| Opéra de Québec Grégoire Legendre, capitaine du navirePar Isabelle Picard
 / 4 octobre 2004 
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  LSM : Vous êtes depuis 1996 directeur 
général de l'Opéra de Québec. Auparavant, à partir de 1994, vous en avez été le 
directeur administratif. Maintenant, depuis juillet 2003, en plus d'être le 
directeur général vous êtes également le directeur artistique de la compagnie. 
Est-ce que vous diriez que c'est un aboutissement, pour vous, la direction 
artistique ?
 Grégoire Legendre : En fait oui, parce 
que j'ai un passé artistique. J'ai chanté pendant une vingtaine d'années. J'ai 
d'ailleurs chanté plusieurs fois à l'Opéra de Québec avant d'en prendre la 
direction administrative, entre les années 1986 et 1992. En fait, j'ai à peu 
près tout fait dans une compagnie d'opéra, depuis 30 ans. Parallèlement, j'ai 
fait des études en administration et j'ai travaillé un peu dans le secteur 
privé. J'avais donc le profil pour toucher à tous les aspects d'une compagnie 
culturelle. Et ça m'a toujours intéressé, je dois dire. J'ai toujours eu les 
yeux ouverts, les oreilles ouvertes à ce sujet-là. Nous avons fait équipe avec 
Bernard Labadie pendant 9 ans (à partir de 1994), une collaboration qui a 
fonctionné d'une façon assez exceptionnelle. Ensuite, l'aboutissement naturel 
était que je prenne la direction artistique, parce que finalement, ce qui me 
passionnait le plus dans ce métier-là, c'était le côté artistique. J'ai baigné 
dans ça toute ma vie. LSM : Diriez-vous que votre bagage de 
chanteur vous aide dans votre travail de directeur artistique 
? GL : Définitivement ! Quand j'arrive 
en audition, comme j'ai été des deux côtés de la table -- puisque j'ai passé des 
auditions moi-même pendant plusieurs années --, j'ai la capacité de comprendre 
techniquement ce qui se passe. Ça me permet de voir un peu plus loin. Au point 
de vue du choix des artistes, évidemment, ça donne un coup de pouce. Et au point 
de vue du choix du répertoire, il est évident que j'ai eu l'occasion de toucher 
à beaucoup de répertoire comme chanteur. LSM : Comment voyez-vous le rôle d'un 
directeur artistique et celui d'un directeur général, dans une compagnie d'opéra 
? GL : La direction artistique a la 
responsabilité artistique de tout ce qui se passe à l'opéra : à partir du choix 
de la programmation jusqu'au choix des interprètes, la façon dont les 
répétitions se déroulent, etc., tout ça est sous la responsabilité du directeur 
artistique. Le directeur général, lui, est responsable des relations avec tous 
les partenaires, les intervenants, il est responsable des ressources 
financières, des ressources humaines, des budgets, d'aller chercher les fonds, 
des demandes de subventions, etc. Le défi, en fait, pour la direction générale, 
c'est, comme dans toutes les entreprises culturelles, de convaincre les gens de 
la population et du niveau politique qu'il y a un lien (qui est prouvé) entre 
une culture forte et la prospérité économique dans un pays ou dans une ville. La 
culture, c'est l'enthousiasme, c'est l'excellence, c'est la qualité, c'est 
aussi, je le crois humblement, une des manifestations les plus élevées de l'être 
humain. Et je dois dire qu'en ce moment on vit une période, pour toutes les 
entreprises culturelles, qui demande beaucoup d'efforts à ce 
niveau-là. LSM : Quels sont les principaux 
objectifs pour l'Opéra de Québec ? GL : Premièrement, revenir avec le 
programme éducatif pour le primaire, que nous avons dû arrêter faute de 
financement. Je crois que c'est primordial et nous allons revenir avec un 
nouveau programme en 2005-2006. L'autre défi, c'est de rétablir la situation 
financière, qui est présentement difficile à cause des augmentations de coûts de 
tous les côtés et des diminutions de subventions à certains niveaux. Un autre 
objectif est d'aller chercher de plus en plus de fonds privés, et nous sommes 
présentement à nous restructurer pour aller chercher beaucoup plus au niveau des 
appels de fonds et au niveau des commandites. Aussi, nous avons repensé notre 
événement bénéfice annuel, en créant un concert bénéfice au milieu de la 
saison. LSM : Parlez-nous un peu de vos choix 
pour la saison 2004-2005. GL : J'essaie de présenter des œuvres 
populaires, et aussi des œuvres qui n'ont jamais été présentées à Québec mais 
qui font aussi partie du grand répertoire lyrique. Cette année, en octobre, 
c'est Un ballo in maschera (« Un bal masqué », de Verdi), qui n'a jamais 
été présenté à Québec. J'essaie aussi de mettre en valeur l'opéra français. Au 
mois de mai, ce sera Les Contes d'Hoffmann [de Jacques Offenbach], qui 
n'a pas été présenté à Québec depuis 16 ans. C'est une œuvre qui offre la 
possibilité de beaucoup de fantaisie. J'essaie d'alterner entre des œuvres 
dramatiques et des œuvres plus fantaisistes. Un ballo in maschera à 
l'Opéra de Québec les 16, 19, 21 et 23 octobre 2004, à la salle 
Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec 418 
529.0688 ou 1 877 643.8131 / www.operadequebec.qc.ca       
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