English version below Montréal, le 19 août 2008 – Le RQD, au nom de plus de 500 professionnels de la danse au Québec, dénonce avec virulence la décision du gouvernement Harper d’abolir plusieurs programmes de soutien aux arts et la tactique de guerre utilisée pour se gagner des votes contre les artistes. D’un gouvernement élu démocratiquement, même en position minoritaire, tout citoyen est en droit d’exiger qu’il fasse preuve de probité, de responsabilité, de rigueur, de vigilance et de transparence.
En laissant couler au compte-gouttes l’information relative à l’abolition de plusieurs programmes de soutien à la création, la promotion, la formation, la consolidation des organisations, la diffusion internationale et l’exportation de biens culturels, le gouvernement a déclenché une véritable guerre des nerfs dans les milieux culturels. D’autant que la rumeur est à l’effet que d’autres programmes soient dans la mire…
Nous demandons à la ministre de Patrimoine canadien, Josée Verner, enfin sortie de sa tanière pour répondre à la pression des médias, de clarifier les objectifs et les priorités de son gouvernement en matière de culture qui justifient l’abolition des programmes tombés sous le couperet, la semaine dernière. Par respect pour ses commettants (artistes, travailleurs, gens d’affaires, spectateurs, auditeurs, lecteurs, amateurs d’art, cinéphiles, consommateurs de biens culturels, enseignants, étudiants, etc.), nous lui demandons de dévoiler, dans les plus brefs délais, la liste complète des programmes que son gouvernement prévoient envoyer à la trappe et la somme totale des économies qu’il compte ainsi réaliser sur le dos des arts et de la culture.
Si elle ne peut garantir le maintien, ou le transfert au Conseil des Arts du Canada, des crédits rattachés aux programmes qui sont, et seront abolis, nous la pressons d’expliquer aux artistes et aux travailleurs culturels comment son gouvernement entend les aider à faire mieux avec moins?
En tant que ministre responsable du secteur culturel qui contribue à hauteur de 43 milliards de dollars annuellement à l’économie canadienne, et dont dépendent la vie culturelle et la santé économique de nos communautés, nous lui demandons de s’en faire la défenderesse acharnée auprès du Conseil des ministres et de la population.
Du nouveau ministre des Affaires étrangères et Commerce international, David Emerson, nous nous attendons à ce qu’il défende bec et ongles la diplomatie culturelle, comme troisième pilier de la diplomatie étrangère canadienne, et qu’il convainque ses collègues du gouvernement, non seulement de rétablir le programme PromArt, mais de réinvestir dans les budgets culturels des ambassades. Le Canada, pour qui la défense et la promotion de sa spécificité culturelle est un enjeu politique et commercial de taille, n’a pas les moyens de se priver des ambassadeurs naturels, et de premier plan, que sont les artistes et travailleurs culturels du Québec et du Canada sur la scène internationale, non plus que des agents au fait des affaires culturelles sur le terrain.
À l’instar des autres secteurs artistiques et culturels, des médias et des élus des partis de l’opposition qui ont dénoncé les décisions et les agissements du gouvernement Harper, la communauté de la danse professionnelle du Québec espère ardemment qu’il entende raison. L’abolition des programmes Promart et Routes commerciales compromet dangereusement, et à court terme, l’avenir de la danse professionnelle au Québec et au Canada. Partie prenante d’une industrie culturelle secouée par l’abolition d’autres programmes de soutien, la communauté de la danse du Québec et du Canada craint sérieusement pour l’avenir de la culture québécoise et canadienne.
Nous avons collectivement, et sur plusieurs décennies, beaucoup investi dans l’édification d’une culture et d’une identité qui nous distinguent. Nous refusons de nous perdre dans la cacophonie du monde.
|