La rentrée... pour vos yeux aussi ! Par Réjean Beaucage
/ 9 septembre 2004
Cinéma
Mes enfants ne sont pas comme les
autres Écrit et
réalisé par Denis Dercourt Avec Richard Berry, Mathieu Almaric, Maurice Garrel, Élodie
Peudepièce, Malik Zidi, Frédéric Roullier. Image : Jérôme Peyrebrune. Montage :
Marie-Josèphe Yoyotte.
France, 2003, 88 minutes. www.ocean-films.com/mesenfantsnesontpascommelesautres/
Dans son nouveau long-métrage, Denis Dercourt a voulu
aborder les thèmes de la rigueur dans le travail, de la transmission et de
l'amour. Il a campé le tout dans le milieu de la musique, milieu qu'il connaît
très bien pour être lui-même altiste professionnel et professeur au
Conservatoire de Strasbourg. L'histoire met en scène Jean Debart, musicien
d'orchestre qui élève seul ses deux enfants, Adèle et Alexandre. Leur mère,
décédée, était une grande violoncelliste soliste, leur grand-père est un chef
d'orchestre reconnu, leur oncle est compositeur... et il semblerait bien qu'ils
aient tous les deux hérité du talent familial : Alexandre est, à onze ans, déjà
un virtuose du piano et Adèle, violoncelliste comme sa mère et son père, a
atteint le niveau des concours internationaux. Le père exige de ses enfants une
discipline et une rigueur sans faille dans le travail musical. Pour lui, ce ne
sont pas des enfants comme les autres, justement, ce sont des musiciens et «
pour les musiciens, il n'y a pas de normalité qui tienne ». Le film aurait
facilement pu tomber dans le « tout noir » d'un père tyran qui déverse sur ses
enfants sa propre frustration de ne pas être un grand soliste. Mais ce n'est pas
le cas. Malgré son intransigeance, malgré ses commentaires parfois réellement
durs, on sent l'amour qui oriente ses décisions. Nuances qu'on retrouve
également dans les réactions des enfants : après une période de révolte, après
s'être détachée de l'emprise paternelle, Adèle fait finalement exactement ce
qu'il voulait. Un film qui permet une réflexion sur l'enseignement en général et
sur celui de la musique en particulier... et qui tombe à point pour la rentrée.
Les musiques du film : un programme tout romantique avec Schumann, Brahms,
Saint-Saëns, Dvorák, Alkan et Beethoven. Mais attention ! aucune musique de «
tapisserie » ici : le silence est très présent et on entend uniquement la
musique qui est interprétée à l'écran. Isabelle Picard
Télévision
La station de télévision ARTV prépare un bel automne aux
amateurs de musique qui sont aussi des cinéphiles de salon. Voici quelques dates
à mettre à l'agenda. www.artv.ca
Série « Grands spectacles », les lundis, 20 h ;
présentateur : Yannick Nézet-Séguin
La Symphonie du Seigneur des Anneaux
Howard Shore dirige l'Orchestre du Festival Montréal en
lumière qui interprète son oeuvre, dérivée des musiques qu'il a composées pour
la trilogie cinématographique Le Seigneur des anneaux. (13
septembre)
Schubert : le mal du siècle
La vie du musicien est évoquée à l'aide d'images
d'archives et de mouvements chorégraphiés qui illustrent certains thèmes
importants de sa vie : l'amitié, le rapport aux femmes, la maladie, son
obsession pour Beethoven et sa fascination pour la mort. (20
septembre)
Soirée d'opéra à Berlin
Avec Salvatore Licitra et Grace Bumbry sous la direction
de Kent Nagano. (4 octobre)
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Les
Boréades
La musique de JEan-Phillipe Rameau, chorégraphiée
par Édouard Lock et dansée pa LA La La Human
Step. |
Mozart en Turquie : L'enlèvement au
sérail
Document sur le montage, en décors naturels, de l'opéra de
Mozart. (25 octobre)
La mort de Klinghoffer
Opéra de John Adams évoquant la prise en otage par des
terroristes palestiniens d'un bateau de croisière, en Égypte, en 1985. (1er
novembre)
Rinaldo
Opéra en trois actes de Haendel, dans une version moderne
filmée à Munich. Avec David Walker et Deborah York. (8 novembre)
Manon
Opéra en cinq actes et six scènes de Jules Massenet, avec
Renée Fleming et Marcelo Alvarez. (15 novembre)
La flûte enchantée de Bergman
Transposition cinématographique de l'opéra de Mozart. (22
novembre)
Série « Thema », les samedis, 21 h
Berlioz
Le documentaire Le cas H. Berlioz, suivi de l'opéra
La damnation de Faust, enregistré à Salzbourg en 1999 avec Paul Groves,
Willard White, Andreas Macco et Vesselina Kasarova. (16 octobre)
L'industrie du disque
Le documentaire Requiem, l'industrie du disque
suivi du documentaire Sur les traces du lion. (30 octobre)
Danse
Prokofiev et Bach aux Grands Ballets
C'est Roméo et Juliette, ballet en trois actes de
Sergeï Prokofiev (1938) d'après William Shakespeare, qui ouvre la saison
2004-2005 des Grands Ballets Canadiens de Montréal (GBCM). La musique de
Prokofiev, tumultueuse et d'une grande puissance (qu'il suffise de se rappeler
la célèbre « Danse des chevaliers ») a été revisitée par le chorégraphe
Jean-Christophe Maillot pour un ballet dont la création a eu lieu en 1996 à
Monte-Carlo.
Jean-Marie Wynants écrivait le 10 février 1998, dans le
journal Le Soir, que le chorégraphe avait conçu un spectacle « novateur
et inspiré, classique et respectueux, iconoclaste et réjouissant ». L'oeuvre
sera interprétée par l'orchestre des GBCM, sous la direction du chef américain
Allan Lewis, un habitué de la compagnie qui est aussi un spécialiste recherché
de la direction d'orchestre pour le ballet. Les 14, 15, 16, 21, 22 et 23
octobre, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.
Les GBCM invitent en novembre, pour deux soirs seulement,
La compagnie Cloud Gate Dance Theatre, de Taïwan, pour la présentation de
Moon Water, une oeuvre de 70 minutes interprétée sur des musiques tirées
des Six suites pour violoncelle seul de J. S. Bach, chorégraphiée par Lin
Hwai-min. Ispiré par l'introspection à laquelle invite la musique de Bach, la
philosophie taoïste et l'art du taï chi, le chorégraphe a imaginé un spectacle
d'une rare intensité durant lequel les danseurs, formés en ballet, en danse
moderne, en théâtre chinois, en arts martiaux, en taï chi et en chi
kung, s'exécutent sur une scène où se déverse de l'eau.
Moon Water a été proclamé meilleur spectacle de
danse de l'année 2003 par The New York Times. Une version DVD produite
par Arthaus Musik (nº 100 375) , qui comprend aussi un court documentaire sur la
production, permet de comprendre l'engouement du public pour l'oeuvre de Lin
Hwai-min, mais il est évident que de voir le spectacle en direct risque de
provoquer une émotion d'une tout autre qualité. La musique est issue d'un
enregistrement Deutsche Grammophon (1999, 463 314-2 GH 3) des oeuvres de Bach
interprétées par le très convaincant Mischa Maisky. Les 26 et 27 novembre, à
la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. (514) 849-8681 –
www.grandsballets.qc.ca
À l'Agora de la danse
La compagnie
Danse-Cité ouvre sa saison avec une création concoctée par deux artistes qui
travaillent en périphérie du monde de la danse : la compositrice et musicienne,
Charmaine Le Blanc et l'artiste en arts visuels
Alain Cadieux. Quarantaine, spectacle décrit comme « un délice pour
l'oeil qui écoute », met en scène les danseuses AnneBruce Falconer, Jane Mappin,
Mathilde Monnard et Carol Prieur, qui utilisent leur voix dans un dialogue avec
le pianiste Michel Desjardins et le violoncelliste Érich Kory, présents sur
scène pour interpréter la musique de Charmaine Le Blanc.
Au studio de l'Agora de la danse du 8 au 11 et du 15 au
18 septembre, 20 h.
Le chorégraphe Roger Sinha présentera en octobre en
première montréalaise à l'Agora de la danse sa plus récente création :
Apricot Trees Exist, une oeuvre pour six danseurs qui s'inspire
d'Alphabet, un poème de la Danoise Inger Christense. La musique est de
Bertrand Chénier.
Du 13 au 16 et du 20 au 23 octobre, 20
h.
C'est aussi d'un poème, de l'écrivain italien Gabriele
D'Annunzio celui-là, que s'est inpirée la chorégraphe et interprète Jocelyne
Montpetit pour son spectacle Dans le silence des bambous. La musique du
spectacle est de Louis Dufort, un électroacousticien de grand talent qui fait de
plus en plus de musique pour la danse et qui en est à sa troisième collaboration
avec Jocelyne Montpetit. Du 27 au 30 octobre, 20 h.
En novembre, on pourra voir à l'Agora Duos pour corps
et instruments, une création de Danièle Desnoyers qui a été présenté en
première lors de la dernière édition du Festival international de nouvelle danse
de Montréal, en 2003. L'oeuvre a été réalisée en collaboration avec la designer
sonore Nancy Tobin, avec qui la chorégraphe a déjà réalisé Concerto grosso
pour corps et surface métallique (1999) et Bataille (2002). Très
intéressée par la recherche sonore, Desnoyers demande à ses trois interprètes
d'établir un dialogue avec des instruments de musique détournés de leurs
fonctions habituelles. Du 16 au 20 novembre, 20 h. (514) 525-3595 – www.agoradanse.com
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