi-finale du Concours, et de
l’intégrale de la finale en direct sur nos ondes.
Horaire
de diffusion du Concours Musical International de Montréal
Demi-finale
sur Internet en son et en images
http://www.radio-canada.ca/cmim
10 mai
à 13 h 30
11, 12 et 13 mai
à 13 h 30 et 19 h 30
Émission
spéciale - meilleurs imoments de la demi-finale
Espace musique (100,7 FM à Montréal)
Samedi 14 mai de 13 h à 18 h
Finale
en direct
À Espace musique (100,7 FM à Montréal) et sur Internet
16, 17 et 18 mai à compter de 19 h 30
Animation
: Françoise Davoine
Commentaires : Dalton Baldwin
Réalisation : Odile Magnan et Michèle Patry
Sites
à consulter :
http://www.radio-canada.ca/cmim
http://www.jeunessesmusicales.ca
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