Instruments «Made in China» Par Jean-Sébastien Gascon
/ 9 septembre 2004
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Depuis quelques années, les musiciens qui débutent se font
offrir des instruments de musique fabriqués en Chine à des prix pouvant
correspondre au tiers de ce que coûterait normalement un instrument comparable.
Cette concurrence agressive des manufactures asiatiques a chambardé le marché.
Si les instruments étaient de piètre qualité au début de cette vague, certains
magasins de musique n'hésitent plus à les vendre et à les endosser.
Les instruments de musique n'échappent pas à la
mondialisation et on ne pourra pas revenir en arrière. Le point de départ de
cette révolution est dans les salaires peu élevés versés aux ouvriers chinois.
Quand le détaillant est capable de proposer à ses clients une copie de qualité
intéressante d'un instrument occidental ou japonais à 25 % du prix, ça oblige à
revoir les façons de faire. Les américains accusent les chinois de « dumping »,
ceux-ci ayant exporté plus d'instruments aux États-Unis que la consommation
totale en instruments du pays entier. Pour le consommateur, cette nouvelle
réalité a eu l'effet de développer une nouvelle gamme de produits plus
accessibles et d'exercer une pression à la baisse sur les prix des autres
instruments.
Toutefois, on ne fabrique pas des instruments de musique
comme on fabrique des jouets. Cela nécessite une expertise qui peut prendre des
décennies, sinon des siècles, à se développer. Au fil des ans, la recette
chinoise s'est avérée efficace : étudier et copier les meilleurs instruments et
engager les meilleurs facteurs d'instruments comme consultants afin de trouver
les réponses manquantes. Après quelques résultats désastreux, la qualité est
maintenant plus convaincante... mais reste encore incertaine. Les instruments
sont envoyés en grand volume, et tous les instruments ne sont pas réussis. Pour
un même modèle, la variation de qualité d'un instrument à l'autre est
élevée.
Cette compétition a forcé les principaux manufacturiers à
réagir... en investissant en Asie. Plusieurs manufacturiers ont développé leur
ligne d'instruments « chinois ». Les Yamaha, Steinway, et autres ont investi en
Chine afin d'offrir des lignes de produits compétitifs. Cependant, pour protéger
leur réputation, ils contrôlent étroitement la qualité.
« Notre préoccupation de rendre accessible les violons
nous a amené à développer une ligne de modèles étudiants en collaboration avec
un manufacturier taiwanais qui connait le violon » explique le luthier Jules
Saint-Michel. « Plusieurs années de collaboration ont été nécessaires pour
développer un bon ensemble avec un archet en bois du Brésil et une boîte de
qualité. »
Chez Pascal Véraquin, boutique d'instruments à vents,
c'est la première année où les instruments « made in Asia » sont vendus. «
Avant, je n'aurais jamais vendu ces instruments. La qualité était insuffisante
pour que je puisse satisfaire ma clientèle. Cette année, au NAMM, les
instruments fabriqués à Taiwan que j'ai vus étaient de qualité surprenante. Il
faut toutefois s'assurer de la qualité de chacun des instruments. Nous les
vérifions et les ajustons en atelier avant de les proposer. »
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