Témoignage - L'impro, made in Vancouver Par Paul Serralheiro
/ 2 novembre 2004
N'allez pas croire que l'improvisation en musique
recèle un quelconque mystère : cette activité créative peut s'apprendre à partir
de principes fondamentaux. Telle a été mon expérience personnelle lors de ma
participation à des ateliers organisés à Vancouver en février dernier durant
l'événement Time Flies, un festival annuel consacré aux musiques
improvisées. Pour avoir déjà participé à des combos jazz ici, à Montréal, ces
séances d'improvisation collective organisées par le NOW (New Orchestra
Workshop, regroupement de musiciens professionnels de Vancouver) étaient comme
une bouffée d'air frais. Je découvrais une remarquable diversité dans des
approches de jeu qui mettaient en évidence les vertus de l'imagination et de la
collaboration comme moteurs de la créativité, plutôt que les démonstrations
techniques ou le rituel compétitif des jam sessions. On revenait aux
éléments de base de la musique (le timbre, les textures, les dynamiques, les
hauteurs, le rythme etc.), le tout mis au service d'un contexte musical ouvert.
De prime abord, on considérait l'individu, peu importe ses habiletés, puis on
voyait comment travailler avec d'autres pour arriver à des résultats tangibles
avec un minimum de matériaux donnés, soit l'essence même de l'improvisation.
Parmi les animateurs de ces séances, le saxophoniste vancouvérois Coat Cooke et
le harpiste invité de Londres Rhodri Davis, m'ont sensibilisé au fait que la
capacité de composer sur le moment n'est pas uniquement réservée à une minorité
privilégiée, mais bien à toute personne sensible à l'écoute et à la découverte.
On peut toujours en apprendre plus par soi-même, mais ce n'est pas par la
pratique intensive chez soi qu'on éprouve le plaisir de l'acte créateur; il faut
se livrer à l'expérience essentielle de l'écoute et arriver à dire quelque chose
avec un esprit pleinement concentré sur ses intentions.
[Traduction : Marc
Chénard]
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