Au rayon du disque / Off the Record Par/by Paul Serralheiro, Marc Chénard, Cristian Haché
/ November 2, 2004
Tom Walsh and Steve Swell : Phat
Hed
Ombú1004 ****
Designated as the jazz half of the Montreal
septet called Noma, trombonist Tom Walsh's contemporary improvisation and
composition laboratory, the trio "Phat Hed" (which happens to be the name of a
bass overdrive pedal manufactured by a prominent electronic effects company)
surely alludes to the thick sound of trombone doubled by a contrabass. With an
additional trombone, that of guest Steve Swell on six of the eight cuts, the
effect is even thicker, and with interesting results, too, as in "1958", a
composition that recalls the tongue-and-cheek diaphanous lyricism of some of
Frank Zappa's work. More disturbing, however, is the cubistic, shifting "Nitra
Oxide," one of two cuts recorded live in October 2003 in Slovakia with Szandai
Matyas on bass and Balazs Elemer on drums. The remainder was recorded at the
Montreal Jazz Festival earlier that same year with bassist Miles Perkin and
drummer-percussionist Thom Gossage on board. Walsh, for his part, also provides
sampled sounds from a keyboard and pens most of the pieces on this disc. Steve
Swell, for his part, provides a very sympatico voice for Walsh's oxymoronically
light-hearted, fat sound. Opening on a sample from a romantic symphonic work
(Bruckner? Mahler? Strauss?), this quirky but ear-stretching disk, just released
by a new local indie label, launches into some arco bass and electronically
processed sounds and takes the listener on a journey that ranges from lofty
Euro-classicism to esoteric contemporaneities and in-the-pocket grooves
(including a snippet of Dave Holland's "Backwoods Song"), with a loose reading
of Benny Carter's "A Walking Thing" as a closer. Paul Serralheiro
Stéphan Oliva : Itinéraire
imaginaire
Sketch Records SKE 333042 ****
Stéphan Oliva n'est ni le plus connu, ni le
plus marquant des pianistes français (position encore détenue par Martial
Solal), mais il est certainement un des plus fascinants. Son entreprise de
relectures d'oeuvres de maîtres d'un passé parfois pas si lointain (Jade
Visions, réflexions sur Bill Evans; Seven variations on Lennie
Tristano et Fantasm, hommage à Paul Motian, le compositeur) nous a
certainement fourni toutes les raisons de voir en lui un explorateur et un
concepteur rigoureux et attentif aux détails. Cependant, il était temps que le
pianiste se détourne de l'approfondissement du travail de maîtres admirés pour
laisser place à son expression propre. En écoutant ce plus récent disque, on
conviendra que le résultat est fort réussi. Nous ayant habitué à des
explorations en trio (sauf dans le cas de l'hommage à Tristano), Oliva a changé
de contexte pour ses compositions en utilisant un quintette comprenant le
saxophoniste soprano Matthieu Donarier, le clarinettiste Jean-Marc Foltz, son
bassiste Bruno Chevillon et le batteur Nicolas Larmignat. Oscillant entre une
écriture aux couleurs pastorales, mais appuyée d'une rythmique dont le caractère
viscéral rappelle certains ensembles new-yorkais (entre autres, le trio Open
Loose du bassiste Mark Helias ou le quatuor Science Friction du saxo
Tim Berne) et quelques passages de virtuosité enlevante, la musique nous offre
de fort bons moments d'écoute et quelques surprises aussi. Toutefois, une
certaine froideur enveloppe le tout. Peut-être est-ce un détail auquel j'accorde
trop d'importance, mais l'absence d'éléments aléatoires (une note ou un son
imprévu, une phrase inattendue ou un raté provenant d'une anche fendue)donne
l'impression d'une musique si parfaitement maîtrisée qu'on aurait souhaité un
peu plus de témérité. Cristian Haché
Rebecca Coupe Franks: Exhibition – Tribute
to Joe Henderson RCF103 ****
When tenor saxophonist Joe Henderson passed
away in 2001, he had finally earned recognition as a major stylist in jazz, both
as a player and composer. One lesser-known highlight of his career was his
choice of an all-women rhythm section during the late 1980s (which included
Canadian pianist Renee Rosnes). Moreover, Henderson was an inspiration to a
number of Bay Area musicians, a city that would be his home base from the early
70s onwwards. One of these is the trumpeter Rebecca Coupe Franks. After a decade
spent on honing her compositional chops, Franks has released her first album
since relocating to San Francisco from New York City. During her ten years spent
in the Apple, from 1987 to 1997, she produced two albums, "Suit of Armour" and
"All of a Sudden for Justice". On this new side, a quartet date with rhythm
section, Franks has penned all of the 11 tunes dedicated to her mentor, who was
on board for her first album. Nods to the late great come in the titles, as in
the opening up-tempo blues, "Wow," an expression Henderson apparently often
used, "Page Two," a rhythm changes tune referencing Henderson's first recording
"Page One", "Los Palmos", named after the street in San Francisco where
Henderson lived, and "Ode to Joe," a play on the title of Henderson's tune "Mode
for Joe." Beyond the titles themselves, the musical stylings also underscore
this tribute, most notably in the modal harmonies, the bluesy language and the
Latin rhythms found in Henderson's own music. Franks is a skilled composer, as
these tunes convincingly evoke the spirit of the tenor man, and her playing has
much of the brilliance and expressiveness of many of Henderson's illustrious
front-line partners, most notably Lee Morgan and Kenny Dorham. Paul
Serralheiro
Bill Carrothers : Armistice
1918 Sketch Records SKE 333 043 ****
Parution singulière s'il en est une, cette
double offrande de près de deux heures est l'oeuvre du pianiste américain Bill
Carrothers, un de ces jeunes Blancs de la mi-trentaine qui porte le flambeau
d'un certain jazz mainstream contemporain. Pourtant, il nous offre tout
autre chose ici, soit un genre de voyage musical dans le temps, empreint de
mélodies rendues populaires durant ces dures années de la soi-disant
guerre-pour-en-finir-avec-toutes-les-guerres. Ce portrait mi-rétro,
mi-actualisé, évoque une période révolue et dont il ne reste pratiquement aucun
témoin. Les intentions du musicien étaient de conjuguer sur ce projet ses
intérêts pour l'histoire à sa vocation de jazzman. Pour mener à bien son
entreprise, il s'entoure de deux solides acolytes, le bassiste Drew Gress et le
batteur Bill Stewart, mais aussi de la chanteuse Peg Carrothers pour à peu près
la moitié des plages et de Mark Henderson à la clarinette contrebasse (!) pour
quelques effets lugubres passagers. Côté contenu, le premier disque est plus axé
vers le répertoire, avec un climat plus serein et enjoué d'abord, puis plus
sombre. Le second disque, en revanche, comporte plus de compositions originales
(10 sur 17), et la musique revient en quelque sorte à son point de départ, plus
léger. Du jazz que tout cela ? Par endroits, soit, mais cette réalisation
passera surtout comme curiosité, un genre de cadeau que le musicien s'est fait à
lui-même. Mais en ce mois du jour du souvenir, pourquoi pas ? Marc
Chénard
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