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La Scena Musicale - Vol. 10, No. 2

La musique arabe

Par Bruno Deschênes / 4 octobre 2004


Face au succès grandissant du Festival du monde arabe de Montréal, qui en sera cette année à sa 5e édition, nous vous présentons un court historique et aperçu théorique très sommaire de la musique arabe.

La musique du Moyen-Orient a attiré l'attention des musiciens européens dès la Renaissance. Plusieurs compositeurs ont tenté d'écrire dans un style « oriental ». Mentionnons le Rondo alla turca de Mozart, ou encore Les Indes galantes de Rameau. Ces œuvres sont plus indicatives de l'idée que ces compositeurs se faisaient de cette musique que d'une réelle écriture dans ce style. Plusieurs de nos instruments européens, par exemple le violon et le luth, sont des descendants d'instruments moyen-orientaux . L'utilisation des percussions dans les orchestres symphoniques résulte aussi d'une influence turque.

Il est difficile de définir explicitement la musique arabe en quelques lignes. Il faut plutôt parler d'une musique arabo-musulmane dont les sources sont les civilisations mésopotamienne, égyptienne, assyro-babylonienne, indo-iranienne et byzantine, dont l'Orient musulman est l'héritier. La musique arabe englobe des cultures allant du golfe Persique à l'Atlantique, de l'océan Indien au Caucase, en passant par l'Asie centrale, jusqu'en Chine. Malgré une diversité évidente de cultures, l'influence de l'islam sur ce vaste territoire a engendré deux identités musicales : une première islamique et unitaire, une deuxième arabe et plus diversifiée. On distingue ici trois grandes cultures musicales : arabe, turque et iranienne, la première étant la plus répandue, tout en présentant des variations locales, alors que les cultures turque et iranienne ont des caractéristiques musicales qui leur sont propres.

Très succinctement, la musique arabe n'est aucunement tempérée, au contraire de la musique occidentale. L'octave est divisée en 17 intervalles inégaux, parfois plus. Cette musique est généralement improvisée sur la base de modes heptatoniques, soit 7 notes choisies parmi les 17 (ou plus) divisions de l'octave. Les grands modes heptatoniques de la musique arabe sont appelés maqâm (ou maqam, muqam, mugam, etc.). On en reconnaît soixante-dix, qui peuvent aussi varier selon les régions. Un maqâm est défini comme une forme d'improvisation où alternent parties vocales et instrumentales. L'organisation rythmico-temporelle peut alterner entre une métrique fixe et libre, alors que les improvisations mélodiques sont basées sur ces modes dont on reconnaît à chacun une valeur affective propre. Les segments chantés sont basés sur la poésie religieuse ou profane, chantés en arabe ou dans une langue régionale. L'interprétation des maqâms peut parfois durer plus de 12 heures et nécessite du musicien principal une mémoire faramineuse. L'accompagnement instrumental comprend généralement une ou quelques percussions, alors que les instruments mélodiques, aussi en petit nombre, varient selon les régions. Le plus usité est le oud, le luth arabe.

Sources :

  • www.saramusik.org
  • Habib Hassan Touma, La musique arabe, Buchet/Chastel, Paris, 1996.

5e édition du Festival du monde arabe

29 octobre au 14 novembre 2004

www.festivalarabe.com

Avec cette 5e édition, le Festival du monde arabe de Montréal démontre qu'il est devenu un événement culturel majeur à Montréal. Ce festival est un carrefour artistique, un lieu de création et d'expérimentation des arts et de la culture du monde arabe. Avec plus de soixante créations et rencontres, il se veut un festival d'art créé et présenté par des musiciens du Québec de pair avec des musiciens d'ailleurs, tout en étant bien ancré dans les mouvements culturels contemporains. Nous assisterons à deux grandes créations mondiales – une en danse et l'autre en musique – et au retour des célèbres derviches tourneurs. Outre de nombreux musiciens de grand renom, il y aura plusieurs activités multidisciplinaires, un colloque international, ainsi qu'un volet cinématographique d'envergure.


(c) La Scena Musicale 2002