Chandos, 25 ans de musique Par Isabelle Picard
/ 9 avril 2005
L'étiquette
de disques Chandos, compagnie britannique indépendante – elle se déclare
elle-même « plus grande compagnie de disques indépendante au monde » a eu 25
ans en 2004. En cette période où des commentateurs de l'actualité ont déjà
prédit la mort du disque de musique classique, Chandos semble se porter, ma
foi, pas si mal. L'année dernière, le nombre de nouvelles parutions s'élevait à
124 et pour les quatre premiers mois de 2005, leur nombre est de près de 40.
Dans les premières années de sa fondation, la
compagnie a d'abord mis l'emphase sur le répertoire britannique et se faisait
championne des œuvres négligées. Maintenant, le catalogue accorde toujours une
large place à la musique de compositeurs britanniques tels que Malcolm Arnold,
Lennox et Michael Berkeley, Frank Bridge, Benjamin Britten, James MacMillan ou
Ralph Vaughan Williams, mais Chandos s'est beaucoup diversifiée, en créant
différentes collections. Coup d'œil sur un catalogue fourni, de plus de 1500
titres.
Musique
ancienne
Devant l'engouement pour la musique ancienne, la
compagnie Chandos n'allait certainement pas rester muette. En 1989 elle lance
donc la collection « Chaconne », qui fait paraître des disques s'inscrivant
dans cette mouvance. Le répertoire couvert va du Moyen Âge au classicisme et
fait entendre aussi bien des instruments d'époque que modernes. Bien sûr, on y
retrouve les J.S. Bach, Vivaldi et Haendel, mais aussi des compositeurs tels
que Leclair, Weiss, Galuppi, Hummel et Weckmann. Parmi les interprètes à
découvrir dans cette collection, mentionnons par exemple le Purcell Quartet,
particulièrement pour leurs interprétations des messes luthériennes de J. S.
Bach (chan 0642) ou des cantates sacrées de Buxtehude avec les solistes Emma
Kirkby, Suzie LeBlanc et Peter Harvey (chan 0691). Il faut également écouter le
très bon ensemble vocal I Fagiolini interpréter avec le English Cornett and
Sackbut Ensemble des madrigaux d'Andrea Gabrieli (chan 0697).
Musique de film
Elle
fait partie intégrante du film, souligne l'action, la colore et parfois même
l'anticipe. Et de plus en plus, on aime à entendre la musique de film sans les
images, pour accompagner notre cinéma intérieur ou pour le plaisir de la
musique elle-même. Dans la collection « Chandos Movies », on trouvera bien sûr
des classiques, comme des œuvres que Nino Rota a écrites pour The Godfather,
The Glass Mountain et Giulietta degli spiriti (Juliette des
esprits), entre autres, interprétées au piano par Massimo Palumbo (chan 9771).
On pourra également se remémorer les musiques de Sir Malcolm Arnold, non moins
classiques, écrites par exemple pour The Bridge on the River Kwai ou Whistle
Down the Wind, interprétées par le London Symphony Orchestra sous la
direction de Richard Hickox (chan 9100). Vous avez peut-être entendu le Concerto
de Varsovie, de Richard Addinsell, interprété par Alain Lefebvre et
l'Orchestre symphonique de Québec (disque paru chez Atma sur lequel on trouve
également le Concerto de Québec d'André Mathieu). Cette musique,
composée à l'origine pour le film Dangerous Moonlight (1941), est
souvent interprétée en concert (piano solo et orchestre) et elle a fait l'objet
de plus d'une centaine d'enregistrements. On la retrouve aussi chez Chandos, en
compagnie d'autres musiques de films du même compositeur (chan 10046).
De grands interprètes
Ce
n'est pas parce que la compagnie est britannique que tous les interprètes qui y
enregistrent le sont. Le nom de Suzie LeBlanc a été mentionné un peu plus haut,
et ce n'est pas la seule interprète de chez nous à avoir enregistré pour
Chandos. On y retrouve par exemple Yuli Turovsky, à la fois comme membre du
Trio Borodin et comme chef de l'ensemble I Musici de Montréal (plus de 20
disques parus chez Chandos). Le pianiste Louis Lortie fait lui aussi paraître
ses enregistrements avec la compagnie britannique. Parmi les orchestres qui
arborent (ou ont arboré) l'étiquette Chandos, mentionnons l'Academy of St.
Martin in the Fields, le BBC Philharmonic, le Chicago Symphony Orchestra, le
Detroit Symphony Orchestra, les London Mozart Players, le Sixteen Orchestra, le
Russian State Symphony Orchestra, etc., avec des chefs tels que Yan Pascal
Tortelier, Simon Rattle, Sir Charles Mackerras et bien d'autres, de toutes
provenances.
De tout, pour tous
Le catalogue Chandos comprend vraiment de tout...
allant de l'interprétation sur instruments d'époques, à des arrangements
symphoniques d'œuvres de Bach! Contradictoire ? Mais c'est qu'il n'y a pas
qu'un type de mélomanes... Les orchestrations de Bach par Leopold Stokowski
rappelleront à plusieurs le film Fantasia, de Walt Disney, où on voyait
le chef-arrangeur diriger sa version de la célèbre Toccate et fugue en ré mineur,
bwv 565. On peut réentendre cet arrangement, ainsi que d'autres œuvres de Bach,
sur le disque Stokowski's Symphonic Bach, paru en 1993 (chan 9259). Le succès
de ce premier disque a incité la compagnie à faire paraître en février 2005
Stokowski's Symphonic Bach vol. 2, sur
lequel on peut entendre des arrangements non édités et dans certains cas jamais
enregistrés (chan 10282). Et ce n'est pas tout! Toujours en matière
d'arrangements, le disque Bach Transcriptions, paru en 2000 (chan 9835),
présente des transcriptions faites par des gens comme Respighi, Barto´k,
Honegger, Reger, Elgar, Vaughan Williams, Holst et Schoenberg ! Il ne faut pas
crier trop vite au sacrilège, parce que ces arrangements peuvent constituer un
bel indice de la perception qu'avaient ces compositeurs de la musique Bach.
Ajoutons à cela les collections « Chandos Brass »,
«Chandos Historical » (qui réédite des enregistrements historiques à prix
modique), « Chandos Classics » (qui réédite quant à elle les disques Chandos
les plus populaires, remasterisés en 24-bit)... et on a vraiment un éventail
diversifié qui vaut qu'on jette un coup d'œil soi-même au catalogue, disponible
au http://www.chandos.net.
|
|