En librairie: Les compositeurs Par Claudio Ricignuolo
/ 29 novembre 2004
Claudio Ricignuolo Les compositeurs
La grande musique à la portée de tous. Éditions
Fides, 2004, 120 p. 24,95 $ avec CD. À partir de 8 ans. *****
Dès que l'objet est placé entre nos mains, le ton
est donné. Les illustrations poétiques, absolument délicieuses de Luc Melanson,
toutes en demi-teintes et en clins d'œil (l'arbre musical de la famille Bach et
le petit Mozart sont particulièrement savoureux) donnent une furieuse envie de
feuilleter sur le champ ce livre-disque très attrayant. Les biographiesdes
compositeurs sont concises, bien documentées, mais manquent un peu à l'occasion
de ce petit côté « savais-tu que » qui donne le goût de connaître des détails
plus intimes ou, au moins, plus cocasses, de la vie de ces génies. Des encadrés
(par exemple sur la musique baroque, la musique atonale ou le peuple des Roms)
viennent, astucieusement, briser le rythme. La partie xxe siècle de
l'ouvrage est un peu mince, même si elle aborde Debussy, Ravel, Stravinski,
Villa-Lobos et Gershwin. Les 50 extraits musicaux qui se retrouvent sur le CD
(tirés du catalogue Naxos) sont regroupés non pas par époques mais par thèmes :
la nature, les sentiments, les héros et les batailles, les voyages. Chaque
extrait (d'environ une minute) est présenté par les narrateurs (l'auteur et
Guylaine Girard), qu'on aurait peut-être souhaité un peu plus dynamiques dans
leur façon de livrer le message. Un lexique complète le tout. Un cadeau à
glisser sous le sapin absolument!Lucie Renaud
Claudio Ricignuolo est violoniste au sein
de l'Orchestre Métropolitain du Grand Montréal et de l'Orchestre symphonique de
Longueuil. Mélomane actif et vulgarisateur talentueux, il a mis sur pied la
série de cours Initiation à la mélomanie, ouverte à tous les
amateurs de musique désireux d'approfondir leurs connaissances du grand
répertoire.
Cet automne paraissait aux Éditions Fides son
livre-disque La grande musique à la portée de tous, volume 1 : Les
compositeurs, qui s'adresse aux 8 ans et plus.
Nous en reproduisons ici quelques extraits.
Vous connaissez l'histoire d'Ali Baba et les
quarante voleurs? C'est une histoire qui fait partie des Contes des mille
et une nuits. Le héros, Ali Baba, y découvre une caverne où des voleurs
cachent leurs trésors. Cette caverne est fermée par une porte qui la camoufle
totalement aux yeux des curieux. Ayant épié les voleurs, Ali Baba a découvert le
secret de la caverne : pour ouvrir la porte, il suffit de prononcer la formule
magique « Sésame, ouvre-toi ! ». Les voleurs partis, le courageux Ali Baba
pénètre dans la caverne grâce à la formule magique et se met à l'explorer. Il y
découvre une immense salle remplie d'une inimaginable quantité de trésors d'une
merveilleuse beauté et d'une inestimable valeur : de l'or, des diamants, des
pierres précieuses étincelantes et multicolores...
Pour moi, la musique classique est comme une
véritable caverne d'Ali Baba. Ses trésors cachés s'adressent aux oreilles de
ceux qui savent la découvrir. En réalité, ce n'est pas une musique difficile à
comprendre. Il suffit d'en connaître la formule magique pour être transporté
dans un océan sonore tellement grand et varié qu'il semble inépuisable. Ce que
ce livre propose est un petit voyage d'introduction au pays des compositeurs et
de leur musique, à peine un aperçu, histoire de goûter un peu à ces merveilles
et d'avoir envie d'en connaître davantage. Alors... « Sésame, ouvre-toi !
» (p. 5, extrait de l'introduction)
La beauté sublime de la musique de Beethoven
continue, près de 200 ans après sa mort, à toucher nos cœurs, et pourtant, son
auteur a été privé du sens de l'ouïe! Comment cela a-t-il été possible?
Beethoven est né en 1770 à Bonn, en Allemagne. Très
tôt au cours de son enfance, son entourage remarqua ses dons musicaux hors du
commun. Il reçut donc une solide formation auprès des meilleurs professeurs. À
cette époque, Beethoven n'était pas encore sourd, bien au contraire, il avait
l'oreille particulièrement fine. Hélas, il vécut une enfance malheureuse à cause
de son père qui était alcoolique et violent. Au cours de son adolescence,
Beethoven devint un pianiste accompli et un compositeur prometteur. À l'âge de
dix-sept ans, on l'envoya se perfectionner à Vienne, la capitale de l'Autriche
et la plus importante ville musicale de l'époque. C'est là où vivaient alors
Mozart et Haydn.
Le jeune Beethoven réussit à obtenir des leçons de
Haydn. Sa renommée, comme pianiste virtuose d'abord, puis comme compositeur, se
mit à grandir très vite.
Les premières manifestations de sa surdité ne sont
apparues qu'en 1798, alors qu'il était âgé de vingt-huit ans. La surdité n'était
que partielle au début : il pouvait encore jouer et diriger ses œuvres. Au fil
des ans, elle augmenta peu à peu. Lorsqu'en 1815 son infirmité l'obligea à
abandonner sa carrière de pianiste et de chef, il avait déjà composé huit de ses
neuf symphonies et la majeure partie de son œuvre. Même devenu complètement
sourd, il a pu continuer à composer, car il entendait tous les détails de sa
musique dans sa tête.
(p. 33-34, extrait de « Ludwig van Beethoven
»)
Verdi est né dans un petit village d'Italie appelé
Le Roncole (il faut prononcer « Lé Ronn-colé »). Son goût pour la musique se
développe très tôt. Bien avant d'aller à l'école, il passe des heures à écouter
la fanfare du village ou le violoneux errant qui passe devant chez lui. À l'âge
de sept ans, il adore servir la messe à l'église de son village à cause de la
musique de l'orgue qui le transporte dans un autre monde. Un beau matin, il est
tellement absorbé par l'orgue qu'il en oublie de donner les burettes d'eau et de
vin au prêtre. Alors celui-ci, de colère, lui décoche un coup de pied qui
l'envoie balader au pied des marches de l'autel ! Furieux, le petit Verdi
s'écrie : « Que Dieu te foudroie ! ». Eh bien, imaginez-vous que plusieurs
années plus tard, la foudre est tombée sur une église de la région, tuant cinq
personnes. On dit que parmi elles se trouvait le prêtre, celui du coup de pied
! (p. 59, extrait de « Giuseppe Verdi »)
C'est Debussy et Ravel qui mettent au point un
langage musical qu'on a appelé « musique impressionniste » parce qu'il rappelle
le style des peintres impressionnistes comme Renoir, Manet et Sisley. Dans ce
genre de peinture, il y a des effets de couleurs et de lumière un peu flous,
imprécis, comme on peut en voir dans la nature lorsqu'il y a du brouillard ou de
la pluie. Dans les toiles de Renoir et des autres, cet aspect vague, ces nuages
vaporeux, ces couleurs brumeuses nous ensorcellent par leur poésie. Dans la
musique impressionniste, le compositeur crée des effets semblables en se servant
des timbres des instruments. (p. 93, extrait de « La musique
impressionniste »)
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