Opéra de Montréal Nouvelle administration Par Réjean Beaucage
/ 4 octobre 2004
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La saison 2004-2005 de l'Opéra de Montréal
(OdM) marque le véritable début de l'association entre le directeur artistique
Bernard Labadie, en poste depuis 2002, et David Moss, qui, en août 2004,
célébrait son premier anniversaire à la direction générale de la compagnie.
Cette nouvelle administration est animée d'un réel dynamisme et la nouvelle
saison, celle du 25e anniversaire, s'annonce comme celle du renouveau. David
Moss nous parle de ce qui l'inspire dans son travail à la direction générale de
l'institution montréalaise.
LSM : Avec les matinées scolaires, le
concept coOpéra et les TechnOpéras, trois nouveautés, l'Opéra de Montréal semble
vraiment décidé à faire du développement du jeune public une
priorité.
David Moss : Les arts et la création
en général peuvent offrir de nombreux bénéfices aux jeunes qui ont la chance
d'en faire l'expérience et de s'y engager, et un esprit créatif peut être un
citoyen extrêmement engagé, sensible et responsable. Alors, ce n'est pas
tellement que ce soit une priorité de sensibilisé une clientèle jeune afin de
vendre plus d'abonnements, mais c'est surtout parce que nous considérons qu'il y
a un manque grave de ce côté-là au Québec ; on ne peut pas dire qu'il y ait un
grand engagement envers la culture dans notre système d'éducation. Si je me suis
impliqué au sein du comité d'orientation des Journées de la culture et si je
suis membre fondateur de l'organisme Culture Montréal, c'est parce que je crois
que la culture peut apporter énormément à la communauté, pour permettre aux
citoyens d'apprécier le fait qu'il vivent au sein d'une métropole, créer une
appartenance. Ce n'est donc pas par clientélisme que nous voulons offrir notre
contribution. Nous devons bien sûr développer notre public, mais c'est un autre
volet. Je crois que nous avons des compétences à partager. Nous n'avons pas
nécessairement toutes les ressources pour le faire, mais nous travaillons à les
développer de façon permanente.
LSM : Mais ces nouvelles activités que
vous développez cette saison doivent précisément gruger une partie de votre
budget ?
DM : Disons surtout que nous avons des
partenaires stratégiques et... efficaces ! Nous avons aussi obtenu l'aide de la
Ville de Montréal pour les projets coOpéra et TechnOpéra. Et nous multiplions
les partenariats : les matinées scolaires avec Didon et Énée sont un
partenariat entre l'Atelier lyrique de l'Opéra, l'École nationale de théâtre du
Canada et le Monument-National ; on essaie de proposer un produit de qualité
sans nuire à nos frais de fonctionnement. Ça s'inscrit dans le plan de
communication de la compagnie en tant qu'entité vivant dans une communauté. Le
moteur reste nos grandes productions, mais nous voulons les nourrir avec quelque
chose de plus profond, afin que le public puisse voir qu'une institution
culturelle, ce n'est pas seulement une machine à vendre des billets ! Nous avons
une contribution à apporter au développement de la société et cela même de
manière transversale, c'est-à-dire par des moyens qui ne sont pas forcément
associés au travail d'une institution culturelle. On parle de développement
social avec les écoles ou de développement économique dans notre partenariat
avec la Chambre de commerce.
LSM : C'est à se demander ce qu'ont
fait vos prédécesseurs durant tout ce temps...
DM : Il ne faut pas oublier qu'il y a
eu une transition assez longue aux deux postes de direction. Bien sûr, Bernard
et moi avons des idées et nous croyons que les gestes que nous posons cette
saison sont appropriés pour l'institution que nous voulons continuer à bâtir,
mais nous ne sommes pas là pour critiquer ce qui s'est fait avant notre arrivée.
On peut tout de même dire que « l'ancien régime » a bâti une maison d'opéra qui
est reconnue internationalement, l'une des quinze grandes en Amérique du Nord ;
à partir d'ici, nous avons une vision assez claire de là où nous voulons
aller.
LSM : Il y a cette année un partenariat
avec le Nouvel Ensemble Moderne pour la création d'un opéra d'Isabelle Panneton
; en 2002-2003, il y avait déjà eu une collaboration avec la Société de musique
contemporaine du Québec pour The Rape of Lucrecia ; est-ce que la
direction générale se sent à l'aise avec ces incursions dans un univers musical
moins populaire ?
DM : J'appuie sans réserve la nouvelle
vision artistique de l'Opéra de Montréal, qui vient de Bernard Labadie, bien
sûr, qui s'arrime parfaitement à la stratégie de développement qe je veux mettre
en place. On doit certes respecter les grands classiques, mais cela ne doit pas
empêcher une certaine diversification de la programmation. Nous avons eu la mise
en scène de Robert Lepage du Château de Barbe-Bleue la saison dernière ;
on peut dire qu'on avait vraiment manqué le bateau il y a 12 ans avec cet opéra
qui a été créé à Toronto, comme le Stravinski de François Girard. On imagine ce
que pourrait faire un Denys Arcand, par exemple. Il y a un tel bassin de
créateurs à Montréal, qu'il serait possible de rassembler autour de l'OdM, que
ce ne sont pas les projets qui manquent !
LSM : Mais d'un point de vue
budgétaire, vous ne considérez pas ce genre de production comme risqué
?
DM : L'équilibre est délicat et la
stabilité financière est indispensable. Alors la prudence reste à l'ordre du
jour. Nous espérons une augmentation de notre budget qui nous faciliterait la
prise de risques. Nous sommes financés à 50 % par la vente de billets et nous
avons vendu 70 000 billets l'année dernière, soit 90 % de nos salles ; ça ne
nous laisse pas une grande marge de manœuvre... La métropole culturelle qu'est
Montréal mérite une maison d'opéra de haut niveau et c'est notre mandat que de
la lui donner.
Turandot à l'Opéra de
Montréal
les 2, 4,
7, 9 et 13 octobre 2004 à 20 h, et en matinée le samedi 16 octobre 2004 à 14 h,
à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts / 514 985.2258 / www.operademontreal.com
Veuillez noter : la soprano Frances Ginzer, qui
devait chanter le rôle-titre, a dû résilier son contrat pour cause de maladie.
Elle est remplacée par la soprano canadienne Anna
Shafajinskaia.
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