Les
Clubs de Disques - Trop beau pour être vrai ?Nous ne
pouvons ouvrir un magazine ou le journal du dimanche sans apercevoir ces
offres formidables "12 CD pour le prix d'un ! " des clubs de disques des
maisons comme Columbia (sous la forme de trois clubs distincts : CH, PLAY
ou CDHQ), ou BMG (Bertelsmann Music Group).
De quoi s'agit-il ? On vous offre des CD gratuits à
la condition que vous vous engagiez à acheter un certain nombre de CD
supplémentaires à prix régulier : parfois même un seul ! Ensuite, vous
êtes libres de quitter. Avec 12 CD pour le prix d'un, vous ne serez pas
surpris d'apprendre que des milliers de mélomanes jouent au jeu de
s'abonner, se désabonner et... se réabonner ! Les compagnies appellent ces
clients avisés les "in-and outres". Le jeu des compagnies, en revanche,
est de faire tout en leur possible pour nous garder comme membres - pour
que vous achetiez plus que le minimum requis.
Quelles sont leurs stratégies ?
1) Ils
vous envoient chaque trois ou quatre semaines un magazine couleur des plus
attrayants vous parvient, accompagné d'offres alléchantes du style"Achetez
en Un, Obtenez en Deux Gratis ! " ou des ventes de coffrets comme celui-ci
que je n'ai pas manqué d'acheter (je ne dirai pas où pour ne pas faire de
publicité) : Coffret de 5 CD chez London: The Chopin Experience interprété
par Vladimir Ashkenazy pour seulement $16,49 ! Mais attention: les offres
les plus alléchantes n'arrivent qu'après six mois d'abonnement. Le truc,
c'est d'attendre ces aubaines pour remplir vos engagements.
2) BMG
a mis sur pied un système de collection de Dollars-Boni (Bonus Bucks)
échangeables contre des CD sur la base de 1$ pour 1$. CDHQ pour sa part
offre maintenant des "Air Miles".
3) En
tant que membre, si vous abonnez un ami, vous obtenez 4 CD gratuits
(parfois 3) Vous pouvez même abonner votre conjoint, jusqu'à cinq
personnes par adresse postale.
4) Une
des plus efficaces : L'option négative. Il s'agit d'une carte que vous
recevez avec votre magazine et que vous devez retourner avec la mention
"N'envoyez pas la sélection du mois" (assumant bien sûr que vous ne la
voulez pas). Vous pouvez le faire par la poste, par téléphone ou par
courrier électronique (sur leur site Web). Si vous négligez de le faire
(et c'est bien là dessus que comptent les clubs, le comportement humain
étant ce qu'il est : inertie, paresse ou oubli), vous recevrez
automatiquement le disque... et la facture. Bien sûr, vous pouvez
retourner le tout sans problème, mais peu le font. Les gens préfèrent
payer. Par contre, les compagnies offrent aux membres fidèles l'option
positive : on ne vous envoie que ce que vous commanderez. Pour sa part,
aux États-Unis, Columbia a carrément laissé tombé la pratique des cartes.
La question que tout le monde se pose est bien
sûr "Comment font-ils leur argent ? "
1-
Entre $2,00 et $2,99 de frais de poste par CD (même les CD gratuits) sont
exigés... ce qui couvre presque, sinon la totalité de leurs coûts.
2- Les
compagnies ne paient pas de droits (royalties) pour les disques qu'ils
donnent et seulement la moitié des droits pour ceux qu'ils vendent (une
pratique controversée, il va sans dire... et il y a des artistes qui
n'hésitent pas à négocier une clause sur leur contrat avec leur label pour
faire éliminer carrément leurs produits des clubs de disques).
3- Leur
coût de fabrication est très bas puisque les disques sont pressés avec des
matrices obtenues chez les compagnies de disques. C'est pour cela que vous
voyez des mentions comme "Manufactured Under License by BMG" près du code
barre. Cette question est débattue : il y en a qui prétendent qu'il y a
une légère différence de qualité. (Notez bien qu'on ne parle pas de
disques défectueux, mais seulement de petites différences). Si c'est le
cas, il est peu probable que l'auditeur occasionnel la détecte et ce ne
serait le cas qu'avec quelques-uns des CD, pas tous. Ne doutons pas que
les clubs de disques soient passablement capables de graver des disques :
ne sont-ils pas la propriété de conglomérats comme Sony/Warner ou RCA ?
4- Les
noms et adresses des clients sont vendus. A moins que vous ne le
spécifiiez expressément, votre nom (et votre profil de consommateur) se
retrouveront sur des listes faites sur mesure pour des compagnies qui
paient cher pour les obtenir. C'est ainsi que votre boîte aux lettres se
trouvera inondée de petites surprises : dépliants et offres de
"sweapstakes", de club de livres, et toute la ribambelle.
Tout cela se reflète par des profits faramineux.
Les ventes de CD des clubs de disques ont connu une hausse de 26% en 1996
- pour un total de 1,5 milliards de dollars ! Cela ne fait pas l'affaire
des magasins de disques qui eux, ont vu leurs ventes chuter de 17%...
Si vous visitez les sites Web, vous y trouverez les
catalogues complets. Vous pourrez fureter dans les catégories de votre
choix : Classique, Rock & Pop, Jazz, Country, New Age etc... ;
utiliser l'outil de recherche, voir les pochettes et écouter des extraits
(avec Real Audio). Vous pourrez aussi consulter les politiques de chaque
compagnie et faire vos transactions.
Si on se montre des consommateurs prudents et
avisés, on peut se monter une collection de disques considérable de
Deutsche Grammophon, Sony Classical, Philipps, EMI etc... à peu de frais.
Bonne chance !
Danielle
Laberge
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