SQRM - 25 ans au service de la recherche musicale au Québec Par Réjean Beaucage
/ 15 février 2005
Logée
dans le Vieux-Montréal juste au-dessus des locaux du Centre de musique
canadienne, avec lequel elle entretient des liens solides, la Société québécoise
de recherche en musique contribue depuis maintenant 25 ans à
l'avancement des connaissances sur la musique. L'analyse de l'histoire de la
SQRM donne la mesure de l'évolution du Québec en matière de recherche
musicologique durant le dernier quart de siècle. LSM a rencontré la
présidente de l'organisme, la musicologue Louise Bail, afin de brosser un
portrait de la SQRM en cette année anniversaire.
« En 1980, mes étudiantes – parce qu'il n'y avait que
des filles – m'ont demandé de les soutenir dans la promotion d'une nouvelle
association en m'offrant d'en devenir la première présidente. L'Association
pour l'avancement de la recherche en musique du Québec (ARMuQ), devenue depuis
quelques années la SQRM, venait d'être fondée par Irène Brisson, à Québec, et
Louise Bail, à Montréal, à l'instigation de Mireille Gagné et avec l'aide de
France Malouin, Christiane Plamondon, Lucie Cliche et d'autres parmi les sept
signataires de la charte, pour promouvoir les activités de recherche en
musicologie, nouvelle discipline universitaire au Québec1. »
À l'époque de sa fondation, l'ARMuQ (devenue la SQRM
dans les années 1990) occupait donc un espace laissé vacant par les
universités. Cependant, le développement de programmes de musicologie allait
bientôt faire apparaître les structures institutionnelles (départements,
revues, colloques, etc.) dont l'absence avait provoqué la naissance de
l'organisme. « Et cela nous amène à un tournant de notre histoire, explique
Louise Bail. Après mon implication initiale, je me suis éloignée de la SQRM
pendant près d'une vingtaine d'années, et j'y reviens maintenant pour trouver
un organisme bien différent de celui que j'ai connu. Mes premières réflexions,
lorsque je suis devenue présidente en mars 2004, m'amenaient à juger qu'il n'y
avait plus de place pour la SQRM... La musicologie s'étant institutionalisée,
les chercheurs universitaires obtiennent des subventions de recherche ; ils
doivent publier, mais ils n'ont plus besoin de chercher une structure pour la
diffusion de leurs travaux, puisque l'université leur offre tout cela.
Cependant, si c'est vrai pour les professeurs qui ont des réseaux de diffusion
et qui profitent de liens interuniversitaires, ce n'est pas toujours évident
pour eux quand vient le temps de dépasser les milieux universitaires pour
atteindre un public plus large ; ce n'est pas le cas, également, pour les
chercheurs indépendants, pour les chargés de cours et pour les étudiants, qui
vivent un peu la même solitude que nous connaissions à l'époque de la
fondation, qui désirent partager le fruit de leurs recherches avec leurs
collègues de diverses provenances, et se donner les moyens pour vulgariser
celles-ci auprès du public. »
Ce partage s'effectue, par exemple, grâce à
l'organisation de concerts ou des conférences de la série «Présences de la
musique», mais aussi grâce à des colloques, des publications (18 numéros des Cahiers
de l'ARMuQ entre 1983 et 1996 – 10 numéros des Cahiers de la SQRM
depuis 1997), et à la diffusion d'informations par le biais du site Internet de
la société dont, comme on le voit, la nécessité se fait toujours sentir.
Les raisons de célébrer le 25e anniversaire ne
manquent donc pas ! « On célébrera en deux temps, explique la présidente,
durant une année dont le thème est De réminiscences en émergence. Une
parution spéciale des Cahiers de la SQRM permettra de faire un catalogue
historiographique de l'état de la recherche durant les 25 dernières années, ce
sera le volet «Réminiscences», et un colloque, en 2006, offrira l'espace
nécessaire pour faire le point sur les nouveaux savoirs musicaux et engager une
réflexion sur les orientations de l'organisme pour les 25 prochaines années. Ce
sera le volet "Émergence". Le musicologue Jean-Jacques Nattiez agira comme
président d'honneur de ce colloque. »
Il faut souligner que la SQRM s'adresse à tout
professionnel ou étudiant en musique (musicologues, compositeurs, interprètes,
musiciens éducateurs, facteurs d'instruments) et, en définitive, à toute
personne intéressée à la recherche en musique au Québec.
1. Propos de Maryvonne Kendergi rapportés par Louise
Bail à la page 345 de son livre La musique en partage, Éditions
Hurtubise HMH, Cahiers du Québec – collection musique, Montréal, 2002.
Dans la série de conférences «
Présences de la musique » :
Louise Arseneau
Une incursion dans l'univers sonore de José
Évangélista
Montréal : mercredi 23
février 2005, 20 h, Chapelle historique du Bon-Pasteur
Sherbrooke : jeudi 24 février
2005, 16 h 30, Salle Serge-Garant
http://www.sqrm.qc.ca
/ 514 866.9520
|
Diplômée de l'Institut de musicologie de la Sorbonne
en 1972, Louise Bail a contribué à faire mieux connaître la musique et ses
artisans à un vaste bassin de mélomanes.
Elle a été animatrice, de 1978 à 1982, de l'émission Musique
de Canadiens, au réseau FM de Radio-Canada. À partir de 1982, elle est
conseillère pédagogique auprès de différentes commissions scolaires et chargée
de projets au ministère de l'Éducation. Elle a enseigné aussi bien aux niveaux
préscolaire, primaire et secondaire qu'au collégial, à l'université et à
l'éducation des adultes !
On lui doit, en 1985, une monographie sur le
compositeur Jean Papineau-Couture (Jean Papineau-Couture -- La vie, la carrière
et l'œuvre, Montréal, HMH Hurtubise, « Les Cahiers du Québec »), une
collaboration comme auteure et éditrice à la parution de l'essai pédagogique
d'histoire de la musique, Initiation à la littérature musicale (Québec,
Le Griffon d'argile,1987) et un ouvrage sur Maryvonne Kendergi intitulé La
Musique en partage (Montréal, HMH Hurtubise, 2002).
Ses publications comptent divers articles de
dictionnaire, d'encyclopédie et de revues musicales.
|
|
|