Birgitte Christensen, Lydia Teuscher, sopranos; Marie-Claude Chappuis, mezzo-soprano; Donát Havár, Daniel Behle, tenors; Johannes Weisser, baritoneRIAS Kammerchor; Akademie für Alte Musik Berlin/René Jacobs
Harmonia Mundi HMC 902013.14 (2CD: 2 h 19 min 51 s)
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On l’a souvent dit, si Bach n’avait pas existé, la stature de Telemann en aurait été changée pour la postérité. En fait, c’est une sorte de révélation que cette Brockes-Passion sous la baguette inspirée de René Jacobs à la tête d’un ensemble dont la maîtrise du répertoire baroque est notoire. La beauté purement instrumentale ressort bien ici, grâce à l’orchestration constamment inspirée de Telemann, à commencer par la saisissante Sinfonia inaugurale qui semble ouvrir sur le mystère. Là où Bach nous montrait la Passion du Fils de Dieu et nous aspirait vers le haut, Telemann semble voir le drame d’un homme souffrant et par moments véhément, « humain, trop humain », pourrait-on dire. Le réalisme presque physique souligné dans plusieurs numéros, comme la description musicale de la douleur que peut causer une couronne d’épines, fait frissonner. Par ailleurs, l’art d’animer un dialogue ou les scènes de foule est celui d’un homme de théâtre. Si l’on peut trouver quelques duretés aux sopranos, les solistes sont néanmoins justes et le chœur, très sollicité par cette immense composition, l’est également. Prise de son irréprochable.
- Alexandre Lazaridès
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